mardi 30 septembre 2014

Et un, et deux, et trois...

C'est pas parce qu'il en fabrique
à la pelle
à la chaîne
devrais-je dire
de tronçonneuse
bref
c'est pas parce qu'il en fait des tas
de toere
Mario
qu'il est obligé
de faire le malin
et de
TOUS
en jouer
en même temps!
Juste pour m'impressionner?
Ou pour tester
la finesse
de perception
de mon oreille?
En tout cas
je suis impressionnée
et
j'apprécie.
Trois d'un coup
comme là
sur la photo
ça sonne!
Joli son mis à part
ne croyez pas
que Mario
fait son beurre
de la vente de ses toere.
Non.
Mario est boulanger.
Ecoutez-le jouer ( de la baguette? eh non, ça s'appelle un bois, pour le toere!)
dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici vous entendrez les toere, et Mario)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 29 septembre 2014

De miel et de piment

Il faut entendre sa voix
suave
et sucrée.
Du miel.
Et son rire
en gouttelettes
cristallines.
Il faut l’entendre jouer du toere
taper
taper
et taper encore.
Et appeler les garçons
là-bas
pour qu'ils rappliquent 
fissa.
Dont acte.
Du miel et du piment.
Il faut entendre les explications
qu'elle m'offre
comme un bonbon
à un enfant
avec fierté
délicatesse
et générosité.
Gratuit.
c'est son credo
à Brigitte
offrir.
Pourquoi?
" Nous sommes d'ici
nous sommes nés ici.
Nous tous.
C'est notre culture, faut l'aimer, hein!
On est là.
On sait faire quelque chose"
Ecoutez sa voix, ses mots dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau


samedi 27 septembre 2014

La dame qui vous regardait de haut

C'est là
tout en haut
de ce pic
où pousse le bois de fer
que vivait autrefois
la dame
qui veillait
sur la communauté
de Kamuihei.
Là!
Alphonse pointe du doigt
moi
comme d'hab
je ne vois rien
mais bon
j'opine.
En vérité en vérité
je ne suis même pas sûre
de reconnaître un bois de fer d'un mapé
alors...
Alors j'opine!
C'est une légende
cette "ermitesse" de Hatiheu
mais j'opine.
Elle n'est plus là bien-sûr
inutile de vouloir aller la visiter.
Reste plus
qu'une Vierge Marie

à la même place
ou pas loin.
Vous la voyez?
Comment ça vous ne la voyez pas?!!!
Ecoutez Alphonse parler de cette dame
à l'œil aussi aigu
que son sifflet d'alarme
dans "Instantanés du monde sur le Tohua Kamuihei" (cliquez ici pour entendre Alphonse imiter le sifflet de la dame qui vous regardait de haut)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 26 septembre 2014

à la source

Il avait pris sa bouteille avec lui
une bouteille vide
à remplir
à la source.
Il a fallu marcher dans la brousse
et croiser
le long de rien
au cœur de tout
cette petite maison
à la véranda tendue
de barbes de saint-Antoine
et de l'incontournable goni*
aux armes de l'huilerie
de Tahiti.
Du coprah
du fruit à pain
un cheval à la corde
et de la pêche.
Une vie

le long de rien.
Enfin
au cœur
de la beauté
d'une vallée
marquisienne.
Bien-sûr on a trouvé la source.
Elle était gazeuse
et boueuse aussi.
On reviendra.
Ecoutez Alphonse en parler
dans "Instantanés du monde sur le Tohua Kamuihei" (cliquez ici pour entendre, cette autre vie)
Photographie©Anne Bonneau
*sac en toile de jute

jeudi 25 septembre 2014

Qu'elle était verte ma vallée

Trois touristes
un guide
quatre cochons
et quelques oiseaux invisibles.
Voilà ce qu'on a croisé
durant cette longue journée
sur le Tohua Kamuihei.
Et pourtant
Alphonse vous l'a assuré :
vivaient ici autrefois
des milliers de personnes.
Grâce à quoi?
Au boire et au manger.
De l'eau
ici il y en avait
tout au long de l'année
même les années sèches.
Les sources sont encore là.
Le manger aussi
même si ce n'est plus comme avant
le gibier se fait rare
mais bon
le chaland aussi
alors...
La voix du cochon m'a fait sourire.
C'est bien.
Parce qu'on peut facilement sortir
un peu hébété
pétrifié
confus
voire
chagrin
de ces mondes
disparus.
Ecoutez le cochon, la vie perdue, et autres histoires sucrées et amères
dans "Instantanés du monde, sur le Tohua Kamuihei" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 24 septembre 2014

Fond de brousse

Riche
super riche
vivante
débordante
et pourtant
cramée.
Plus une âme qui vive
en ces vallées
devenues
sites archéologiques.
Des espaces mangés de brousse
parfumée
d'ylang et de goyaves pourrissantes
vibrionnante
de moustiques
et autres insectes affamés.
Alphonse a marché longtemps
dans cette brousse
qui autrefois
était un village populeux.
Je l'ai suivi longtemps
et les techniciens qui ont travaillé sur cet Instantané
se sont bien moqués de moi
en entendant la végétation
claquant sur mon micro
les feuilles froissées des arbustes
les branches craquant sous mes pas
et ma voix off
m'indignant
de "ce sentier qui n'en n'est même pas un!"
Non, les gars
je n'étais pas en talons aiguille
mais juste
à crapahuter en savate
sous les arbres
pour aller voir
un four
où l'on faisait cuire ses ennemis
jadis.
En fond de brousse.
Ecoutez, je vous ai laissé mes indignations ( même pas honte...!)
dans "Instantanés du monde sur le Tohua Kamuihei"(cliquez ici pour vous croire dans la brousse, moustiques compris!)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 23 septembre 2014

A l'oreille et à l'œil

Brownie et moi
on se ressemblait étrangement
ce jour-là
sur le site de la vallée de Hatiheu.
Le chien d'Alphonse levait l'oreille
à la moindre volaille passant par là
et moi
je levais l'autre
d'oreille
à l'écoute du moindre volatile
qui aurait pu
rendre vivant
cet endroit
déserté.
Il y avait bien Alphonse
qui n'écoutait
lui
que ses yeux.
A l’affût
du moindre pétroglyphe
à découvrir
sous les mousses.
De temps en temps, Alphonse parlait.
Et alors
on l'écoutait
Brownie et moi.
Brownie l'écoutait
quand il se faisait siffler
à courir après les coqs.
Et moi
je buvais ses histoires
quand il vous faisait découvrir
en trois lignes
un poisson
une pirogue
une épopée
un drame
une revanche
une poursuite
une rencontre.
Bref
la vie, quoi
en trois coups de traits
sur un rocher moussu.
Ecoutez Alphonse et ses pétroglyphes
dans "Instantanés du monde sur le Tohua Kamuihei" (cliquez ici pour entendre comme Brownie est sage, et l'histoire bien vivante...)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 22 septembre 2014

Allumez le feu

Il s'appelle Alphonse
c'est son nom de baptême
et il ajoute aussi
son nom marquisien
qui commence par Tioka
et dure plusieurs secondes, après.
Je cligne des yeux et enregistre.
Je ne le répéterai pas.
C'est long
c'est beau
ça sonne superbe
et ça veut dire
"celui qui allume le feu vers trois heures du matin"
Un peu tôt, non?
Pas tant que ça
si vous voulez avoir le ventre plein.
Alphonse Tioka est chargé du four marquisien
et il connait aussi
des histoires
incroyables
aussi longues
que son nom.
Il vous les raconte
dans sa vallée marquisienne
jusqu'à ce que la nuit
envahisse
le peu
de lumière
filtrant ici.
Et hop, trois heures du matin
l'heure du feu
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde sur le Tohua Kamuihei" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 21 septembre 2014

Y'a du rab?

C'est le deal
les hommes vont à la pêche
trouvent des bénitiers
qui rempliront les caisses
de la paroisse
les femmes
elles
les sustentent
à leur retour.
ça creuse, la pêche, en vérité.
ça creuse quand on plonge non-stop trois heures d'affilée
et même
quand on essaie de ne pas être malade
sur une pirogue
qui tangue
trois heures d'affilée.
Au menu de ce retour de pêche
riz
spaghettis à la viande
sauce
vache qui rit
et café au lait.
Y'a du rab?
Je n'ai jamais autant dévoré.
Ecoutez les rires des gars
autour de ce festin
bien mérité
dans "Instantanés du monde, dans les eaux sacrées de Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 20 septembre 2014

Les pieds dans le plat

L'eau est claire
et vive
et très vive, même
genre
à vous lancer des paquets
au-dessus de la pirogue
sans frémir.
Les pêcheurs m'avaient prévenue
je leur avais répondu
"Ok, je prendrais un sac poubelle pour me couvrir"
Ils avaient rigolé
et m'avaient dégoté
un très très grand ciré
genre
que je tenais dedans
à l'aise
moi
et mon sac à dos.
Que je le regrettais pas
quand les flots
se firent trop tumultueux
pour une Anne Bonneau et son micro.
Bardée sous mon ciré
les pieds dans les mollusques
chauds
que Vincent débarrasse fissa de leur coquilles
"sinon on va couler en vitesse!"
j'ai pris le tempo
lever les pieds
quand les plongeurs
déversent
les brassées de coquilles
acérées.
ça fait des beaux sons
en vérité
écoutez-les, dans "Instantanés du monde, dans les eaux sacrées de Raivavae" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 19 septembre 2014

Bel et bien beau et bon

Ils plongent à cinq mètres de fond
pour aller chercher
les bénitiers
pour la paroisse.
Pas pour l'eau bénite
non
mais pour les manger
les vendre
au bénéfice de la paroisse.
Ca dure des heures
cette pêche
et forcément
ça donne faim
à la fin.
Alors Vincent
découpe délicatement
des lamelles
de ces merveilleuse bestioles
aux lèvres bleues iridescentes
des petites lamelles
blanches et tendres
arrosées d'un jus de citron
qu'il a pris la peine
de jeter au fond
de la pirogue
avant de prendre l'eau.
Manger ou admirer
telle est la question.
Ecoutez Vincent
parler de son goût
pour les bénitiers
dans "Instantanés du monde, dans les eaux sacrées de Raivavae" (cliquez ici pour entendre les gars parler)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 18 septembre 2014

Les heures dissoutes

Le temps est-il soluble dans l'eau?
Oui à coup sûr!
Qui n'a jamais perdu le fil des heures
le regard collé à l'océan
aux remous d'une rivière
aux accrocs glacés d'un ruisseau
(mais si, rappelez-vous l'été de vos huit ans!!!)
J'en ai perdu des tas, comme ça.
D'heures.
Enfin, perdues, je dirais pas ça...
Bref.
En tout cas
quand les gars m'ont dit
on va à la pêche
on sera parti une heure
je me suis dit
oui
bien sûr
je vous crois.
On est resté quatre heures
sur la pirogue.
Qu'est-ce que j'ai fait durant quatre heures?
Enregistré
pris quelques photos
discuté
rigolé
rangé le magnéto
et puis je l'ai ressorti
reposé trois questions
et puis bon
j'ai demandé à Vincent
de me filer un couteau
et de m'apprendre, quoi
à ouvrir les bénitiers.
Il n'a pas voulu.
Trop dangereux.
Ok
alors juste
à les étriper.
Ça d'accord.
J'ai étripé
durant des heures
( je sais, "étripé" n'est pas le bon terme, ces bêtes-là n'ont pas de tripes, mais des poches d'encre, à extraire DÉLICATEMENT  oui, oui, je m'applique, oh)
des heures
dissolues
dans le bleu
(et le sépia des poches qui crèvent sous le couteau malencontreux. OUI je m'applique, oh!)
Ecoutez, ce qui se passait
entre mes étripages
dans "Instantanés du monde, dans les eaux sacrées de Raivavae" (cliquez ici, vous entendrez l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 17 septembre 2014

Le sourire de l'emploi

Lui, c'est Gabin.
Un accro de la pirogue.
Vous voyez son sourire
dès qu'il est au bord de l'eau?
Bon
en même temps
pas compliqué de passer sa vie
au bord de l'eau
quand on vit
à Raivavae :
un caillou vert
entouré de mille bleus.
Vous voyez son sourire?
Eh bien imaginez, le rire qui va avec
un rire
un rire
une cascade de rire
de quoi faire blêmir
des colonies d'oiseaux
de quoi faire pâlir
les éclats d’écume sur le récif
un rire
à la mesure du sourire que vous voyez là
un rire qui cache aussi
les mots qu'on ne peut dire
qui masque
ce qui se tait.
Suffit juste de décrypter
dans les échos de ce rire ravageur.
Ecoutez-le
je vous ai tout laissé
de la déferlante à l'ultime résonance
dans "Instantanés du monde dans les eaux sacrées de Raivavae" (cliquez ici pour entendre le rire de Gabin, l'homme à la pirogue)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 16 septembre 2014

Fraternité, solidarité et autres pointillés

Cela faisait deux jours que nous devions partir
deux jours de houle
de vent
de froid aussi
si si
même ici
dans ces îles de la Polynésie.
Deux jours que l'on me disait
"il va y avoir une pêche.
Pour la paroisse
tous les jeunes y seront"
Je me réjouissais d'avance.
Et patientais.
Quand la pêche a été annoncée
j'ai filé sur mon vélo
enfilant juste mes méduses
et j'ai patienté
avec Gabin et Calixte.
Les jeunes n'arrivaient pas
pour prêter main-forte.
Gabin a ri.
Vincent les a excusés :
"le froid, le vent, la houle..."
Alors ils sont partis
tous les trois
Vincent, Gabin, Calixte
sans les autres.
Je les ai suivis.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde dans les eaux sacrées de Raivavae" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 15 septembre 2014

Ramer, encore!

Il était question
de partir
à la pêche
dans le lagon.
Facile.
Des pirogues comme celle-ci
il y en a disséminées
tout autour de l'île de Raivavae.
Une coque de bois creusé
un balancier.
C'est tout?
Gabin rigole
"autrefois, on faisait tout à la rame!
pour aller d'un point à l'autre
tu rames!
pour aller au motu
tu rames!
tu rames
tu rames
tu rames!"
ça le fait rire, Gabin.
Moi aussi.
la rame, j’adore
ça fait un bien plus joli bruit
que le moteur.
Bon
comme d’habitude
mes désirs ne correspondaient pas vraiment
à la réalité
Ecoutez Gabin se rire de moi
dans "Instantanés du monde, dans les eaux sacrées de Raivavae" ( cliquez ici et vous entendrez l'émission, et vous comprendrez ce titre insensé, eaux sacrées...)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 12 septembre 2014

C'est quoi ton parfum?

C'est quoi ton parfum?
C'est un peu ce que l'on a envie de demander
aux abeilles marquisiennes.
Autour d'elles s'épanouissent
les fleurs de gardénia
celles des agrumes
les somptueux hibiscus
les grandiloquentes roses de porcelaine.
Le miel qu'elles produisent
avec ce subtil mélange
devrait être divin.
En vérité en vérité
les bestioles se ruent
sur les fleurs de cocotier.
Bon.
Le miel est brun
sombre
parfumé
délicieux
dans les glaces que fabrique Patricia
à Hiva Oa!
Ecoutez Tefa parler du goût
de ses abeilles
et des Marquisiens
pour le miel
dans "Instantanés du monde dans un rucher marquisien" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 11 septembre 2014

Produire plus pour manger plus

Elles n'arrêtent jamais.
Pas d'hiver
pour les abeilles marquisiennes.
Tefa récolte toute l'année
tous les quinze jours.
Le seul truc qui les arrêtent
un peu
ça peut être la sécheresse
parfois.
Et malgré cela
elles ne fournissent
guère plus de la moitié
de la consommation locale.
Alors quoi?
Produire plus pour manger plus?
C'est possible?
Pas sûr...
Cette théorie
là encore
n'est pas forcément
la
bonne
voie...
Écoutez un apiculteur
expliquer pourquoi
dans "Instantanés du monde dans un rucher marquisien" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 10 septembre 2014

Jusqu'ici tout va bien

C'est pas juste pour la photo
que Tefa lève ses cadres
pas juste pour me montrer
à quoi ressemble une reine.
C'est son job
pas quotidien
mais presque.
Vérifier que dans sa centaine de ruches
tout
va
bien.
Entendez
que les abeilles bossent
tranquilles
et qu'elles soient
en bonne santé.
Une chance pour les apiculteurs Marquisiens
pas d'insecticides à outrance
chez eux
pas plus que les monstres des ruches
cauchemars de leurs confrères continentaux
les horriblement nommés
loque
et
varroa.
Pas de ça chez eux
pour l'instant.
Écoutez Tefa expliquer pourquoi,
dans "Instantanés du monde dans un rucher marquisien" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 9 septembre 2014

C'est moi qui l'ai fait!

Tefa a commencé l'apiculture
avec une ruche.
Une seule.
Aujourd'hui
huit ans après
il en a une centaine.
Et attention
ne croyez pas qu'il achète
des essaims tout faits
des reines sous enveloppes
des paquets d'abeilles
(je n'invente rien, tout ça se vend et se vend bien!)
Non
ici
aux Marquises
loin de tout
pas question
pas permis
de faire venir
les bestioles
les plus blindées
pour des récoltes
canons.
Non.
Tefa est allé
"couper" un essaim sauvage
et puis il a multiplié ses ruches
élevé ses abeilles.
Ses ruches?
Il les fabrique aussi
trop cher
trop loin.
Écoutez cet apiculteur maison
dans "Instantanés du monde, dans un rucher marquisien"  (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 8 septembre 2014

Habit de poussière

Habit de poussière?
Presque.
En vérité
juste
un
pfft
de fumée.
C'est ce que Tefa porte
lorsqu'il va visiter son rucher.
Pieds nus
foulant les vedelia où butinent les abeilles
en short
décollant les toiles croûtées de propolis
à mains nues
et le nez sur le cadre
pour essayer de me trouver la reine.
J'avais bien emporté un pantalon long avec moi
mais bon
si Tefa dit que ça ne craint rien
j'y vais aussi
en short
et à mains nues.
Mon micro dans la ruche
a halluciné l'apiculteur.
Elles sont douces
les abeilles marquisiennes
dit-il
Je confirme.
Écoutez-les bourdonner autour de vous
dans "Instantanés du monde dans un rucher marquisien" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 5 septembre 2014

C'est pas pour les filles

Non non non
ceci n'est pas un jouet
pour les filles.
Impossible
beaucoup trop lourd
à manipuler.
Il n'y a que les garçons
ici
à Rurutu
qui s'en servent.
car il faut de la poigne
pour
piler
avec
cet ustensile
de cuisine.
Un pilon en corail
qu'il faut bien laisser tremper
avant de l'utiliser
histoire
de ne pas se casser les dents
sur les grains de sable
qui pourraient
se cacher dedans.
Eh
y'a des trucs
il faut pas faire.
Non non non.
Écoutez le sculpteur en parler
dans "Instantanés du monde à Moerai" (cliquez ici vous saurez tout tout tout sur le "Penu" )
Photographie ©Anne Bonneau

jeudi 4 septembre 2014

Nos amis les animaux

Les visiteurs viennent du monde entier
pour voir des baleines
à Rurutu
mais lui
il hausse les épaules
bof
bof
qu'il dit
"je préfère les sculpter"
Et mon ingénieur du son de tiquer
en entendant son interview
"Quoi? il sculpte des os de baleines?"
autant dire
l'horreur suprême.
Mais non
il les sculpte
dans du corail.
Mon sculpteur précise
"du corail fossilisé, hein, tout mort"
Ben oui faut préciser.
Il re-hausse les épaules
"Pourquoi j'irais m'emmerder à plonger dans l'eau
quand je peux récupérer 
les coraux
sur la plage?"
Ouf
sur ce coup-là
on a tout bon
dans "Instantanés du monde à Moerai"(cliquez ici vous entendrez les amoureux des baleines)
ça va pas durer
dans les semaines qui viennent.
Végétariens s'abstenir.
Photographie ©Anne Bonneau

mercredi 3 septembre 2014

Biblique, disait-il

Je ne sais pas
si c'est l'inspiration divine
qui cloue
cet homme des îles
dans son atelier
des heures durant.
Je ne sais pas
même
si le rayon de soleil
qui l'éclaire
de là-haut
a un rapport
avec
ce que je viens d'écrire.
En tout cas
quand il s'agit
de qualifier
le bordel la fantastique diversité
des matières
et des matériaux
et des des outils
et des accessoires
utilisés
par cet artiste
l'artiste en question
parle
de rangement
biblique:
"Cherches et tu trouveras"
qu'il dit.
Écoutez-le dans "Instantanés du monde à Moerai" (cliquez ici pour entendre cette émission pleine de réflexions majeures du style... et qui pourraient bien servir de répartie à de jeunes pousses de ma connaissance)
Photographie ©Anne Bonneau

mardi 2 septembre 2014

Gar' ta gueule!

Yves y était allé avec des pincettes
me disant
"ce gars-là
c'est un vrai Rurutu
il est super
tu pourrais peut-être essayer
faut voir
on sait jamais
tu verras bien..."
et autres recommandations
qui ne manquèrent pas
d'aiguiser
ma curiosité.
Car ce gars-là
n'est pas du genre
à s'afficher.
Une sorte d'ermite
alors?
Presque.
En tout cas
quelqu'un qui n'aime pas
forcément
qu'on vienne
le voir.
Ceci dit
vivre à Rurutu
c'est le bon plan
pour un timide maladif
ou un apprenti ermite
vous ne serez pas dérangé.
Sauf si une Anne Bonneau passe
et veut voir
comment
vous
travaillez.
A l'entrée de son chemin
Christian a accroché ce crane.
Ça veut peut-être pas dire bienvenue
mais
il m'a ouvert
quand même
alors.
Écoutez ce sculpteur discret
dans "Instantanés du monde à Moerai" (cliquez ici et entrez pour écouter l'émission, je ne mors pas) 
Photographie ©Anne Bonneau

lundi 1 septembre 2014

Le nez au vent

C'est la saison
de garder
le nez
au vent.
Surtout là
les pieds sur le sable
de Rurutu
c'est la saison
où passent les baleines.
Enfin
elles font bien plus que passer
puisqu'elles se grattent le dos

sur le récif
tout près.
Enfin
se grattent le dos
en vérité en vérité
font naître
leur baleineau.
On peut les voir?
Fastoche
suffit
de rester
le nez au vent.
Les habitants de Rurutu
me regardent d'un air éberlué
quand je leur parle d'impatience
de les voir
chaque année.
A quoi bon s'impatienter
quand on sait
qu'elles reviennent
chaque année?
Ben oui
alors
suffit de rester
le nez
au vent
ici.
Écoutez-les dans "Instantanés du monde à Moerai" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie ©Anne Bonneau