vendredi 27 juillet 2012

Une pause


Une pause,
comme il vous plaira
une pause thé
pause café
pause congé
pause pour respirer
reprendre son souffle
le retenir
une instant
le temps
d'une pause
allez, on se retrouve
après une pincée d'été
les "Instantanés" se poursuivent, eux, chaque dimanche à 18H sur Radio Ô
Photographie © Anne Bonneau

mardi 24 juillet 2012

En cours de route, deuxième !


Je l’avais déjà prise, cette route 
à Bombay, 
m’extasiant devant ces peintures murales 
fraîchement achevées 
forcément 
pas une trace des rigueurs de la mousson 
même une mousson 2012 
incapable de lisser les rides de la terre 
une mousson qui ne sait qu’en creuser sur les visages des hommes 
inquiets. 
Donc, des peintures fraîches. 
Et ce matin 
juste au pied d’un mur encore vierge 
les pots de peinture 
de l’équipe qui les commet 
Un artiste 
Un projet 
De l’enthousiasme 
Beaucoup de talent 
Et des imperméables en plastique
au cas où la mousson déciderait, enfin, de s’y mettre
à Bombay 
Leur projet s’appelle Bollywood Art Project 
A suivre, ici
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 20 juillet 2012

Histoires d’eaux


On ne choisit pas l’heure 
pour suivre ces femmes dans leurs jardins d’eau, 
c’est la marée qui décide 
avant qu’elle ne submerge les rubans bruns qu’elles ont piqués sur le sable blanc, 
on se jette 
à l’eau 
au zénith. 
La lumière brûle, 
Il faut se couvrir, 
Elles avancent. 
Indifférentes à la pincée de touristes roses en bikini. 
Voilées. 
Des princesses d’eau 
à la démarche fluide. 
Tout le contraire de moi, 
pieds nus dans le lagon, 
découvrant, au beau milieu, les grappes d’oursins 
et d’invisibles raies... 
Luttant contre le vent dans le micro, le soleil qui rend l’écran illisible, les coraux, le naturel des femmes qui font leur cueillette comme d’habitude, 
fissa. 
La frayeur de laisser tomber le matériel en ces eaux tièdes me fait tituber; 
Piteuse, j’accepte le bâton qu’une vieille dame me tend. 
Ecoutez-là, dans « Instantanés du monde à Mbupurini »
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 18 juillet 2012

En cours de route



Quelques heures devant moi ? 
J’aime bien marcher. 
Et forcément, me perdre ! 
C’est ce qui s’est passé ce jour dans les rues de Bombay, 
J’aime bien me perdre. 
C’est fou, alors, tout ce qu’on peut trouver. 
Ces peintures géantes des films anciens de Bollywood, 
des marchés inattendus, 
des maisons d’autrefois, 
des rues qui vont en rapetissant, 
en s’amincissant, 
en devenant des ruelles, 
des interstices entre les maisons.
Des maisons, à ciel ouvert, qu’on appelle parfois, des bidonvilles
Les gens riaient, de me voir débouler dans leur salle de bain à ciel ouvert
Perdue. 
Mes pas, perdus, 
Pas mon sourire…
Photographie © Anne Bonneau

lundi 16 juillet 2012

Show must go on !


7032 kilomètres
un film, 
deux documentaires, 
quatre magazines dont je tairais le nom pour ne pas flétrir mon image, 
un repas, comme vous pouvez voir, 
une sieste, 
des rêves : 
Y aura-t-il des caravanes ? 
Le désert se transformera-t-il en une île ? 
Les femmes seront-elles bavardes ou taiseuses ? 
Là où je vais… 
Un documentaire, 
dix verres d’eau, 
un journal en français, 
et remplir les formalités d’arrivée 
en anglais. 
Un agacement à écouter les Français, qui râlent déjà, en prévision de ce qui ne viendra peut-être pas, 
et voilà. 
J’y suis. 
Alors, 
Y aura-t-il des caravanes ? 
Le désert se transformera-t-il en une île ? 
Les femmes seront-elles bavardes ou taiseuses ? 
A suivre… !
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 13 juillet 2012

Crépuscule des princes


Ils sont encore là 
ces palais dont j'avais entendu parler il y a plus de vingt ans 
et que j'avais toujours souhaité voir, 
mais bon, 
la route est longue... 
Vingt ans après 
ils sont encore là, 
pas tous, bien sûr, 
des 80 villages où ils faisaient resplendir leurs façades fastueuses 
il ne reste "plus que " 73, 
avec des dizaines, 
voire des centaines, 
de palais 
et quelques ruines 
entre les beaux reliefs. 
De quoi frémir.
De quoi rêver. 
Bernard Dragon et Michel Adment, eux, agissent, avec leur ONG Arche-S
à découvrir dans "Instantanés du monde à Kothamangalam"
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 12 juillet 2012

Un chœur, des cœurs


Ceci est une chorale. 
Si si. 
Et le chef de chœur est là, à gauche, tout sourire, 
je pense qu'il est en train de dire: 
"One two three", 
et tous de reprendre, 
"Vel vel vel vel vel Mourouga vel". 
Un titre de Susheela Raman 
que Johnson, le chef de chœur, aimait bien 
et qu'il nous a tous fait aimer! 
A Sarathavilas. 
Ecoutez-le, dans "Instantanés du monde à Kothamangalam"
Photographie © Anne Bonneau


mercredi 11 juillet 2012

Grand ménage vespéral

Il était cinq heures, l'après-midi,
la journée avait débuté douze heures auparavant
dans les chants des oiseaux
et crescendo,
quelques entretiens,
la découverte d'un village,
d'une maison,
des entretiens en rafales,
une fête aux milliers d'invités,
les 40°C de l'été du Tamil Nadu,
des prises de sons,
des entretiens en cascade,
et au retour,
des traductions qui n'en finissent plus.
Et puis soudain,
l'orage.
La pluie a duré longtemps,
fort,
plus moyen de s'entendre.
Il fallait juste, alors,
la regarder tomber,
voir s'emplir les vases qui la recueillent
déborder,
ruisseler,
dans la cour intérieure, 
faisant taire les oiseaux
de Kothamangalam
Photographie © Anne Bonneau

mardi 10 juillet 2012

Trois jeunes gens dans les champs


Qu'est ce qui attire les jeunes gens au fin fond de l'Inde en 2012?
Ni la route, ni la liberté, ni les expériences voluptueuses de tous crins. 
Mais ça  
ces palais de campagne 
Ils sont jeunes 
Ils sont architectes 
ou aspirent à le devenir
et se sont catapultés loin des villes qui les nourrit habituellement
pour se tordre le cou devant des façades monumentales
s'emmêler les cheveux dans les toiles d'araignée habillant les corridors
prendre des photos de colonnes
de pilastres
de balustrades
de corniches
et de plein d'autres choses dont on sait même pas ce que leur nom désignent
Silvia et son sérieux 
Sivang et sa nonchalance 
Vijay et sa gravité
tous vous parlent de ces palais avec tant de chaleur
et de fraîcheur
mordus
absorbés
marqués
à vie
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Kothamangalam"
Photographie © Anne Bonneau





lundi 9 juillet 2012

Sept ans d'admiration


Cela fait sept moussons que Michel et Bernard se sont installés dans le Chettinad,
parcourant les villages,
s'émerveillant
et s'émerveillant encore devant cette architecture palatiale incongrue
ne cessant de s'émerveiller
Il faut voir, leurs yeux briller, quand ils entrent chez Selvam
découvrant les peintures murales d'une beauté préservée
ça fait long, sept moussons
ça fait beaucoup d'humidité
de degrés centigrades
de trucs qui coincent
d'administration 
d’énergie à déployer
pour mener à bien leur mission de sauvegarde du patrimoine
et pourtant
perdez-les dans un village qu'ils n'ont pas encore exploré
et ils s'émerveillent comme des enfants
sept ans...
écoutez leur aventure, leur projet dans le Chettinad dans "Instantanés du monde, à Kothamangalam"
Photographie © Anne Bonneau


vendredi 6 juillet 2012

Le monde à l’envers


Chaque semaine, pour les Instantanés du monde
Des journalistes doublent les voix en tamoul/ anglais/ mandarin/swahili/hindi, j’en passe
Ils découvrent leur texte au dernier moment
Ils s’installent en studio
Et c’est parti
Et ça marche
Bien
Eh, ils sont bons, que voulez-vous !
Mais cette fois-ci
Martin a dérapé d’un coup
(je ne parle pas de dérapages si souvent liés aux fous-rires de coquilles, jeux de mots inopinés et autres saillies et mots d’esprits qui fleurissent allegro… comment ça j’en fait trop ? ok)
En fait, souvent on rit
Bien
Mais là, donc cette fois-ci
Martin a stoppé
net
Quand il a découvert dans le texte, que des hommes portaient des chevaux
Oui, c’est vrai que vu comme ça, ou plutôt quand on ne voit pas, ça peut paraître étrange…
Le monde à l’envers
C’est tout l’intérêt des antipodes
Surprendre
A écouter, dans « Instantanés du monde, à Kariapatti »
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 5 juillet 2012

Chacune sa place

Photo AB

Je ne vais pas épiloguer sur l’ambivalence de la place des femmes dans les religions
Y’aurait à dire…
En tout cas, comme souvent
Dès qu’il y a des trucs drôles à faire
Elles sont laissées de côté
Pour leur bien/sécurité/ confort/décence disent-ils
(ne rayez pas les mentions inutiles y’en a pas, disent-ils)
Bref
Quand il s’agit par exemple
De courir dans les chemins en rigolant avec leurs copains
En procession
Et de boire des coups (de buttermilk only, certes)
Avec les copains
Et des prêtres
En écoutant de la musique
Sacrée
Eh ben non, les femmes n’ont pas le droit de participer
Juste de se faire belles
Et de prier
En silence

mercredi 4 juillet 2012

Eh bien, courez maintenant !

Photo AB

Les fêtes d’Ayaanar, pour un curieux occidental, c’est le grand flou
D’abord, on ne sait jamais vraiment tôt à l’avance quand elles auront lieu
On m’avait dit « entre mai et juillet »
Allez, on tente
Coup de chance, il y en avait une, à Kotadi
Quand à savoir à quelle heure elle commence
On m’avait dit, huit heures, neuf heures
On est venu à sept
Histoire d’être sûrs
C’était déjà commencé
A cause de l’orage et de la pluie de la veille
Ben oui
Alors on a couru pour rattraper la procession
Pendant les trois jours de la fête, les dévots se sont moqués de nous gentiment
« Alors, vous avez bien couru !»
Oui, bon
Du coup, pour la dernière cérémonie du soir, la plus importante
On m’avait dit, ça commence à six heures, sept heures
On était là à cinq heures
Ça a commencé à neuf heures
A écouter, sans attendre, dans « Instantanés du monde à Kariapatti »

mardi 3 juillet 2012

Du bon usage du stoïcisme

Photo AB

On s’était assis, tranquille, dans ce temple paisible
Pour faire l’interview du poussari
Sur le petit muret
Et puis, bon, il y avait trop de vent
Il a fallu bouger
On s’était alors assis, tranquille, par terre, dans ce temple paisible
Et puis, bon, il y avait encore trop de vent
Même avec bonnette sur le micro et double bonnette
Alors on s’est assis, tranquille, un peu plus loin par terre
Et là
Deux prêtres se sont emparés 
au bout d'un bâton
d’un serpent qui passait par là
Juste à l’endroit où l’on était assis auparavant
Et l’ont jeté loin
Ah oui, il est mortel, a dit le poussari
qui a repris l’interview stoïque

lundi 2 juillet 2012

Chiens jaunes

Photo AB

Je ne peux pas m’empêcher de penser à Gilles Clément quand je les croise un peu partout
ces chiens jaunes
qu'il tient pour des symboles de la liberté absolue
Mais là, quand même
dans ce temple
curieux
Ils entrent quand le prêtre ouvre la porte
font le tour du sanctuaire
dans le bon sens
et restent là
au frais
on ne les chasse pas
contrairement aux chèvres, qui se font houspiller
D'accord c'est un temple d'Ayaanar
le gardien des villages
qui a bien besoin de chiens pour faire son boulot
A écouter, dans "Instantanés du monde, à Kariapatti"