mardi 31 janvier 2012

Trop propre pour être vivant...

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De l'eau claire, des lentilles, des algues et des poissons
Un vent frais qui coule des montagnes de plus de 4000 mètres d'altitude
Une brume qui voile gentiment les villes nouvelles poussant comme shiitaké autour du lac
ça sent le frais, ça sent le propre, sur ce lac Erhai
Mais, il y a de moins en moins de poissons, et quasiment plus de pêcheurs...
            " Le gouvernement  a travaillé dur pour nettoyer le lac. il a introduit une variété de poissons qui nettoient les eaux. Mais du coup, on ne trouve plus les poissons sauvages traditionnels..."
           Yang Ying Zhu, pêcheur au cormoran

Trop propre pour être riche, à écouter dans "Instantanés du monde, sur le lac Erhai"

jeudi 26 janvier 2012

Le boeuf et le micro


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Il fait des bruits incroyables avec sa langue et son bâton, Sandhû je n'essaie même pas de vous les transcrire
c'est à écouter dans "Instantanés du monde, à Quatre Robinets"
Je l'avais suivi sur ces "steppes" de la Réunion, derrière ses boeufs Moka
On avait discuté
Regardé les boeufs trouver leur nourriture
Parlé de la pluie
Ou plutôt de l'absence de pluie, depuis que les forêts ont disparu...
On était là, on prenait le temps
Les mouches me tournaient autour
et le soleil tapait dur, bien-sûr, je n'avais pas pris de chapeau
J'ai fait une sorte de chèche avec le foulard de coton que je porte autour du cou
et Sandhû a semblé inquiet
au bout d'un moment, il m'a demandé si je voulais qu'on s'éloigne du bord du chemin, d'où l'on pouvait me voir
-Ah bon, pourquoi?
- Non, peut-être que vous avez honte?
J'ai dit non. Bien-sûr, je pensais non. Pas mon style d'avoir honte d'être piquée micro en main, chèche sur la tête au milieu d'un troupeau de vaches placides...
J'y ai repensé le soir
Peut-être que c'était lui, Sandhû, qui avait honte...

vendredi 20 janvier 2012

Démêler les pinceaux...

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C'est lors d'une ballade sur Wende Lu, à Canton, que je me suis pris les yeux dans ces pinceaux
C'est un monsieur à lunettes, qui m'a permis de rouvrir mes mirettes
et d'y voir plus clair
sur l'art et la manière de vivre dans le monde
de dire le monde
et d'écrire le monde...
C'est du chinois?
Non, c'est l'histoire des traits à l'encre - de Chine- bien-sûr
que ce monsieur rencontré par hasard vous dévoile en deux coups de pinceaux
Et vous donne envie, d'y plonger illico, pour comprendre encore plus, pourquoi on doit écrire que nos pieds sont sur la terre, et le ciel au-dessus...
Bon, il explique beaucoup mieux que moi
écoutez, c'est dans "Instantanés du monde à Wende Lu"

lundi 16 janvier 2012

Sur la route du thé...

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La route a été longue, pour parvenir à rencontrer ces jeunes Chinoises récoltant le thé à la frontière de la Birmanie...
Mais enfin, comment la route du thé ne pourrait-elle pas être longue? pléonasme!
Il est heureux qu'encore aujourd'hui, il faille quelques jours, beaucoup de patience et de poussière avant d'atteindre son but...
Peut-être que François-Xavier Delmas , chercheur de thé, aurait aimé arriver un peu plus tôt sur le lieu de ses recherches, le coeur de son travail...
Ou peut-être pas!
Moi, je me délecte des heures de voiture, des conversations, des banquets qui ponctuent la route, du bavardage  non-stop de Madame Zhou, propriétaire de jardins de thé, et même, de la sonnerie ininterrompue de son portable...
J'observe...
J'enregistre...
Je savoure les réactions des uns et des autres lors de ces rencontres au bout du monde...
à suivre, dans "Instantanés du monde à Su Dian"

jeudi 12 janvier 2012

Le vieil homme et les serpents


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On est arrivé chez lui tard le soir
Alors que les grilles métalliques fermant le temple étaient déjà tirées
Il buvait une boisson chaude, sucrée et aussi parfumée qu'indéfinissable : nous l'avons partagée avec lui dans des timbales en fer blanc
Il parlait d'une voix rauque et expéctorait régulièrement dans un crachoir en cuivre que lui tendait un très jeune prêtre aux hanches serrées dans un longui blanc bordé d'or
Il y avait un calme extraordinaire chez ce swami, expert en consécration de temple hindou
Sous l'arbre de la cour vivaient deux serpents, deux nagas
Dans les resserres du temple couvaient mille trésors, que nous ne découvrions que le lendemain, à l'aurore...




lundi 9 janvier 2012

Vibudhi, vous avez dit vibudhi?


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C'est son job, à ce monsieur, emballeur de vibudhi
Pas sûr que même dans vos rêves vous ayiez pensé faire un truc pareil, un jour
Et pourtant, c'est un job utile
vous imaginez les kilos de vibudhi qui doivent se consommer chaque jour en Inde?
Une pincée de vibudhi - d'accord ce n'est que de la cendre, ça ne pèse pas bien lourd- étalée sur chaque front de l'hindou en prière matutinale...  ( que ceux qui savent compter calculent le nombre d'hindous en Inde et donc combien de kilos à raison d'un gramme cinq par front... et que les plus fous me disent combien de tonnes par an, et combien de bois il faut brûler, donc combien d'hectares de forêt... oui, bon, y'en a bien qui sont encore en congés, non?)
Voilà, c'est donc son job, à ce monsieur assis tranquille dans un temple de la banlieue de Madras
Plier des petites pochettes de papier journal pour y glisser une pincée de vibudhi
Mais aussi
Fabriquer, toute la sainte journée, tout un tas d'accessoires indispensables pour honorer comme il se doit les divinités...
de quoi gagner son paradis


jeudi 5 janvier 2012

Le vieil homme et les mots

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Ils viennent tous les après-midi, dans le jardin du temple, rasé depuis la révolution culturelle
Ils viennent au jardin du temple
Celui-ci ne joue pas au mah-jong comme les autres
Ne fume pas
Ne boit pas de thé
S'illumine quand vous avouez venir de France
Se remémore son passé de professeur de littérature à l'université de Pékin
et vous récite un poème, en français.
Vous comprenez à peine qu'il parle français
Mince
Il s'en rend compte
Alors, il retire son dentier, et récite à nouveau le poème, en français
Magnifique
Vous réussissez à ne pas regardez Delphine, l'interprète, dont les épaules se secouent de rire en vous voyant toujours aussi ignorante mais le micro et le visage rafraîchi d'une grêle de postillons
Ben oui, sans les dents, forcément...
Vous vous forcez à sourire d'un air entendu, quand le vieux poète remet son dentier
Baudelaire, bien sûr!


mardi 3 janvier 2012

Une dame

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Elle vit seule dans son immense demeure dans ce village goannais de Chandor
Les plafonds fuient. Les parquets craquent. le vent fait voler les rideaux.
Aida n'a peur de rien, ici.
Elle se tient droite, se rit des fantômes comme des langues de vipère
Hausse les épaules quand des top model Russes à demie-nues posent dans l'aile orientale
"Je ne regrette rien, je m'en arrange"