mercredi 30 novembre 2016

Pour cent francs

Pour cent francs
t'as plus rien?
Mais si
ici
au village d'Adjido, Bénin
pour cent francs
on te refait la tête!
Entendez,  une nouvelle coiffure.
Il y a une petite
qui s'est instaurée coiffeuse
et on se presse chez elle
il y a file d'attente.
Même Pauline, qu'on interviewe
-l'avantage de la radio!-
en profite pour se faire tresser
tandis qu'on lui pose des questions non stop.
Quand la coiffure est finie
l'interview aussi.
Bon.
Par chance, il a fallu marcher beaucoup
pour aller au fin fond des hameaux
les pauses
c'est bien aussi pour les interviews!
Ecoutez la vie au village
dans "Instantanés du monde à Adjido" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 28 novembre 2016

Mortes de rire

Marceline, Rosalie, Mélanie ou Hortense
ont passé quelques heures
à murmurer leurs horreurs
dans mon micro.
Des trucs tellement durs
que parfois
on n'écoutait pas
même en ayant le casque sur les oreilles
il suffit juste de laisser filer la voix
et se dire
qu'on verra
qu'on entendra
plus tard.
C'est pas toujours la bonne solution
vu qu'au dérushage
on est seule toute écoutille ouverte
et là
retour de bâton.
Bref.
C'était une interview sur les violences faites aux femmes
et toutes parlaient librement
et sans langue de bois.
Mais bon
quand on a dit qu'on ferait des photos
alors là
c'était une autre histoire:
il fallait qu'elles aient de l'allure
et du styyyyyyyyle!
Le téléphone portable
qu'elles se refilaient pour le cliché
était un accessoire indispensable
pour la classe.
Les rires fusaient
les estomacs se dénouaient.
Cette photo-là, elle fait du bien
pendant les dérushages
en tête à tête
avec les vies
toutes crues.
Ecoutez-les rire, et chanter aussi
dans "Instantanés du monde à Adjido" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 25 novembre 2016

Pour des cacahuètes

Par chance le village d'Adjido
au Bénin
est situé en contrebas de la route.
Des camions y passent de temps en temps
oh et quelques voitures aussi
ça permet aux enfants
de se poster au bord de l'asphalte
pour vendre
des cacahuètes.
ça prend du temps
ça ne rapporte guère
mais il n'y a pas d'autre chose à faire.
Aller à l'école pourrait être une option
ça demande
une bonne constitution.
De bons mollets pour y aller à pieds
et tenir avec un seul repas par jour
dans l'estomac.
Pour briser ce cercle
Pauline propose aux femmes
de planter d'autres choses
et aussi d'élever
des lapins
des cochons
des moutons.
Une sorte de Perrette
sauf qu'elles sont plein
à prendre garde au pot commun.
Alors ça marche.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Adjido" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 23 novembre 2016

Eau et gaz à aucun étage

Quand nous sommes arrivés à Adjido
avec Claudine et Mirabelle
les femmes étaient déjà là
dans une grande salle en dur
éclairé par la seule porte ouverte
et une fenêtre.
Mais enfin elles étaient là
ensemble
à peler des oranges qu'elles vendraient au prochain marché.
La journée s'écoulerait comme ça
jusqu'au seuil du crépuscule
car après
plus de lumière.
C'est un des problèmes ici
pas d’électricité.
Donc pas de télé.
Donc on a le temps de s'amuser
et d'avoir des tas d'enfants.
ça peut aussi
être un problème.
Quant à l'eau
n'en demandez pas trop!
Ah bon?
Pauline a décidé d'offrir plus
au trop peu
des villageoises.
De l'eau
potable
et
ses lumières.
Ecoutez-la dans "Instantanés du monde à Adjido" (cliquez ici vous l'entendrez)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 21 novembre 2016

A vos marques, prêt...

Pas question de rester les mains dans les poches
(pas mon genre)
la bouche bée
(un peu mon style)
voire
les yeux humides
(Oui bon, ça va...)
quand l'accueil qu'on me fait
est "more than expected" comme on dit dans les questionnaires à cocher.
C'est un peu ça au Bénin.
Vous arrivez au village
et vlan
il y a boys mamas band
un groupe de femmes donc
qui sortent claps et voix
pour vous accueillir comme il se doit.
Z'avez intérêt à sortir de l'auto micro-branché-magnéto-qui-tourne-déjà
si vous voulez n'en pas rater un morceau!
Je me suis fait avoir une fois
par chance
je n'étais pas la guest star
(mais qu'est ce que j'ai avec l'anglais aujourd'hui, ça va pas?)
l'invitée vedette donc.
C'était Pauline.
Et comme elle est arrivée après nous
j'ai pu tout capter comme il faut sans trembler.
Ecoutez, dans "Instantanés du monde à Adjido" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 18 novembre 2016

Au pain sec et à l'eau

Pas question de rigoler
ici
avec l'eau
à Khejarli.
Juste
lever 
les yeux
au ciel
et espérer.
L'eau.
Oui.
Bon.
C'est pas une raison
pour laisser
le chaland
assoiffé.
Alors
au temple
vous trouvez
de l'eau
dans ces pots
à discrétion.
Ecoutez Bakaramji Bishnoï parler de l'eau
sans rire
dans "Instantanés du monde à Khejarli" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 17 novembre 2016

Éloge de l'austérité

Trois fois rien
c'est ce que l'on trouve
dans les cuisines Bishnoïs.
Et le plus précieux
est sans doute
ce petit tas de brindilles
plus                  
que les plats
noircis
par les ans.
Le bois
la bouse de vache
les deux combustibles
présents 
dans cette région éloignée des villes.
Et d'autant plus
dans la communauté Bishnoï
qui interdit
de couper 
le bois vivant.
Seules
les branches mortes
peuvent être utilisées.
A Khejarli, tout particulièrement
on ne badine pas
avec cette règle.
Ecoutez les villageois
vous prouver leur amour pour le bois
dans "Instantanés du monde à Khejarli" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau

mercredi 16 novembre 2016

Des racines et du sang

Il parle de ses ancêtres
comme s'il avait
partagé
avec eux
les heures du massacre.
Il parle de ceux
qui vivaient là
au XVIIIème siècle
et qui ont donné 
leurs vies
pour sauver
leurs arbres.
Il dit "les nôtres"
et il jure
que si
demain
leurs arbres
étaient à nouveau
en péril
il donnerait alors sa vie
pour les sauver.
Et celle
de ses enfants
de ses petits-enfants
Ecoutez Bakaramji Bishnoï, dans "Instantanés du monde à Khejarli" (cliquez ici pour entendre l'émission) 
Photographie©Anne Bonneau

mardi 15 novembre 2016

Des dames, des femmes, des filles, des failles

C'est dans un village super trad'
du fin fond du Rajasthan
où les dames sont voilées
et se comportent comme autrefois
que nous nous sommes arrêtés
pour prendre un thé
dans une échoppe.
Comme d'hab.
Et là
dans cet antre de la tradition
c'était une gamine
qui faisait le thé.
Une adolescente au cheveux mi longs
qui flottaient 
librement
sur ses épaules.
En jean
et
tee-shirt.
Elle avait un regard effronté
sans sourire
et elle a levé les yeux au ciel
quand un chauffeur
lui a dit
"et tu les laves bien les tasses, hein!"
Le même regard
que les
ados
d'ici
quand elles ont le seum
Archi trad ici?
A voir...
à écouter
dans "Instantanés du monde à Khejarli" (cliquezici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 12 novembre 2016

Espèce de gourou

ça dure deux heures
chaque matin
la méditation
et le yoga
pour les 250 élèves de l'école.
Et ça rigole pas.
Il est comme ça
Dr Nambiar.
féru de discipline
bardé d'idées inoxydables.
Gourou?
Pas vraiment
pas religieux pour une roupie
adepte
-en témoignent les murs
couverts d'affiches
de maximes
et d'autres mots précieux-
du Mahatma Gandhi.
Méditation
yoga
prière avant les repas
Pas de la religion
juste
du bon sens
et du respect.
Ecoutez-le en parler
plus en finesse que moi!
dans "Instantanés du monde dans le Wayanad" (cliquez ici pourl'écouter)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 11 novembre 2016

Dissoudre la timidité

Elles veulent toutes
me chanter quelque chose
mais bon
pas si simple
de se lancer
comme ça
au débotté
dans le micro
d'une étrangère.
Certaines y vont franco
d'autres forment des groupes
quelques-unes
fondent
de timidité.
Pas grave.
je serai encore là demain.
Au petit matin
loin de la foule
elle s'avance
avec un petit papier
à la main
chiffonné dans la paume
sa chanson.
Elle vous l'offre
d'une voix sûre
dans "Instantanés du monde dans le Wayanad" (cliquer ici pour l'entendre)
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 10 novembre 2016

Belles images

Il avoue
en murmurant
dans mon micro
que ce qu'il aime ici
c'est la couture.
Alors
bien-sûr
les copains
d'Aman
un garçon de douze ans
rigolent.
Bien-sûr.
Il ne posera pas
pour la photo.
Pas plus
que les donzelles
obligées de balayer la cour
elles s'envolent
en un bruissement de jupe
si je fait mine
de sortir
un appareil photo
Oh
Faut pas trop en demander
quand même
Alors.
Ecoutez les murmures d'Aman
les rires de ses amis
les espoir des enfants
dans "Instantanés du monde dans le Wayanad" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 9 novembre 2016

Réfugiées

ça ressemble à un refuge de montagne
mais ce n'est pas un refuge de montagne.
Enfin
si
peut-être un peu
en fait.
L'internat des filles
de l'école
Pazhessi Raja.
Un refuge
dans les montagnes
du Kerala.
Spartiate.
Ici
les enfants des tribus des forêts
peuvent recevoir
une éducation
un châlit
une assiette pleine
une esquisse d'avenir.
Une pause
l'après-midi
pour jouer au karom.
J'adore ce son
frrrot-clac!
dans le dortoir désert.
Ecoutez-le
dans "Instantanés du monde dans le Wayanad" (cliquez ici pourécouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

mardi 8 novembre 2016

P'tit déj' de rentrée

Deux galettes
une louche de pois-chiche.
Bon appétit!
Enfin non,
prière obligatoire
Om Om Om
Shanti shanti shanti
et c'est parti.
ça se passe comme ça
à l'école Pazhessi Raja
là-bas
au fond des bois
dans le Kerala.
Les élèves font la cuisine
ça fait grincer les dents
des parents
quand ils en ont encore
des dents
ou des parents.
C'est selon.
Allez, pour changer
faites la rentrée des classes
de cette école pas comme les autres
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde, dans le Wayanad" (cliquez sur ce lien pour écouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 7 novembre 2016

En chasse!

Il arrive là
pour son cours
de l'après-midi.
Kerloo
c'est lui
le professeur.
Il apprend
aux enfants
de l'école  Pazhessi Raja
à tirer à l'arc
"Aux garçons seulement, les filles, ça les intéresse pas!"
Ah bon?
Bon.
En tout cas
c'est pas pour le fun
pas pour chasser non plus
"On n'a pas le droit. Faut y aller en cachette"
c'est juste
pour transmettre les traditions
aux enfants des tribus
qui oublient doucement
leur art de vivre.
Peut-être aussi
on pourra
un jour
faire des champions
de ces génies de l'arc.
Un jour
peut-être
quand les filles s'y mettront?
Ecoutez Kerloo l'envisager, dans
"Instantanés du monde dans le Wayanad" (cliquer ici pour écouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

samedi 5 novembre 2016

Un assistant

C'est ça que je voulais
ce petit son
ce petit clapotis d'eau
surmonté des cris
des perroquets
à cette heure du soir
et des chants de l'arti
dans le temple.
J'attends le dévot
je tends mon micro
les femmes rigolent
j'explique.
Ah Avaaz! ( le son, en hindi)
les gars rappliquent
les femmes leur expliquent
se remettent à leur ablutions
que je capte illico.
Quand un gars arrive vers moi
son téléphone tendu
vibrionnant de musique
"ça, c'est du son, du bon son"!
le son de l'eau, quelle blague!
Je n'ai même pas grimacé
enfin peut-être un peu quand même
juste sourit. 
(coincé, le sourire)
et attendu
la prochaine volée de dévots
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Bindu Sarovar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 4 novembre 2016

Olé!

Elle sont arrivées en courant
comme des vaches folles
elles ont passé le portillon
censé les arrêter
et ont fendu la foule
direct
à l'endroit
où le prasad
les offrandes sacrées
étaient posées
à hauteur de museau.
Les femmes ont protesté mollement
ne s'agit-il pas
après tout
d'un bon augure?
Quelques hommes ont essayé de les faire partir
j'ai fait comme tout le monde
creusé les reins
quand elles vous frôlent
de trop près 
en courant
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Bindu Sarovar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 3 novembre 2016

Et ta mère, deuxième

C'est le seul endroit en Inde
où l'on peut pratiquer
le Matrugaya
la cérémonie
permettant
à votre mère défunte
d'éviter le cycle des réincarnations.
C'est ici
et nulle part ailleurs.
Car c'est ici
que le Dieu Kapila
a enseigné à sa mère
les voies du moksha.
C'est ici aussi
que le Dieu Parshuram 
a rendu grâce à la sienne.
Bon
Il l'avait tuée quand même, avant.
Eh.
Plongez-vous dans cet antre de l'amour maternel
et autres sentiments
inconciliables
avec
le détachement...
Dans "Instantanés du monde à Bindu Sarovar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 2 novembre 2016

La première et la dernière

On ne vient qu'une fois ici
à Bindu Sarovar.
Ils viennent nombreux
de partout
des centaines
des milliers
chaque année
une fois
dans leur vie
les bus les posent là
leur cheveux oubliés
ils redeviennent
des enfants
guidés pas à pas
par un prêtre
qui leur dit
que faire
que dire
comment tenir
sa main
sa voix
comment boire
poser
une feuille
sur la noix
des pétales
sur la flamme.
Ils suivent
la cérémonie
qui permettra
à leur mère défunte
d'accéder
au moksha.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Bindu Sarovar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 1 novembre 2016

Place aux vieux!

ça sent le neuf
au temple de Bindu Sarovar.
Des esplanades piquées d'arbres malingres en cage
de l’éclairage
des sols d’équerre
des marches de ghâts bien parallèles et bien calibrées
j'en passe
et de plus carrés...
C'était pour la venue d'Amitabh Bachchan qu'ils ont refait tout ça?
Ou juste pour le projet "tourisme religieux"?
Ou pour les gens
tout simplement
mystère et confitures
en tout cas
ça, c'est sur la face A.
Derrière
il y a toujours
une étable qui suinte
un bassin couvert d'ordures
et des flaques de boue devant le Dharamsala.
Et aussi
ce banc magnifique
poli
par des armées
de fesses.
Deviprasad s'y assoie, et parle
Angena s'y assoie, et parle
Narendra s'y assoie, et parle
et là
Kiran Ramanlal Shastri s'y assoie
et hurle.
Ok
on a juste baissé les niveaux
et gardé ses mots
Ecoutez-les tous, dans "Instantanés du monde à Bindu Sarovar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau