Craquements, bruissements et autres frémissements étranges et merveilleux

C'est la nuit
qu'il faut parcourir
cette forêt.
L'écouter
la sentir
frémir avec elle
des mille
battements
des cents mille cœurs
qui l'habitent.
C'est la nuit
que les rares hommes
habilités
à lui rendre visite
vous guident
marchent en silence
ou presque
s'arrêtent brusquement
pour flairer
un animal?
Non.
Une liane
de poivre sauvage.
Et là
vous vous demandez
si les battements de votre cœur
peuvent s'entendre
dans les silences
habités
de la forêt
Ecoutez cette merveille de sons
dans "Instantanés du monde à Kumily" (cliquez sur ce lien pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau

Crépuscule de l'aube

"Moi je sais pêcher. je sais attraper des crabes dans le lac. Mais mon fils, il est éduqué, il travaille en ville. Quand il vient dans la forêt, pour me faire plaisir, il ne fait que regarder les arbres, le paysage. Il ne vient pas pour travailler. Tout ces savoirs-faire, ils seront perdus. je ne suis pas inquiet. j'en suis convaincu, c'est tout. Ce n'est plus le temps de l'inquiètude. C'est trop tard"

Monsieur Perumal, pêcheur de la tribu Manane

à écouter , dans "Instantanés du monde à Kumily" (cliquez sur ce lien pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau

Tout faux?

C'est un spectacle de danse.
De ces danses
traditionnelles
des tribus
vivant autrefois
dans les forêts
du Kerala
devenues
aujourd'hui
des réserves.
Réservées donc
aux seuls animaux.
Exit les hommes
leurs modes de vie
leurs savoirs-faire
leur relation
avec
leur
forêt.
Alors
pour ne pas
tout
perdre
on a mis en place
ce spectacle.
De jeunes artistes
dansent
des trucs
martiaux
qu'ils n'ont sans doute
jamais vus auparavant
pour de vrai.
Tout faux?
A vous de voir...
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Kumily" (cliquez sur ce lien pour entendre l'émission) 

Photographie©Anne Bonneau

J'sais pas lire

Je ne sais pas lire
c'est le genre de truc
que j'aimerais dire
quand je vois
ce genre de
panneau.
Pas lu
pas pris?
Dans mes rêves.
Car
derrière
ce genre de panneau
surgit
un gardien aboyant
dès que je fais mine
de ne pas
savoir lire.
Des aboiements
qui font bien comprendre
aux illettrées de mon genre
que non
non
non
on ne passe pas.
A votre avis?
Bien sûr que je suis passée!
Ok, pas bien loin
Mais ces quelques pas
dans la zone interdite
ne m'ont pas fait croiser un tigre
mais des gars 
racontant
mille histoires
de leur vie
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Kumily" (cliquez sur ce lien pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau

Théorum

J'ai bien essayé de deviner
ce que pouvait contenir
ces bouteilles
dans un carton
que le tenancier
de cette boutique de thé
poussait
du bout du pied
l'air de rien
sous le banc
de bambou.
ça ressemble à
ça a la couleur de
mais ce n'est pas?
Mouais.
Au vu du voile
couvrant ses yeux
et de l'haleine
de ce charmant monsieur
il n'y avait pas que du thé
dans sa boutique
de thé.
C'est la vie des hommes
des tribus du Kerala
déplacés de leurs forêts
devenus
tenanciers
de boutiques
de
thé.
Ecoutez-le vous raconter
dans "Instantanés du monde à Kumily" (cliquez sur ce lien pour écouter l'émission) 

Photographie©Anne Bonneau

Petits matins

Elle passe avant même que la boutique
n'ait ouvert ses portes
avant que les premiers touristes embrumés
ne rejoignent l'aéroport
à l'heure du quotidien
l'heure du peuple
l'heure du vous et moi
l'heure d'aller au boulot
avant même l'heure des écoliers.
Le service de bus commence tôt
aux Seychelles
et tourne vite.
Les habitués sont légion
Eugénia les connait
s'émeut de ne pas les voir
demande des nouvelles
depuis son "seat de driver".
Découvrez usages et bavardages
sur les sièges lisses
du bus d'Eugénia
dans "Instantanés du monde à l'Anse aux Pins"

Photographie©Anne Bonneau

Les nouvelles amazones

Elles sont trois
femmes
sur l'île de Mahé
à conduire des bus
et deux à Praslin.
Là où les routes font en moyenne
soixante centimètres de large
bordées de fossés abrupts
de trois mètres de profondeur.
Evidemment que j'exagère!
C'est vous dire
mon goût pour les véhicules
de cet accabit
sur des terrains
de cette farine!
Et mon admiration aussi
quand j'ai l'impression
moi
conductrice
que ma mini-moke ne passe pas
entre les frondaisons.
Bon
Eugénia aussi
toute conductrice aguerrie qu'elle est
a quelques "garanties" sur le pare-brise
et une prière quotidienne
sait-on jamais.
Ecoutez-la
dans "Instantanés du monde à l'Anse aux pins"

Photographie©Anne Bonneau

Vivre versus rêver

La côte bretonne?
Les îles irlandaises?
Une baie suédoise?
Vous n'y êtes pas!
Oubliez vos rêves de bleus insolents
vous êtes aux Seychelles!
Eh eh!
Là aussi
les lumières peuvent être plombantes
ok ça ne dure jamais très longtemps
et dans la seconde de l’éclaircie
les parfums de verts et de fruits mûrs
vous font frôler
la transe sensorielle.
Bon.
Cette image en tout cas pour vous inviter
dans le vrai quotidien des Seychellois
suivez Eugénia
- oui, oui, son prénom est déjà une invitation au rêve!!!-
dans son quotidien
qui débute
à cette heure-là
l'heure
où le bleu
est noir
et où seul le ressac
rappelle l'insularité.
ça ne va pas durer.
Embarquez, dans "Instantanés du monde à l'Anse aux Pins"

Photographie©Anne Bonneau

Dieu, les dieux, et tous les autres

Bien-sûr il y a l'encens

le pot

la clochette

et la déesse.

Mais tout autour

sur les murs

de cette salle de l'ashram

Yoganjali de Sidhpur

il y a aussi

les portraits de

Jésus

Bouddha

Gandhi.

Mais dans la salle de méditation

des profs

il y a 

surtout

Sri Aurobindo

et la Mère.

Parés.

De tous côtés.

Ratissé large?

Il faut bien ça

pour panser

pour soutenir

pour alléger

et pour comprendre

enfin

où l'on va...

Ecoutez les parcours de vie

de Jigna

de Ramilaben

et des enfants

de Sidhpur

dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez ici, vous trouverez la voie, et la voix de l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

La voix du désert

C'est une école.

Oui, c'est vrai

y'a pas d'uniforme.

Question de bon sens.

Pas de sous

pas d'uniforme.

Bon

une école donc

avec Jigna

qui, pour me faire plaisir

veut que les enfants chantent

pour moi

pour vous.

Moi je dis pas non

quand on veut m'offrir ça.

Sauf que

personne ne veut chanter.

Y'aurait bien Nikool

mais on le trouve pas.

On le cherche

on le crie

il arrive

il veut bien chanter

apparemment il est connu pour ça.

Il ouvre la bouche

et là

c'est tout le désert du Kutch

qui entre dans mon micro.

Cette voix

propre aux bergers itinérants

sablée, racée, profonde et puissante

même

sur un gamin

de huit ans.

Les autres sont ravis

les yeux brillent

les mains crépitent en applaudissements

Ecoutez Nikool Rabari, dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

Tourner sept fois sa langue

Vous avez déjà entendu ça?

"Tourne sept fois ta langue dans ta bouche"

pour éviter

oups

aïe

et autre pardon murmuré...

Ici

à Ganeshpura

c'est écrit

sur les murs de l'école

les sept maximes

du parler mieux.

Pourtant

son à l'appui

je vous assure

que les enfants

savent aussi

tous brailler en même temps

et même couper la parole

des institutrices.

Si si

je me suis cachée derrière le mur

pour enregistrer.

Ouf

vous auriez pu croire

qu'on avait là

un nid

d'enfants parfaits.

Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" ( cliquez ici et montez le son pour entendre l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

Et passent les chameaux

Il y a des tas de trucs

dehors

bien visibles

par la porte ouverte.

Des chameaux qui passent

des motos pétaradantes

et rutilantes

des perroquets en vols planés

des filles pas pressées.

Et pourtant

ils sont là

chaque matin

confits en méditation

ces jeunes garçons.

Tous

perdus dans leur Om

et autre Shanti

Pas un qui bronche

face à Sarasvati

la déesse de la connaissance.

Serait-ce possible alors?

qu'ils croient

dur comme le nirvana

que le savoir

est

ce qu'il y a 

de plus précieux...

Jigna, elle, le croit

Elle en parle

dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez ici pour entendre l'émission de radio)

Photographie ©Anne Bonneau

Alors, sourire...

Elle travaille ici

Jigna

depuis presque quinze ans.

Dans cet ashram

de Sidhpur

qui accueille

écolières et écoliers

femmes en détresse

qui ne savent plus

à quel saint

se vouer.

Jigna est celle

qui est là

qui ne pose pas de questions

qui laisse du temps

et qui sourit.

Elle rit souvent

quand elle raconte

des choses

pas gaies

pas faciles

la vie, quoi.

Ce rire pudique

qui masque élégamment

ce qui ne peut 

parfois

être dit.

Ecoutez les sourires et silences de Jigna

dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

Ainsi parlait...

Elle a tout quitté

Ramilaben.

Pour mettre ses pieds nus

dans les pas de Gandhi

et de ses proches.

En l’occurrence

Vinoba Bhavé.

A vingt ans

elle a quitté sa famille

sa communauté

sa vie toute tracée

de femme au foyer

pour s'occuper

des plus démunis.

Elle parle peu

sourit souvent

vit dans une sorte de hutte

et prête attention

aux plus petits.

Elle parle peu

elle sourit.

C'est Jigna

son bras droit

qui nous raconte

cette histoire

extraordinaire

la vie

les engagements

les défis

de Ramilaben

la dame en blanc

qui se tait

et sourit.

Ecoutez-la dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez là pour entendre l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

Le chat dort

Il est tôt

et pourtant

ils sont déjà là

les élèves de la medersa.

Avant l'école

ou après

selon

les saisons

ils se pressent

à l'école coranique.

Ce matin

quand je suis arrivée

c'était un peu le bazar

un peu plus que de coutume

quand toutes les classes confondues

récitent

à tue-tête

( mais pourquoi à tue-tête?)

des textes

pas toujours bien articulés.

Oui mais là

en plus

le prof

dormait encore.

Ecoutez alors, ce que ça donne

dans "Instantanés du monde à Ganeshpura" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie ©Anne Bonneau

L'homme qui aimait les arbres, bis

C'est l'histoire d'un gars

qui aime

les arbres.

Un genre de Ranaram

que vous avez croisé

dans les "Instantanés" cette semaine.

Khamu Ram Bishnoï

aussi

aime les arbres.

Les abreuve

les nourrit

les fait grandir

et s'en réjouit.

Une passion?

Non

une religion.

Et cet homme en adoration

leur écrit même

des chansons!

Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à Ekalkhori" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau