dimanche 30 novembre 2014

Aux instru, citoyens!

L'air de rien
de cours en cours
d'heures de frappe
en heures de pincements
de toere
en ukulélé
la petite équipe de chez Avril
tout âge confondu
forme une sorte
de groupe.
Une famille?
Presque.
Les enfants avouent que
"ça fait pas peur de jouer ici"
Même si les autres vous regardent.
Mais quand il faut jouer dehors
alors là
" on a honte! le coeur fait tum tum tum!"
Ils jouent pourtant
appelés par le maire
quand on lève les couleurs
et au 14 juillet aussi.
Tum tum tum
comme un toere.
On l'a tous vécu, non?
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde, à Hauti" (cliquez ici pour entendre les confidences de ces apprentis musiciens)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 29 novembre 2014

Traditionnel, disent-ils

C'était pour éviter de les perdre
ces mélodies
ces sons
ces chants
qu'Avril a décidé
de les ouvrir
aux enfants.
De proposer
de se replonger
dans les instruments d'antan.
Même si c'est un antan jeune
comme le ukulélé.
L'important c'était d'alpaguer les enfants
avec des fakete
ou des pahu en plastique
s'il le faut.
Au coeur de la répétition
Avril a tout de même inséré
un petit essai
de percu
sur galets.
Des galets tout simples
trouvés dans la cour.
Pas sophistiqués pour un sou
mais très efficaces...
Ecoutez-les
dans "instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour entendre les galets, les fakete, les pahu et les ukulélé...)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 28 novembre 2014

Sans les mots

Il y a bien quelques traits
quelques points
quelques ponts
quelques TA RA
écrits sur le tableau noir.
Mais pas un mot
dans ce cours de toere.
Tout passe
par les yeux.
L'observation
des plus grands.
Les petits dérapent
s'accrochent aux rythmes
au TA RA
et aux yeux du prof.
Et ça joue.
concentrés
sans sourire
"On peut pas rire!
Si, quand on se trompe, on rit, quand même!"
Ecoutez ces petits passionnés
du toere
dans "Instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 27 novembre 2014

Pour de vrai!

Je suis arrivée en retard
à la répétition
ils étaient tous déjà là.
Contents de me voir
pas moins que moi!
Je me suis faite toute petite
enfin
j'ai essayé
et je les ai laissés jouer.
Mais bon
je croyais que c'était une répétition
ça prenait plutôt des allures de concert
pas du tout le genre de couac
et autres hésitations
d'une répèt normale.
Je me suis demandé
s'ils ne s'étaient pas entraînés avant
deux heures durant
juste
pour m'impressionner.
J'ai insisté un peu auprès d'Avril
pour entendre les débutants
"mais ils sont tous débutants!"
Ah d'accord.
Et ces débutants-là
en 24 secondes nagra en main
ils comprennent tout de suite
et jouent
comme s'ils avaient fait ça
depuis toujours.
ça énerve un peu
quand on est un débutant
laborieux... (comme moi...)
Ecoutez-les, non mais écoutez-les
dans "Instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour les entendre)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 26 novembre 2014

Tu seras musicienne, mon fils

Elle parle
elle parle
qu'est ce qu'elle parle
Avril
dans sa voiture de la poste.
Elle alpague les gens
leur tend les lettres
sort
bondit de sa voiture
et remonte
roule
et murmure aussi
"Ce que j'aime, moi, c'est la musique"
et monte le son.
Je le baisse
pas terrible pour l'interview.
Elle parle
elle parle
et dit des trucs
parfois
étranges
comme
"même si t'es une femme, tu peux chanter, ici, hein"
C'est vrai
et jouer de la musique aussi
d'ailleurs
il y avait même cette petite
dans le cours de toere
au milieu des garçons.
Ouf.
Ecoutez-là, dans "Instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour les entendre, toutes, chanter, et jouer)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 25 novembre 2014

Pause déjeuner, pause ukulélé

Elle n'hésite à oublier
sa pause-déjeuner
Avril
pour aller jouer
du ukulélé.
Elle pourrait
elle pourrait
l'embarquer avec elle
dans son 4X4 de la poste
qu'elle fait tourner
chaque jour
autour de l'île
telle une Marilyn
en virée.
Parce que son Amérique
c'est ça
à Avril
la musique.
Un passe-temps
qu'elle dit.
je dirais
un dévore-temps
à la voir
jouer
composer
enseigner.
Ecoutez-là, dans "Instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour l'entendre jouer)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 24 novembre 2014

Vous êtes dedans!


Vous êtes dedans.
Vous êtes passés,
vous avez entendu,
vous avez été touchés,
étonnés,
interpelés
vous m’avez donné vos mots,
vos idées,
vos histoires,
votre vie,
vos envies,
vos interrogations
dans les « Instantanés du monde ».
Et aujourd’hui, figurez-vous
que les Instantanés vont plus loin!
Ils s’écoutent toujours, mais se lisent aussi, se regardent, 
se feuillettent puisque voilà
" Instantanés du monde "  parait en livre !
Et vous êtes dedans.
Vos vies, vos témoignages,
mais aussi votre pays,
votre curiosité,
votre intérêt pour l’autre,
pour hier,
pour l’ailleurs.

Je suis ravie de vous convier à ce petit bout de voyage avec nous, 
de l’Inde du Sud à Zanzibar
30 « pays »,
des photos,
des sons à traverser,
à picorer,
à dévorer.
Ne manquent que les parfums.
Mais ça, vous saurez les imaginer…

Instantanés du monde, le livre, est sorti le 20 novembre en librairies.
En savoir plus ? 
En lire un morceau ? 
Avant tout le monde (oui, même avant tout le monde c’est possible !!!) 
En écouter un bout ? 
Le faire connaître ? 
Le partager ?

Faire chanter

Elles se pressent
sitôt la cloche sonnée
vers le temple
où là
elles pourront
chanter.
Il faut les suivre
se plonger dans le culte
en langue Rurutu
et se laisser porter
par des polyphonies
que l'on ne peut saisir
qui semblent ne jamais
vouloir
s'arrêter.
Plus complexes
plus raffinées
qu'ailleurs?
"Plus riche!" lance Gisèle
avec plus de notes dedans
et des subtilités
que l'on ne trouve qu'ici.
N'allez pas montrer trop vite votre enthousiasme hein
on n'est pas là pour s'émerveiller
des performances
des chanteurs.
C'est juste
pour rendre gloire
à Dieu.
"Sinon, on chante dans les bringues, aussi, hein! "ajoute Avril
Ecoutez-les toutes
ces chanteuses de tous bords
dans "Instantanés du monde à Hauti" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 22 novembre 2014

Loin de quoi?

"T'y vas toute seule à Hatiheu?"
qu'on m'a demandé
au petit quai.
"Ben oui, pourquoi?"
"Tu feras attention sur la route, il a plu."
Ah.
J'aime pas trop ce genre de recommandation
sauf quand ça vient
de ceux qui me connaissent
et me prennent pour une dingue
parce que je pars
toute seule.
Bon.
Mais là
c'était pas dit au hasard
sans doute
et j'ai vite compris
en avançant vers la vallée
que les troncs venaient sans doute tout juste d'être poussés sur le bas-coté
et que nom d'un chien
oui
ça glissait.
En arrivant
Yvonne m'a parlé
de la route d'il y a trente ans
"Pas une route-voiture, une piste cavalière. On mettait cinq heures et demi pour venir.
Maintenant, à cheval, on met deux heures".
ça glisse aussi un cheval?
Tient, j'essaierai, la prochaine fois.
Ecoutez la vie dans les vallées marquisiennes
dans "Instantanés du monde, à Hatiheu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 21 novembre 2014

Les ados

Ils sont en vacances
chez eux
dans la vallée.
D'habitude
ils sont internes
en ville
et ne rentrent que le weekend.
Alors, ils râlent
parce que la vallée
"Côté ambiance, c'est pas vraiment ça".
Comme des ados à la campagne, quoi.
Mais eux
en plus
ils font le ménage à la maison
et sortiront après
quand tout sera terminé.
Et aussi
ils vont à la cocoteraie
le matin
à 7H.
Une fille avoue même un 3H et demi qui fait pouffer les autres de rire
Y'a toujours pire...
Bref
le matin
ils se font piquer par les moustiques
l'après-midi
ils s'ennuient.
Mouais.
Je ne vous dis pas les parties de volley endiablées
que j'ai captées
et les ribambelles de rire
de chants
et autres Tapatapa
qu'ils ont offerts à mon micro.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde, à Hatiheu" (cliquez ici pour les entendre)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 20 novembre 2014

Merci Karl

Je l'ai vu partout
cet ouvrage
sur l'archipel des Marquises.
En pages photocopiées
dans les tiroirs des artisans
épinglées au mur
lavées de soleil et de poussière
et là
encore
dans le petit musée
de la vallée d'Hatiheu
reproduit en couleur
en grand
en détails
en témoignage incontournable
d'une époque révolue.
Une banque d'images
de motifs
oubliés
utilisées aujourd'hui
sur le bois
la pierre
le papier
le corps.
Il s'appelle Karl von den Steinen
l'auteur de ces remarquables études
et ses bouquins
sont aujourd'hui
presqu'aussi introuvables
qu'un tiki en vallée.
D'où, les photocopies.
Ecoutez Yvonne l'évoquer, dans "Instantanés du monde, à Hatiheu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 19 novembre 2014

Paparazzi

Elle est dans le musée
pardon
dans la "salle patrimoniale"
de Hatiheu
cette photo.
J'ai passé pas mal de temps
à éplucher
les mille infos
de ce lieu
à m'émerveiller
devant les objets
et du coup
Yvonne
qui m'accompagnait
s'est assise
sur une chaise en plastique
à l'entrée
m'enjoignant à prendre mon temps.
Mon regard
soudain sorti d'un monde lointain
où les hommes portaient parures d'oiseaux
et capes en cheveux de vieillards
s'est posé
simultanément
sur la photo
et la dame
assise
dans la même position.
Se peut-il?
Oui
oui
oui
dit Yvonne
en rougissant presque comme une adolescente
"C'est mon ancêtre. La dernière Reine de la vallée."
Mais chut
pas la peine de s'en vanter.
Ok
je ne l'ai pas dit
dans "Instantanés du monde à Hatiheu" (écoutez, en cliquant là, et vous verrez...)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 18 novembre 2014

Sous la plage...

On pourrait rester là
à écouter les palmes bruisser
à regarder les gamins
sur leur planche
voire
leur emprunter leur planche
pour voir.
Mais si vous vous asseyez
sur un banc posé là
devant la baie d'Hatiheu
vous aurez de fortes chances
de voir Yvonne
s'y asseoir avec vous.
Et vous raconter.
Ces deux sites

de chaque côté des ailes des montagnes
deux sites tabous
où se tiennent les tikis
montant sur les pirogues
et plongeant
pour indiquer aux pêcheurs
les bancs de poisson.
"Enfin, moi je l'ai pas vu, c'est mes grands-parents qui racontaient ça!"
Alors
la baie
prend
une profondeur
nouvelle.
Bien plus riche
que les arabesque
d'une planche
sur la vague.
Ecoutez ce que vous offre Yvonne cette semaine
dans "Instantanés du monde à Hatiheu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Un supplément d'âme.
Photographie©Anne Bonneau

lundi 17 novembre 2014

Derrière elle

Que va-t-elle laisser
derrière elle
Yvonne?
Des cailloux!
Car Yvonne est ce genre de personne
qui s'insurge
quand elle voit
dans les musées occidentaux
des trucs
qui poussent
d'habitude
dans sa vallée.
Alors
Yvonne prend sa pioche
et son courage
pour garder
les cailloux
sur sa terre.
Comprenez
sa force de persuasion
pour faire fouiller des archéologues consciencieux
dans sa vallée d'Hatiheu
"Et tout ce qu'on trouve, ça reste ici!"
Histoire de rendre aux villageois
ce qui leur appartient
au fond.
Ecoutez Yvonne Katupa
et son amour du patrimoine
dans "Instantanés du monde à Hatiheu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 14 novembre 2014

Tant qu'il y aura la mer

On n'en fait plus beaucoup
des pirogues
à Raivavae.
La voiture a pris le relais
ou alors
le vélo.
Mais enfin
si elles ne servent plus vraiment
en transport
de légumes
ou de matériaux
elles voguent encore
pour la pêche.
Et aussi
pour amener les touristes
sur le motu.
Le vieux Rahitiarii semble formel
"On fera toujours des pirogues à Raivavae!"
Des pirogues cousues
propres à cet îlot
et tandis qu'il m'explique
devant lui passent
des rameurs
qui s’entraînent
dans des pirogues
en fibres de verre.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde, sur les routes de Raivavae" (cliquez ici pour entendre voguer les pirogues cousues)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 13 novembre 2014

Hiro, mon héros

Est-ce parce qu'il vit juste au-dessous
du Mont Hiro?
Est-ce parce qu'il excelle
dans la fabrication de pirogues traditionnelles?
Est-ce parce que l'horizon est ce qu'il voit
dès que ses yeux s'ouvrent le matin?
Est-ce par goût des histoires?
Ou un peu de tout ça
qui fait que
monsieur Rahitiarii
a une passion
pour Hiro.
Et des rêves aussi.
De construire une pirogue
comme celle du héros.
Et des analyses
sur ses compatriotes
"De grands navigateurs les Raivavae, on peut dire ça"
encore aujourd'hui?
"Oui! on va même jusqu'en Suisse aujourd'hui! Bon, pas en pirogue, mais quand même! On a toujours le voyage dans le sang!"
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde sur les routes de Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 12 novembre 2014

Kit de base

La pirogue
c'est le kit de base
dans les îles.
Enfin,
c'était.
Avec le cheval.
Fini tout ça.
Tearii le dit
"Il y avait au moins deux trois pirogues dans chaque famille"
Une pour la pêche
une pour aller à la tarodière
une pour aller sur le motu
chercher le corail
pour la construction
et la chaux
une pour la messe.
"On n'allait tout de même pas aller à pied!"
Et maintenant?
En voiture!
Ou
en vélo.
Ecoutez les usagers des routes bleues
et de l'autre
en dur
dans "Instantanés du monde sur les routes de Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 10 novembre 2014

Terre-mer

Sitôt posée
sur ce petit bout de terre

à Raivavae
je n'ai eu de cesse
de vouloir
en faire le tour.
Pas possible
évidemment
et pourtant
rien de plus simple.
En faire le tour
physiquement parlant.
Un vélo
le vent dans le dos
et zou.
suffit de suivre
la route
cette route blanche
en corail
en trous et bosses
en déraillages de vélo
qui obligent
à mettre pied à terre
à s'arrêter
à discuter
à envisager
l'espace

à bâbord
comme autant de plein
une autre terre ferme
un autre espace
et pas juste
de l'eau
du vide
du rien.
Insulaire, enfin.
Ecoutez les histoires
de la terre
et de l'eau
et de leur alchimie
qui façonne
un peuple
à part
dans "Instantanés du monde, sur les routes de Raivavae" ( écoutez l'émission en cliquant ici et vous comprendrez pourquoi la route n'est pas singulière...)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 8 novembre 2014

Respect!

Marie-Victoire est une de ces dames
à la peau douce
et qui sentent bon.
Obligée.
C'est pour elle, une tradition
depuis son plus jeune âge
-autrement dit, depuis quelques décennies-
Marie-Victoire a pris l'habitude
de porter
un Umuhei
un bouquet odoriférant
quand elle sort.
"Tu dois porter une bonne odeur quand tu vas au milieu des gens!"
Elle se souvient
des conseils de sa grand-mère
qui lui enjoignait de porter son Umuhei
chaque soir
quand elle sortait
sur la route
avec ses amis.
"Porte ton Umuhei, mais rentre le soir à la maison!"
s'ensuit des souvenirs de prières obligatoires
nombre de Notre Père
de Je vous salue Marie
et d'autres trucs
dont j'ai déjà oublié le nom.
Moins facile à retenir
que
Umuhei...
Ecoutez Marie-Victoire, dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici pour entendre son rire mutin quand elle évoque ses souvenirs d'Umuhei)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 7 novembre 2014

L'art des confitures

Elle me regarde avec un sourire en coin
Tahia
quand je commence à me lécher les babines
lorsqu'elle attaque son ananas.
Une experte en confitures?
Pensez-vous!
Tahia
ce qu'elle aime
c'est confectionner
des Umuhei.
Ces bouquets odoriférants que l'on porte
ici
à Hiva Oa
dans ses cheveux.
Des bouquets aux parfums si raffinés
et si bien accordés
qu'ils peuvent
faire
tourner
les têtes.
On le dit.
Glissées dans une botte de fleurs de tiaré
de feuilles de menthe
de basilic en fleurs
d'ombelles de fenouil
de rubans d'ylang-ylang
de frisottis de fougères
des pointes d'ananas
trempées dans la poudre de santal
assaisonnées d'un jus de gingembre jaune
et aspergées d'une brume
de monoï à la menthe.
"Bon, tu prends ce que tu as sous la main, hein!"
Et encore
dans la liste ci-dessus
je suis sûre que j'oublie des trucs.
Drôlement plus sophistiqué que les confitures
Ecoutez les expertes en Umuhei
et observez l'intelligence de votre mémoire
qui vous monte direct aux papilles
quand on écoute la radio
qui évoque de telles fragrances...
Dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici, et respirez)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 6 novembre 2014

Prends garde à la douceur des choses...

Il n'a l'air de rien
comme ça
ce petit bouquet
glissé
innocemment
dans un chignon.
Mais
MAIS
mais....
Gaby vous le dit
celui-ci
on l'appelle
Umuhei.
Ce qui veut dire
bouquet
aphrodisiaque.
Les dames qui s’entraînent à tresser des couronnes de fleurs
aux côtés de Gaby et Félicie
s'esclaffent.
Je me fais discrète derrière mon micro
car Siki a enroulé dans mes cheveux
un petit Umuhei
discret
et fulgurant...
Ecoutez les vertus cachées des parfums
dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 5 novembre 2014

Allez, au boulot!

Tout le monde donne un coup de main ici
chez Siki
quand il s'agit
d'honorer les commandes de couronnes.
Le mari emmène ces dames dans la brousse
pour collecter fleurs et fougères
le fils arrête de faire les yeux doux à sa belle
et enfile les aiguilles
pour sa mère
qui ne voit plus guère
et ça bosse.
De temps en temps on se roule une petite cigarette
et on prend le temps
de montrer aux petits enfants
comment on fait
les couronnes
ici.
"Ben oui, faut partager! Tu vas pas emmener ce savoir-là dans ta tombe!"
rigole Siki
Ecoutez-la dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici pour entendre les réflexions de la dame aux fleurs)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 4 novembre 2014

On en mangerait

Non mais vous imaginez ce parfum?
Celles qui créent
ces colliers éphémères
que l'on appelle ici
couronnes
couronnes de cou
ou
couronnes de tête
celles qui sont à l'origine
de ces savants mélanges
de fragrances
sont
de véritables magiciennes.
"Et ça, c'est seulement aux Marquises, pas à Tahiti!"
revendique Siki
"ça, le basilic, la menthe, y'a pas à Tahiti!"
Tahia hausse les épaules
"Si! Y'en a! Ils la mangent avec les nems!"
On a beaucoup rit
en plus
dans
cette débauche
de parfums
somptueux
avec Siki, Tahia et leur famille
Ecoutez-les tous, dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici pour entendre l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 3 novembre 2014

Deux sœurs en leur jardin

Si Tahia et Siki sont dos au mur
en tout cas
à la falaise
grimpant presto vers l'azur
c'est bien en ce moment
de fête des morts
et autres virées sur les tombes.
Car alors
elles s'activent
à fournir des couronnes
pour honorer les âmes défuntes.
Une incursion dans le jardin
où elles s'alpaguent
pour me faire goûter
qui le fenouil
qui la menthe
qui le basilic
qui l’aneth
et se lancer des questions pièges
"comment on dit ça en français?"
Et après
zou
à l'ouvrage.
Les morts n'attendent pas.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Atuona" (cliquez ici pour vous retrouver illico aux 
îles Marquises!)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 2 novembre 2014

Leur pain quotidien


Comment ça bête comme chou?
Non non non
un truc aussi important
que notre pain quotidien
vu que
c'est le leur
de pain quotidien
le taro
aux habitants des Australes
ne peut être
bête.
En vérité en vérité
mille histoires naissent
dans les eaux des tarodières
des légendes bien-sûr
des histoires de sirènes
des grandes épopées aussi
dans ces espaces communautaires
où la gestion de l'eau
nourrit la terre
et les hommes.
Certains diront que c'est une culture de paresseux
(si si je l'ai entendu!!!! Non non, je ne citerai pas de noms!!!)
car il faut attendre
que ça pousse
un an
sans rien faire.
Sans rien faire, pas vraiment.
On ne vit pas que de ça
aux Australes
mais on continue
tout de même
à planter
ce qui nous nourrit.
Le corps
et l’imaginaire.
Ecoutez, c'est dans "Instantanés du monde, dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 1 novembre 2014

Qu'est-ce que je fais là?

C'est un peu la question
que semble me poser
du regard
ce jeune homme
de la tarodière.
C'est la question
que m'a posée
qu'a crié Lutesse
tellement je lui ai fait peur
au milieu de la nuit
enfin à la fin de la nuit
mais quand même
on n'y voyait tellement pas goutte
que j'étais obligée de marcher en tenant mon vélo à la main
pour ne pas me prendre
tous les trous
de la route traversière.
Donc
voir arriver
une femme blanche
sur le chemin
alors qu'elle attendait
tranquille
la voiture-pain
ça lui a fait un choc
à Lutesse.
Elle a crié
"Qu'est-ce que tu fais là?!!!"
"Ben, je cherche la tarodière..."
(que je n'avais pas repérée la vieille, grossière erreur en ces contrées d'obscurité sans lampadaires ni bitume)
Comme elle a vu que je n'étais pas un fantôme
mais juste une Anne Bonneau
"Ah bon, c'est toi Anne Bonneau!"
elle m'a guidée
jusqu'à la tarodière.
Une chance
on me connait là-bas
on écoute l'émission
sur les transistors
dans les tarodières.
Ecoutez la tarodière
que vous soyez à la tarodière
ou pas
dans "Instantanés du monde, dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau