lundi 29 juillet 2013

Loin du ciel

C'est pas une vie
être musicien
aux Seychelles.
Passer son temps
en studio
alors que l'autre côté de la rue
il y a ça.
Sans mentir.
Patrick Victor vit à Bel Ombre
tous les amoureux de plages paradisiaques connaissent.
Il vit dans son studio
le même genre de studio
qu'à Levallois
avec la clim
et pas de fenêtre
une pitié...
Ecoutez sa vie de forçat
dans "Instantanés du monde à Bel Ombre" (cliquez sur ce lien)
Photographie © Anne Bonneau

dimanche 21 juillet 2013

Stars ou dévôts

Ici on enseigne une danse
qui s'éveille
au son des prières
et se déploie dans une débauche de strass
qui se perfectionne
aux heures matinales
trop matinales
et s'embrase
sur les scènes
de l’Île Maurice
ou d'ailleurs.
Une danse de temple
de bayadères
ces danseuses des dieux
offertes à la convoitise des hommes.
Des gestes en offrandes
à une divinité
ou aux projecteurs
c'est selon.
Elles choisiront
bientôt
A écouter, dans "Instantanés du monde à Moka" (cliquez sur le lien)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 19 juillet 2013

L'art et les bonnes manières

"Quelle que soit la matière que vous enseignez 
vous devez être très intègre 
et dévouée totalement à votre enseignement. 
Dans ce cas seulement 
vous pourrez recueillir les fruits de vos efforts. 
Vous devez  faire progresser vos élèves. 
Vous devez les motiver. 
Là seulement, elles viendront à vous. 
On ne peut pas le faire juste par devoir
juste comme ça
et plus particulièrement pour l’art
vous devez le transmettre avec amour et affection
envers l’art 
et envers les étudiantes
les deux doivent se nourrir l’un de l’autre."
Mrs Upama, professeur de danse à Moka
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 17 juillet 2013

Envolées toniques

Impossible de les suivre
dans leurs envolées
ces apprenties-danseuses
de Kuchipudi.
Est-ce la lumière zénithale
de cette classe austère?
Est-ce l'éclat de leurs sourires
quand la danse s'arrête?
Est-ce l'air qu'elles aspirent
toutes entières?
Est-ce la joie?
La fierté de leur maître?
Impossible de les suivre
juste
s'absorber
dans la beauté
de leur danse
Ecoutez-les
dans "Instantanés du monde à Moka" ( cliquez sur ce lien)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 15 juillet 2013

Respect et concentration

Il y a des dizaines de savates
dans le couloir
devant la porte ouverte
sur les champs de canne à sucre.
A l'intérieur
les enfants ne quittent pas
du regard
le tableau noir.
Tha dham dhim dha
le cours dure deux heures
ceux qui n'ont pas
de percu
devant eux
frappent sur leurs genoux
avec la même conviction
que les autres
Ecoutez-les
dans "Instantanés du monde à Moka" ( cliquez sur le lien )
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 12 juillet 2013

Sacré Kathakali!

ça ressemble à un temple
ça a l'allure d'un temple
les dimensions d'un temple
Mais ce n'est pas un temple.
Un théâtre.
Sacré, le Kathakali?
Joué dans les temples
à l'origine
par des soldats
racontant des histoires de dieux
qui aiment batailler.
Et les spectateurs alors
entrent-ils au théâtre
comme on entre à l'église?
V.Kaladharan a une opinion sur la qualité
de l'auditoire
de ces arts
traditionnels...
A écouter, dans "Instantanés du monde à Kalamandalam"(cliquez sur ce lien)
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 11 juillet 2013

Et passent les fantômes

Juste un coup d’œil
en biais
pour être sûr
de ne rien
oublier
de ne pas
trahir.
Pas si simple
d’administrer
une institution
comme Kalamandalam.
Même si aujourd'hui
V.Kaladharan est loin
de travailler tout seul.
Mais à repenser
aux fondateurs
de ces établissements
prestigieux
on peut prendre
le frisson...
Vallathol Menon ici
Rabindranath Tagore là-haut
Rukmini Devi plus à l'Est...
Des grands/des de ce monde
qui cherchaient bien plus
à former
des Indiens
des êtres pensants
que des "simples"
artistes
êtres chantants.
Ecoutez V.Kaladharan les évoquer
dans "Instantanés du monde à Kalamandalam"(cliquez sur ce lien)
Photographie © Anne Bonneau

mardi 9 juillet 2013

Au pied du rêve

Il voulait poser là
Sudeep Mohan
devant cet endroit
ce théâtre traditionnel
qui le fait rêver
depuis ses douze ans.
Sudeep a décidé
de suivre des études d'arts
de la scène.
Kathakali.
un truc de dingue
je veux dire
de passionné.
En plus de son master de philo
Sudeep répète huit heures par jour
entraîne son corps
ses yeux
sa mémoire
sa voix
car il faut
porter des costumes durant douze heures d'affilées
réciter
chanter
danser
transmettre
un art
immémorial.
Pas trop lourd pour un gars de vingt ans?
Il répond
avec son cœur
dans "Instantanés du monde à Kalamandalam"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 8 juillet 2013

Relâche

Désertes
les allées
de ce campus.
Pas un étudiant
révisant sous les arbres
des poèmes en malayalam
ou plongé dans sa page FB.
Non.
Rien de tout ça.
Déserts aussi
les bureaux de l'administration.
J'attends
je m'endors
sans rire.
Enfin,
V.Kaladahran apparaît
explique
c'est jour d'examen
relâche.
Relâche
pour une institution
qui enseigne
rigueur
maintien
tradition
discipline!
J'ai bien choisi mon jour...
Oui, bon, du coup
les étudiants sont plutôt dispos
pour discuter avec nous
écoutez-les dans "Instantanés du monde à Kalamandalam"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 5 juillet 2013

Les dames de la cour


C’est tranquille ici.
Un peu passant, mais bon.
Ça donne du grain à moudre à ces dames, 
plantées dans la cour de la mosquée à longueur de journée
Au petit matin, les enfants qui montent les marches quatre à quatre et se glissent dans les salles de l’école coranique
Un peu plus tard, les personnes âgées, qui dodelinent dans l’escalier, pour se rendre aux cours de l’école coranique
Et puis, toute la journée, les allers et venues des surveillants gouvernementaux, qui prêtent l’oreille sur les cours de l’école coranique
« Maintenant tout les cours donnés pour l’étude et la compréhension de l’Islam se font sous la direction de l’Etat. Mais on est libres de pratiquer cette religion. On peut tout dire dans les classes d’éducation religieuse. Mais il ne faut rien qui s’oppose au gouvernement. On est très surveillés. Mais sinon, on est libres. » Sheik Li Yum Chun
A écouter, des deux oreilles, dans « Instantanés du monde, à Shuncheng »
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 4 juillet 2013

A ciel ouvert



J’ai l’adresse, 
de ce quartier musulman de Kunming, 
où j’avais lu, quelque part, 
je ne sais plus où, 
que l’on y trouvait l’une des plus vieilles mosquées chinoises…
Ma guide-interprète m’emmène dans un des quartiers les plus modernes de la mégapole,
bardé de tours de verres et de centres commerciaux géants
Tient donc
C’est là
Ah.
C’est vrai, c’est là. 
On peut trouver. 
A condition de contourner la voie d’accès aux parkings souterrains, 
de prendre la ruelle entre les deux buildings à pied, 
de traverser trois cours, 
de suivre un crieur-de-rue-ramasseur-de-vieux-papiers, qui alpague les clients en s’égosillant dans son mégaphone, le cou tendu vers les vingt étages au-dessus de lui.
Tout à coup, 
les façades des immeubles affichent des portes en arc outrepassés, des lambrequins, du vert, et de l’écriture arabe.
Nous y voilà.
C’est ici, dans « Instantanés du monde à Shuncheng »
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 3 juillet 2013

La crêpe et le croissant


Dans tous les marchés du monde c’est la même chose
Il y a toujours des sons formidables
des gens qui vous en donnent à pleine voix de langues inconnues
Des parfums qui vous alpaguent en vol à la moindre foulée
Plein de choses à goûter
Et des gens qui ont le temps de s’arrêter, pour causer.
Tout ce que j’aime.
Alors quand je vois la jeune Ma Xia, rajustant son foulard sur sa tête en me souriant, je me dis que je suis sur la bonne voie, décidément, les marchés sont des filons
On est bel et bien dans le quartier musulman (Yes we can, voir ici… !)
Et cette jeune étudiante a le temps, de bavarder et de m’expliquer comment on est musulmane et Chinoise.
A condition
Que je lui explique, comment on peut être musulmane, et Française
On s’assied, on mange une crêpe de riz au sésame et à la sauce de cacahuètes
On débat des vertus de la laïcité et de la place de la foi, chez elle et chez moi
On se régale
Un  partage, dans « Instantanés du monde à Shuncheng ».(sans la crêpe) .
Photographie © Anne Bonneau

lundi 1 juillet 2013

C'est pas permis, ça

J’ai rencontré une interprète, qui ne savait pas vraiment ce que l’on allait faire ensemble
Mais le fait que l’on pose des questions semblait l’inquiéter un peu, derrière son sourire épanoui
Et que l’on enregistre, ah bon, vraiment ?
Mais qui ?
Des gens dans la rue, ah bon ?
Lorsque je propose que l’on commence par le sujet sur la communauté musulmane, son sourire s’évanouit d’un coup
C’est pas permis, ça
Ah bon ?
C’est trop politique, le gouvernement ne sera pas d’accord
Ah bon ?
C’est le mien, de sourire, qui a peine à rester sur mon visage
D’accord, que cela ne tienne, parlons d'autre chose, ni politique ni religion, mais pourquoi pas de ces petits chapeaux que les musulmanes portent sur la tête ? Ou de l’architecture ? De la nourriture ? C’est permis, ça ?
Bon. Elle consent à m’accompagner, enfin, à essayer d’aller trouver le quartier musulman, dont elle n’a jamais entendu parler.
J’ai l’adresse
Elle connaît pas
C’est pas grave, on y va, pour voir
On aura qu’à demander
C’est pas gagné…