mercredi 30 avril 2014

Vie privée

Elle est en train de travailler
Hassina Ali
quand on arrive
à Pembeni.
Pas étonnant
elle travaille
tout le temps.

devant chez elle
entre son logis
et la route poudrée
du village.
Elle veut tout nous montrer
oui mais
pas nous laisser entrer
chez elle.
Elle sort les objets
un à un
fière de son travail
entrebâillant sa porte
et la refermant fissa
dévoilant ses créations
expliquant ses peines
ses espoirs
sa vie
son histoire.
Mais pas
ça
derrière
la
porte
de
bois.
Quoi, ça?
A vous de deviner...
Ecoutez sa voix
dans "Instantanés du monde à Pembeni" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 29 avril 2014

Y'a qu'à se baisser

Qu'est ce qu'on peut faire
en terre insulaire
au fin fond
de la campagne
là où les étrangers
ne viennent guère
qu'est ce qu'on peut faire
quand le ciel ne répond plus
à la terre
et que les bouches crient?
A Pembeni
les femmes
font
et vendent
des pots
de terre cuite.
Une petite monnaie
qui permet à peine
l'huile ou les grains.
C'est pas compliqué
disent-elles
le terre est là
sous nos pieds!
A les voir
dans les carrières
que la pluie ignore
piocher en sueur
ce n'est pas franchement
l'idée que l'on se fait
d'un truc
pas
compliqué...
Ecoutez les potières des îles
dans "Instantanés du monde à Pembeni" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 28 avril 2014

De l'utilité

Pas si simple
de rencontrer
les femmes
de Pemba
cette île
petite soeur
de Zanzibar.
Dans des villages
inaccessibles
où les enfants
en vous voyant
s'enfuient
en hurlant de terreur
"Albinos, albinos"!
Bon.
Pourtant
quel contentement
quand on parvient
à s’asseoir
et à causer
à prendre le temps
d'expliquer
de comprendre
d'éloigner
les enfants
et les hommes goguenards
et d'entendre
les femmes
dire
leur plaisir
de faire
de fabriquer
de leurs mains
"ce que les gens ont besoin"
Ecoutez les femmes de Pemba
dans "Instantanés du monde à Pembeni" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 25 avril 2014

Un déchet, quel déchet?

Prenez une île
pas bien grande
pas de quoi creuser
des trous énormes
pour un enfouissement
au pourrissement incertain
-juste la mémoire
qui pourrit
doucement.
Prenez une île donc
et faites en sorte
que rien ne se perde
et que tout se transforme.
Ici
à Anse Réunion
on sait faire.
La noix de coco
on la casse
on fait du coprah
on extrait l'huile
avec un moulin
et un taureau
le taureau mange les restes
des noix sans huile
les coques
font carburer le calorifère
pour sécher les noix
le taureau laisse des traces
posées fissa
au pieds des plantes
qui poussent mieux ainsi.
Ecoutez la boucle dans "Instantanés du monde à Anse Réunion" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 24 avril 2014

La fin des cocos

C'est la fin
qui a encore besoin
aujourd'hui
des cocos?
Alors que la terre
peut être vendue si cher
alors que l'on déverse
chaque jour
des mannes
des antipodes
par bateau
par cargo...
Qui a encore besoin
de s'user la peau
à faire
de l'huile de coco
aux Seychelles?
Je leur demande.
Maeva répond
qu'elle n'encourage personne
à manger ça
trop gras.
quand elle dit personne
ça vaut pour les étrangers
ici
sur l'île de la Digue
on cuisine encore allegro
avec les quelques cocos
rescapés
de la ruée
du foncier
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde à Anse Réunion" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 22 avril 2014

Foin de nostalgie

D'un coup sec
avec son sabre affûté
elle décapsule
la noix de coco
Maeva.
C'est sans appel.
Dans ses mots
c'est pareil
pas question
de  niaiser.
Pas question
de s'ébattre en nostalgie
sur le temps d'antan
qui était mieux avant.
Monsieur Ernesta est bien d'accord
il égrène les noms d'îles
où l'on faisait le coprah
ça sonne joli
à mes oreilles
il me les nettoie d'un coup.
Un boulot de forçat.
Là.
Foin de nostalgie
on va pas pleurer non plus
faut le faire
on le fait
demain
on verra...
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Anse Réunion" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau


lundi 21 avril 2014

Le passé en fumée

Il reste une ferme ou deux
sur cette île
pas plus.
Surtout en bas
sur la côte.
Cette île
c'est la Digue
une des plus touristiques
s'il en est
des Seychelles.
Il reste une ferme
avec une petite plantation
de cocotiers
qui produisait
autrefois
l'huile
indispensable
en milieu insulaire.
Depuis
la terre agricole
a changé de nom
et ici
à la ferme de l'Union
on s'emploie
et on emploie
à tour de bras
pour que les feuilles sèches
des cocotiers
disparaissent
dès potron-minet
ça ferait tâche
sur les photos des touristes.
Ecoutez la vie dans cette ferme
un peu particulière
dans "Instantanés du monde à Anse Réunion" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 18 avril 2014

Il est le plus beau des bateaux

Un archipel
comme chacun sait
c'est une poignée d'îles
disséminées
au gré des courants.
Bon.
ça laisse de la place
aux bateaux.
Et aussi aux pirates
mais ça
c'est une autre histoire.
Ici
aux Seychelles
on en construit
et on en construit
encore et toujours
des bateaux.
Presque les mêmes que jadis
en plus gros
plus forts
plus beaux
pour aller plus loin
plus vite
et rapporter plus
de poissons
qui vivent
plus loin.
Forcément
c'est plus cher.
ça rapporte plus?
pas sûr...
Écoutez les charpentiers de marine
jaser
sur cette course à l'échalote
dans "Instantanés du monde à Baie Sainte Anne" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 17 avril 2014

Terre, terre!

Je m'étais dit comme ça
bêtement
forcément bêtement
que pour trouver
des charpentiers de marine
valait mieux
longer les côtes.
Logique non?
On construit le rafiot
et hop
on le pousse dans l'eau.
Joël Morin
aimerait bien penser comme moi
oui mais
les coins de côtes sont rares
aux Seychelles
alors
il a installé son chantier
en plein milieu
de la forêt
assez loin de la mer
pour que je commence à penser
en cherchant ses traces
que ceux qui m'indiquaient la route
me menaient
en bateau...
Trouvé!
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à Baie Sainte Anne" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 15 avril 2014

Aldabra, Farquhar, Coëtivy et autres noms magiques

Nous sommes arrivées en vélo
avec Lindy.
Normal, à la Digue
tout le monde fait du vélo.
Mais nous sommes arrivées un peu trop tôt
notre homme faisait la sieste.
Bon
il a suffit
que l'on s’intéresse
à la longue barque noire
qui reposait dans son jardin
et  Monsieur Ernesta
s'est levé fissa.
Toute sa vie de marin
a déboulé
dans son jardin
d'une phrase
il a fait apparaître
tous ces noms d'escales
comme autant d'îles
surgissant
de l'horizon
avec des histoires de trafic de tortues
que la mer
sauvage
se permet
de reprendre
parfois.
Une épopée
dans un jardin à colibris.
Écoutez ça,  "Instantanés du monde à Baie Sainte Anne" (cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau

lundi 14 avril 2014

Conversation avec un bigorneau

C'est beau hein?
Ah oui c'est beau c'est sûr.
Et après?
C'est un peu ce que je me suis dit
lorsqu'il m'a été fait suggestion
d'aller voir
aux Seychelles
ce qu'un Instantané peut bien trouver.
Parce que quand même
les Seychelles
c'est beau.
Beau
ne veut pas dire
radiophonique.
Mais comme me le faisait remarquer
un proche
"oh, toi, tu pourrais avoir
une conversation
avec un bigorneau,
alors..."
Evidemment que je n'ai pas trouvé
que
des bigorneaux
là-bas!
(il y a des bigorneaux là-bas?)
mais plein d'autres choses
et surtout
des voix humaines
au bord de la mer
et qui en parlent si bien...
Des voix
qui m'ont surprise
émue
touchée
appris plein de choses
bref
une vraie mine
à Instantanés.
Et en plus
c'est beau.
Ecoutez voir, "Instantanés du monde à Baie Sainte Anne" ( cliquez ici, vous entendrez l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 11 avril 2014

De la considération

Non seulement c'est un métier manuel
mais avec un matériau
"pauvre"
genre
qu'on ne paye pas
qu'on trouve
comme ça
dans les champs.
Donc
imaginez
le peu de considération
que peut avoir
ce savoir minuscule
et le peu de valeur
qu'on donne
à ces objets
et
à ceux
qui
les font.
Pour un peu
ça pourrait être
tenez
un passe-temps féminin
voire
un boulot
de "bonne femme"
autant dire
rien.
Ils sont nombreux
à vivre
de l'artisanat
du vacoa
tressé
à Rodrigues.
Un métier qui ne vient
qu'à l'intelligence du coeur
dit-on
un métier qui ne vient
qu'à ceux
qui l'aiment...
Ecoutez les trésors minuscules
que les tresseurs
ont la générosité
de partager
avec vous
dans "Instantanés du monde à Palissade" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 9 avril 2014

On ne vous a pas attendus

On a commencé sans vous
on ne vous a pas attendus
c'est pas parce que
la manne touristique
n'était pas encore
disséminée
plus ou moins généreusement
sur les pentes
de l'île Rodrigues
ce n'est pas
parce que les dames
à peau blanche
ont eu soudain
besoin
tout de suite

d'un chapeau
que Marie-Jean et sa famille
se sont mis soudain, à tresser.
Parce que les dames
à peau brune
ont aussi
besoin de chapeau
tout de suite

et que
mille autres choses
doivent être tressées
pas seulement
des sacs pour le bureau
ou la messe.
Ecoutez les tresseurs Rodriguais
parler de leur gagne-pain
dans "Instantanés du monde à Palissade" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau



lundi 7 avril 2014

Avoir la fibre



Pour ce qui est
de tresser
du vacoa
de l’aloès
ou autre vétiver
Marie-Jean, l'a
la fibre.
Vous le regardez tresser
dans son petit atelier
de Palissade
sur l'île Rodrigues
et ses doigts
parlent pour lui.
Pour ce qui est de causer
c'est une autre histoire...
Ses mots
créoles
sont pourtant
du miel
pour qui l'entend
pleins de parfums
d'histoires
et de nuances
dorées.
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à Palissade" ( cliquez ici pour entendre l'émission)

Photographie©Anne Bonneau


vendredi 4 avril 2014

Regarder passer

C'est comme ça
au village
c'est comme ça
dans les vieilles rues
de Port Louis
c'est comme ça
chez moi aussi
quand quelqu'un passe
sur la route
je lève le nez
je regarde passer.
Comme ici
à Maurice
on regarde.
Et alors
on n'aurait même pas le temps
de sourire
de saluer?
Soyons sérieux.
Et si j'avoue
pendant l'interview
de Monsieur Jacques
que je n'ai jamais goûté
ce gâteau
dont il fait mention
alors là
s'en est trop
il se lève
et s'en va
avant que j'en ai éteint mon micro
m'en acheter
un morceau
à la boutique
d'à côté.
Faut être sérieux.
Ecoutez la vie sérieuse
de ceux
qui savent
regarder passer
dans "Instantanés du monde rue Emmanuel Anquetil" (cliquez ici, fermez les yeux et écoutez)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 3 avril 2014

Le temps libre

Le temps libre
pas obligé
c'est ce temps-là
des boutiques
du vieux Port Louis
où l'on cause
avant de choisir
où l'on cause
avant de décider
à quel prix
on va vendre
on va acheter
où l'on s'en va
et on revient plus tard
où le temps est libre
de filer.
à l'image
de cette ouvrière
pliant
tranquillement
les biscuits maniocs
cuits
sur des grilles
de fer blanc
que fabrique
Monsieur Jacques
dans son atelier
au temps étiré.
Libre.
Ecoutez-le filer
dans "Instantanés du monde rue Emmanuel Anquetil" (cliquez ici, si vous voulez, eh, vous êtes libre, si vous avez le temps, et vous entendrez l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 2 avril 2014

Passez votre chemin, monsieur

Il avait des vues
Monsieur Jacques
à l'époque
sur une jouvencelle.
Il allait en visite
dans la famille
qui tordit du nez
en apprenant
que l'aspirant
était
en vérité en vérité
un ferblantier.
Alors
Monsieur Jacques
a passé son chemin
laissé la belle
et gardé
son métier
de ferblantier.
Ecoutez-le
en sourire aujourd'hui
dans "Instantanés du monde rue Emmanuel Anquetil" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 1 avril 2014

Poisson d'argent

Il y a une fumée
et le métal ruisselle
en poissons d'argent.
Plus de cinquante ans
qu'il en voit
couler sous ses doigts
Monsieur Jacques.
Ferblantier.
Un des derniers
le dernier?
de Port-Louis.
Qui, s'amuse encore
à acheter
un moule en fer blanc
une tirelire bien soudée?
C'est son métier
et c'est son pain
et il a même
des ouvriers
pas des perdreaux de l'année
mais bon
le menu fretin
ne se frotte pas
aux mailles d'acier
du fer
blanc.
De l'or
en vérité
entre ses doigts.
Ecoutez Monsieur Jacques, le ferblantier
dans "Instantanés du monde rue Emmanuel Anquetil" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau