vendredi 31 août 2018

De pierre et de foi


Un pilon de pierre
une vasque de bois
voilà les seuls ustensiles
qu'utilisent les guérisseuses
des îles Marquises.
Avec pléthore d'herbes, d'écorces, de racines, de plantes
à broyer, infuser, macérer dans l'huile
en massage
en pansement
en cataplasme
en bain
à boire et à manger.
Mais aussi
la parole
pour dénouer
et la prière.
Quelle genre de prière
donne Martine en posologie
à ses patients?
"Oh, juste un Notre Père et dix Je vous salue Marie"
Ecoutez-là, dans "Instantanés du monde, dans les brousses de Nuku Hiva" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 29 août 2018

Au calme


Martine est le genre de personne
qui arrête tout ce qu'elle fait
quand on a besoin d'elle.
Et Dieu sait
qu'elle a beaucoup à faire
entre son boulot de chef d'entreprise
sa famille
et
son don.
Car enfin, Martine aime ça
comprendre ses patients
leur préparer des plantes
des décoctions
des bains
et autres fumigations.
Quand je l'ai appelée
il ne m'a pas fallu beaucoup de temps
pour arriver chez elle.
Son  voisin avait la musique à fond.
Pas terrible, pour une interview.
Je lui ai demandé si l'on pouvait aller
dans un endroit plus calme.
Elle m'a dit "oui, je connais"
et m'a emmené là.
Au cimetière de Nuku Hiva.
Pas plus calme
pour parler
de la vie
et du reste.
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde, dans les brousses de Nuku Hiva" (cliquez ici pour entendre les confessions murmurées de Martine sur son métier)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 27 août 2018

Un endroit en vert

C'est vert
c'est frais
et c'est pas du chewing-gum.
C'est loin de tout
et donc
(presque) à l'abri des déferlements de chewing-gum.
C'est un repaire pour les biologistes
les bio-pharmacologues
et les ethno-pharmacologues
aussi.
Bref
tous ceux qui se demandent
comment on a fait
jusqu'à pas longtemps
pour se garder en vie
se soigner
voire
se faire du bien au corps
loin
des grands labos pharmaceutiques.
Pour répondre à cela
j'ai demandé à une dame férue de vert
guérisseuse
à Nuku Hiva
et aussi
à un monsieur
qui a passé un temps fou
à rencontrer
les guérisseuses (et aussi des guérisseurs)
sur tout l'archipel des Marquises
loin des continents.
Ahah, ils ont une palette de trucs
on appelle ça
la biodiversité.
écoutez-les dans "Instantanés du monde dans les brousses de Nuku Hiva" (cliquez ici pour entendre ce duo vert)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 24 août 2018

Crépuscule des princes


Ils sont encore là
ces palais dont j'avais entendu parler il y a plus de vingt ans
et que j'avais toujours souhaité voir
mais bon
la route est longue
vingt ans après
ils sont encore là
pas tous, bien sûr
des 80 villages où ils faisaient resplendir leurs façades fastueuses
il ne reste "plus que " 73
avec des dizaines
voire des centaines
de palais
et quelques ruines
entre les beaux reliefs
de quoi frémir
de quoi rêver
Bernard Dragon et Michel Adment, eux, agissent, avec leur ONG Arche-S
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 23 août 2018

Un chœur, des cœurs


Ceci est une chorale
si si
et le chef de chœur est là, à gauche, tout sourire
je pense qu'il est en train de dire:
"One two three"
et tous de reprendre
"Vel vel vel vel vel Mourouga vel"
Un titre de Susheela Raman
que Johnson aimait bien
et qu'il nous a tous fait aimer
à Sarathavilas
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 22 août 2018

Grand ménage vespéral


Il était cinq heures, l'après-midi
la journée avait débuté douze heures auparavant
dans les chants des oiseaux
et crescendo
quelques entretiens
la découverte d'un village
d'une maison
des entretiens en rafales
une fête aux milliers d'invités
les 40°C de l'été du Tamil Nadu
des prises de sons
des entretiens en cascade
et au retour
des traductions qui n'en finissent plus
et puis soudain
l'orage
La pluie a duré longtemps
fort
plus moyen de s'entendre
Il fallait juste, alors
la regarder tomber
voir s'emplir les vases qui la recueillent
déborder 
ruisseler 
dans la cour intérieure
faisant taire les oiseaux
Photographie © Anne Bonneau

mardi 21 août 2018

Trois jeunes gens dans les champs


Qu'est ce qui attire les jeunes gens au fin fond de l'Inde en 2018?
Ni la Route, ni la liberté, ni les expériences voluptueuses de tous crins
mais ça
ces palais de campagne.
Ils sont jeunes.
Ils sont architectes
ou aspirent à le devenir
et se sont catapultés loin des villes qui les nourrit habituellement
pour se tordre le cou devant des façades monumentales
s'emmêler les cheveux dans les toiles d'araignée habillant les corridors
prendre des photos de colonnes
de pilastres
de balustrades
de corniches
et de plein d'autres choses dont on sait même pas ce que leur nom désignent
Silvia et son sérieux 
Sivang et sa nonchalance 
Vijay et sa gravité
tous vous parlent de ces palais avec tant de chaleur
et de fraîcheur
mordus
absorbés
marqués
à vie
Photographie © Anne Bonneau

lundi 20 août 2018

Sept ans d’admiration


Cela fait sept moussons que Michel et Bernard se sont installés dans le Chettinad
Parcourant les villages
s'émerveillant
et s'émerveillant encore devant cette architecture palatiale incongrue
ne cessant de s'émerveiller
Il faut voir, leurs yeux briller, quand ils entrent chez Selvam
découvrant les peintures murales d'une beauté préservée
ça fait long sept moussons
ça fait beaucoup d'humidité
de degrés centigrades
de trucs qui coincent
d'administration 
d’énergie à déployer
pour mener à bien leur mission de sauvegarde du patrimoine
et pourtant
perdez-les dans un village qu'ils n'ont pas encore exploré
et ils s'émerveillent comme des enfants
sept ans
écoutez leur aventure
leur projet dans le Chettinad 
Photographie©Anne Bonneau


vendredi 17 août 2018

La terre ou le chemin

Ils auraient presque pu
vivre de la terre
s'ils en avaient eu
Bilkiss et Sanjay.
Mais non.
Il n'y en avait pas pour eux.
Alors ils prennent la route
chaque jour
et se sont établis
ambulants.
Vendeurs de verdure
que d'autres produisent
et n'ont pas le temps
- le cran?-
de mener à la ville.
Ecoutez la vie
de ces nouveaux nomades
des îles
dans "Instantanés du monde au Jardin de la Compagnie"
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 16 août 2018

Aimer le vieux

Il faut le savoir
Port Louis
la capitale de l'île Maurice
est une ville qui ferme tôt.
A part quelques exceptions
entre chien et loup
avant les belles de nuit
envoutantes
après les rideaux de fer
des boutiques climatisées.
De ces endroits où les murs ont de la patine
les volets de bois
font office de vitrine
et grincent en s'ouvrant et se fermant.
Il y a là
rue Bourbon
un réparateur de tout
à la boutique obscure
vomissant ses bribes d'objets
sur le trottoir.
Elle est ouverte tard le soir.
Hors circuit.
Non conventionnée.
Ni du neuf
ni de l'antique.
Un entre deux.
On s'y pose
dans "Instantanés du monde au Jardin de la Compagnie"
écoutez
découvrez.
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 15 août 2018

Marché, le off

ça c'est le marché officiel
le grand bazar de Port Louis
certes il sent bon
il est beau
il est vivant
mais
ce n'est pas à côté de ces paquets de brèdes
que nous avons décidé
de flairer
le mode de vie
des Mauriciens.
Non, c'est plutôt vers les brèdes-marron
celles qui se vendent
en off
entre le boulot
et la gare routière
en passant.
Ecoutez d'autres vendeurs
et d'autres clients
des Mauriciens
sans doute moins visibles
dans "Instantanés du monde au Jardin de la Compagnie"
Photographie©Anne Bonneau

mardi 14 août 2018

Vivants!

Ralentissez
c'est dans l'air du temps.
Posez le pas
et vous découvrirez
plus
de vivant!
C'est ce qu'on a fait
autour des Jardins de la Compagnie
à Port Louis
on a flâné près du ruisseau
des murs où poussent les fougères
dans les ombres de fin d’après-midi
quand la ville cesse de pétarader
pour laisser entendre le vent dans les lianes des banyans
et les murmures de ceux qui vivent
ici.
Du vivant et des vivants
à entendre
dans "Instantanés du monde au jardin de la Compagnie"
Photographie©Anne Bonneau

lundi 13 août 2018

De basalte et de sel

On a beau parler d'urbanisation massive
de dégradation de l'environnement
de pollution généralisée
et autres nuisances sonores
insupportables
on a beau râler
et se plaindre
et se rappeler "le bon vieux temps"
et même celui d'avant
force est de reconnaître
que les fondamentaux
n'ont pas
tous
disparus
dans les rues de Port Louis,
île Maurice.
Reconnaissez que l'humanité
peut encore être sauvée
quand au moment où vos jambes vous lâchent
la journée trop lourde
la semaine trop longue
les mois trop lents
les années trop dures
hop
apparaît au coin de la rue
un marchand ambulant
du "truc" qui vous régalait
enfant.
On plonge vers ces sauveurs des rues cette semaine
et on vous y invite
dans "Instantanés du monde, au jardin de la Compagnie" à écouter ici!
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 10 août 2018

Chargez!

Ils arrivent 
les yeux collés de sommeil
parfois au dernier moment
des voitures
déboulent en cataractes
et freinent sec
sur le quai.
Ces gens-là
les passagers des bateaux
assurant ce que le bitume ne peut
entre les terres seychelloises
montent en titubant.
Et à côté
il y a 
les coques de noix
se balançant sur les eaux grasses
avec ceux
qui vivent là
entre l'eau
et l'eau.
S'ils sont à quai
ce n'est que pour charger
décharger
transporter
tout ce que la terre permet de porter.
Sur les cargos 
comme "la Belle Séraphina"
naviguent des bœufs
des vélos
du manger et du boire
du fer et du poisson
des cartons
des ballots
des barils.
La vie.
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 9 août 2018

Orage à l'horizon


Non ce n'est pas la route
entre St Pierre
et Miquelon.
Mais aux Seychelles
entre Mahé et Praslin.
Mais ça ne veut pas dire
qu'on se la coule douce
dans ces eaux-là
quelques tempêtes
de temps en temps
quelques beaux grains
comme celui là
qui dans deux minutes
va obliger les passagers
à se coller contre les vitres
sur le pont
pour éviter d'être trempés
( l'eau de pluie est chaude, faut-il le rappeler, on n'est pas à St Pierre ou Miquelon)
quelques pirates aussi parfois
enfin
plutôt un peu plus loin...
ça bouge un peu sur le cata
ça n’empêche pas
les affamés du petit matin
de dévorer
chips
et éclairs au chocolat
au bar
Ecoutez ce passager Seychellois
fier
de sa première traversée
un exploit
Photographie©Anne Bonneau