lundi 31 août 2020

Tu seras écolo, mon fils




C’est une île

à un jet de pierre de Zanzibar
une île que l’on devine seulement
alors forcément
on a envie
d’aller la voir!
Qui n’a pas envie de découvrir une île ?
Moi.
J’ai le mal de mer
terrible
à vomir pendant les interviews sur des bateaux
bref
je vous raconterai ça, un jour, peut-être,
ou peut-être pas
parce que c’est un peu la honte quand même…
Bref
ce que j’allais trouver à Chumbe
allait bien plus loin
que mes espoirs de Robinsonnade :
une bordée de petits Zanzibarites
en stage d’écologie appliquée
les pieds dans le sable blanc
ou le nez sous les frondaisons habitées de chants
ça me va
Ecoutez, c’est plein d’idées et d’intelligence
Photographie©Anne Bonneau


vendredi 28 août 2020

La traversée


On connait la Narmada pour son barrage
et les vagues de colère
qu'il fit surgir
des vallées paisibles.
C'est grâce à ce fleuve
que les villageois
du désert de l'Ouest
voient de l'eau vive
arriver
à gros bouillons
dans les canaux.
Elle était connue autrefois, la Narmada
pour d'autres prodigalités :
la voie royale
vers l'intérieur des terres
vers des richesses
sylvestres.
Il fallait les voir
dévaler les flots
les fûts
précieux
tant attendus.
Aujourd'hui
on l'enjambe
lentement
sur un canot profond
sans platelage
en équilibre.
Par chance, ce jour-là
la Narmada fut sereine
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 26 août 2020

Enfin, seule!


Je n'avais pas vraiment besoin de guide
mais
il voulait absolument m'accompagner
partout
juste
au cas où.
Bon.
Sympa.
Mais bon.
Quand il a commencé
dès que je pointais mon micro
à commenter
tous les sons
qu'on entendait:
genre
ça? c'est un corbeau!
ça?
c'est la prière de Maghrib!
je trouvais ça beaucoup moins sympa!!!
Dès que j'ai pu m'échapper
j'ai filé
seule
avec mon micro
mes corbeaux
et mon muezzin 
Enfin, seule,
écoutez, c'est bien, dans Instantanés du monde à Bharuch
Photographie © Anne Bonneau

lundi 24 août 2020

Courants contraires


Je l'ai rencontré là 
sur les rives de la Narmada
ce poète
à moins qu'il ne faille dire 
dévot 
saint 
intellectuel 
je ne sais pas... 
Je l'ai rencontré là 
Kabir. 
Où l'on traverse encore le fleuve 
pour venir lui rendre hommage 
que l'on soit 
hindou 
musulman  
sikh 
je ne sais pas... 
Qui il est? 
Je ne sais pas... 
Kabir dit "mon coeur se meurt de vivre
Là, sur la Narmada 
Photographie © Anne Bonneau


mercredi 19 août 2020

Mon ventre et moi


Je ne sais quel rapport vous entretenez avec
votre ventre
mais 
je vous conseille
de rencontrer Vévé
pour avoir
un tout autre regard
sur lui.
Bon.
Vévé donc
est danseuse du ventre
du coup
il faut qu'elle en ait un
de ventre.
ça tombe bien elle adore manger.
Mais en tant que Péruvienne
vivant à Washington DC
il a fallu qu'elle bouge un peu
pour découvrir cet art.
C'est à Paris
en fréquentant des Algériens
que son estomac s'est tordu d'admiration
(si si, ça vous le fait pas vous, sous le coup de l'émotion?)
pour cette danse
des plus
sportives.
Suffit de suivre un cours
de danse du ventre
à Bombay
sans la clim
pour avoir tout de suite envie
de reprendre du dessert.
Ecoutez Vévé parler avec humour 
de son ventre
sa vie     
dans "Instantanés du monde à Bandra" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 17 août 2020

La vie


On a rencontré Véronica
ou Vévé
ou Véronique
ou Véronikita
comme on veut
dans un café branché de Bandra
dans la banlieue chic de Bombay.
Et quand son cappuccino est arrivé
il avait deux fois plus de crème que le mien.
Mince alors.
C'est qu'ici
Vévé
est une habituée.
Et que le serveur sait
son goût
pour la crème
entre autre douceur.
Cette donzelle aime aussi
la musique
les livres
la nourriture en général
et la bonne
bref
la vie.
Au-dessus de sa double-crème
-et de ma jalousie de n'avoir eu qu'une SIMPLE crème
jalousie que j'ai vite abandonnée
parce que
1 c'est aigre et ça se marie fort mal au cappuccino
2 Véronika me l'a faite oublier illico
par
ses éclats de rire
son parcours hallucinant
de Péruvienne
devenue
Shéhérazade
à Bombay!
Une vie
qui donne des ailes
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 14 août 2020

Le ciel te parle


On est parti de bon matin
par très beau temps
et pour ceux celles
sujettes au mal de mer
c'était presque parfait.
Presque parfait
si l'on sait
fixer le regard
tel un buffle en méditation
sur l'horizon
sans penser à rien.
( Bon depuis, j'ai compris qu'il y a d'autres solutions que de ne penser à rien en bateau, pour ne pas avoir le mal de mer, là, par exemple)
On est  je suis arrivée sur l'île
donc
encore frais fraîche.
Sitôt le pied à terre
tout va bien.
Et puis
au fur et à mesure
que Tristan
déroulait le fil de l'histoire
de cette île
au fur et à mesure
que remontaient 
les mots de Jean Marie Le Clézio
la quarantaine
les feux
la maladie
les bûchers
le ciel
lui
se couvrait.
Tant et si bien
qu'à la fin 
de l'histoire
Plate et Gabriel
n'avaient plus rien
d'un refuge
et même 
un air
glaçant.
Les éléments
à l'unisson.
On rentre?
Ecoutez cette histoire cruelle et magnifique
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 13 août 2020

Les derniers vivants

Il n'est pas venu les mains vides
Tristan Bréville
sur l'île plate
apportant avec lui
les traces
de ce que pouvait être
la vie
ici
avant.
Il avait ces photos
des hommes
des femmes
et même
de Jeannette
l'ânesse
ravitaillant les gardiens du phare
piqué tout en haut.
Aujourd'hui
il ne reste personne
sitôt le soleil couché
sur Plate
et sur l'îlot Gabriel, en face.
Nous sommes seuls
tout en haut de la colline
le soleil descend
il faut le suivre
"Nous sommes les bourriques de l’île Plate, maintenant
dit encore Tristan
avant
de cliquer
encore
une photo
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 12 août 2020

Que reste-t-il?


Que reste-t-il
de leurs amours
que reste-t-il
de leurs beaux jours
que reste-t-il
des long trépas
de ceux 
qui ont attendu là?
Que reste-t-il sur l'île Plate
qui n'ait été rongé
par le sable
les jacinthes
la cupidité
et l'oubli?
Encore quelques pans de murs
de ci de là
et la mer
qui rejette
parfois
sur les criques
des trésors
enfouis.
Nul ne les cherche
les visiteurs plongeant plus volontiers
leur regard
dans les bleus
que dans le sépia
d'une histoire
presqu'oubliée.
Que reste-t-il?
Ecoutez Tristan Bréville en parler
à l'unisson
de la mer
du vent
des ailes d'un paille-en-queue qui vous frôle
Photographie©Anne Bonneau