lundi 30 avril 2012

La quête

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Je m'étais dit comme ça, tient, si je faisais un sujet sur les roses
Vu que c'est quand même cette région de Chine, peu ou prou, qui nous a donné nos remontantes
entendez, celle qui fleurissent tout l'été, comme des grandes
pas des églantines à cinq pétales
Mais non, j'ai rien contre les églantines à cinq pétales et leurs sœurettes!
mais bon, c'est pas du lourd hein...
ça m'apprendra
à vouloir faire la grenouille devant le bœuf
A chercher du lourd
j'en ai trouvé
pas vraiment ce que j'avais dans mes rêves d'occidentale-pâmée-dans-la-roseraie...
Mais du lourd, ça oui...
A écouter, dans "Instantanés du monde, à Jingning"

vendredi 27 avril 2012

Madame Petits Pieds

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"Si tu veux l'interviewer c'est maintenant! Pas sûr qu'elle soit encore là la prochaine fois que tu viens"
Elle a 96 ans, celle que Delphine mon interprète a appelé "Madame Petits Pieds"
A cause de ses pieds
bandés
une des dernières Chinoises avec les pieds bandés, sans doute...
Bon, ben allons-y
Par chance, Madame Petits pieds n'est pas sourde
Elle ne voit pas trop clair
et parle beaucoup, en bougeant les bras
elle donne de grands coups dans mon micro
je jongle
elle entrecoupe ses phrases, dix fois de suite, de "Vous voulez du thé? de l'eau chaude? un biscuit? il faut manger avec nous!"
non, pas dix fois de suite
vingt fois
trente
Delphine s'étrangle de rire
remercie cent fois
mille
Elle veut nous montrer ses petits pieds
elle est fière
Moi je dis oh non
ça va aller
tient, on va manger un biscuit plutôt
Elle parle, elle parle, elle parle, et avec elle, on plonge dans un roman incroyable
Dans sa vie
Ecoutez-là, Madame Petits Pieds dans "Instantanés du monde, à Tuanshan"

jeudi 26 avril 2012

de paille et de pierre

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Monsieur Zhang prend le temps de discuter, dans la cour de sa splendide maison rongée par le chaos de la vie
Il est né dans cette chambre-là, juste derrière lui
Où l'on tresse aujourd'hui un peu de paille, pour gagner quelques sous
Ses ancêtres avaient fait fortune eux, dans les mines d'étain
"On raconte qu’ils ont gagné tellement d’argent – L’argent c’était des pièces de bronze à l’époque- qu’ils le stockaient au premier étage de cette maison : il y en avait tellement qu’un jour le plafond s’est écroulé ! L’étage avait toujours été un espace pour conserver les choses : on habitait au rez-de-chaussée, et on stockait tout au premier étage. Tout était construit en bois très solide. Mais il y avait tellement d’argent que le plancher s’est effondré ! Ils ont alors construit une autre maison encore plus vaste, qui est celle-ci, où l’on se trouve aujourd’hui."

A écouter, dans "Instantanés du monde, à Tuanshan"

mercredi 25 avril 2012

Un relent de... littérature?

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Je ne sais pas si c'est l'arrière goût de révolution culturelle
qui redistribua terres et palais au peuple chinois
sur toutes les lèvres ici
dans toutes les cours
encombrées de bric et de broc et de dizaines de familles
ou si c'est le nombre incroyable de toilettes publiques
au village de Tuanshan
à tous les coins de rues
de ruelles
et de placettes
qui m'a fait replonger illico
dans le roman "Brothers" de Yu Hua
enfin, replonger, j'entends, hein
vu que les toilettes ici sont comme dans le livre
publiques
spartiates
et communautaires
Non, je ne vais pas vous les décrire, au cas où vous seriez en train de siroter un petit café, tranquille
ceux qui ont lu "Brothers" comprendront...
les autres?
qu'ils le lisent! je recommande! vous comprendrez...
En savoir plus sur ce village communautaire aux relents de... passé, dans "Instantanés du monde à Tuanshan"


lundi 23 avril 2012

Fortune et décadence

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Monsieur Zhang, ancien propriétaire de ces maisons-palais du village de Tuanshan évoque la vie de ses ancêtres, au début du XXème siècle

" Leur fortune a été presque entièrement dépensée pour construire cette maison. Ils ont payé très cher pour faire cette construction. Chaque jour il y avait entre dix et vingt carrioles qui apportaient du matériel : du bois, des tuiles, des briques, etc. Ils voulaient absolument que l’on paie tout de suite le moindre fournisseur : on payait aussi la main-d’œuvre, les ouvriers qui construisaient les portes ou les fenêtres : il y avait une façon un peu spéciale de les rémunérer : ceux qui fabriquaient ces portes et ces fenêtres à claires-voies, étaient payés en fonction du bois qui était extrait de leur planche : on pesait les copeaux de bois qu’ils avaient sculptés et on leur donnait autant en argent, le même poids ! C’était un travail magnifique d’une grande finesse, mais qui a coûté très cher ! Les artisans étaient payés chaque jour. C’était une tradition de la famille : ne jamais devoir d’argent à personne sitôt la nuit tombée !"

Pour savoir, pourquoi ces palais ont des airs de squats aujourd'hui, écoutez "Instantanés du monde, à Tuanshan"




vendredi 20 avril 2012

Où mes pas me mènent

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Pourquoi diable me suis-je arrêtée à Weishan?
Bah
c'était sur la route
le genre d'endroit où "il n'y a rien à voir"
Tout ce que j'aime
rien de spécial
ni grande muraille ni grands buildings
la petite ville
la petite vie, quoi
Avec des ruelles tranquilles et des parfums de gâteaux qui cuisent
et la pollution infernale des faubourgs qui vous oblige à porter un mouchoir sur le nez pour ne pas suffoquer
et à crier pour se faire entendre
la vie quoi
dans une bourgade chinoise
Un quotidien exotique pour mes deux comparses Chinoises très urbaines...
Ecoutez leurs réactions, dans "Instantanés du monde à Weishan"

mercredi 18 avril 2012

Un battement de paupière

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Des panneaux de bois qui grincent
ce n'est pas le début de la journée
c'est avant
l'heure où l'on sort les oiseaux dans leur cage
Pour qu'ils profitent des premiers rayons
l'heure où la peau aspire un peu de la tiédeur du soleil d'hiver
l'heure où l'on regarde les autres passer
avant, le début de la journée
une petite parenthèse, qu'à la rigueur, on justifie par une tasse de lait, d'eau chaude, ou tient, même, de thé
avant le jour
avant l'action
La vie de campagne en Chine, c'est dans "Instantanés du monde à Weishan"



lundi 16 avril 2012

A toute vapeur

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On a les doigts gelés, le petit matin à Weishan
surtout si l'on vient de récolter deux hottes de ciboulette dans les champs mouillés de rosée
Alors c'est bien naturel de faire une pause petit déj'
dans la rue
les mains collées sur la tasse de lait de soja sucré et chaud
la soupe de pois
le bol de nouille
les gâteaux de farine de fèves vertes ou violettes cuits fissa à la vapeur
on mange
et on reprend qui sa hotte de bambou, qui son faix et ses paniers
et l'on se replonge dans la vie
à petits pas
réchauffés
d'autres moments dans une bourgade chinoise du Yunnan, d'autres saveurs, dans "Instantanés du monde à Weishan"

vendredi 13 avril 2012

Jusqu'ici tout va bien...

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Bis
Je l'ai déjà dit en début de semaine, mais c'est vrai
c'est vrai que souvent, bien souvent, très souvent, les portes s'ouvrent
Ici aussi, à Shatian, dans la plus grande mosquée du Sud-Est asiatique
et que les gens causent, dans mon petit micro qui sait se faire discret
Mais là, à Shatian, frère Wang- le chef de la sécurité-  a la causerie sirupeuse de la langue de bois
Un entretien qui dure des heures ( enfin, un temps infini qui me semble des heures vu que le gars, au fur et à mesure de l'interview recule dans son fauteuil, que j'en n'ai plus le bras assez long ultra tendu pour capter ses mots dans mon micro, ça fait mal!!!!)
et qui dit et redit tout va bien
tout va bien
tout, tout va bien
juste ça
rien que ça
L'interprète rigole:
" Tu crois quoi, qu'ils vont parler?"
entendez, des massacres qui eurent lieu il y a quelques années ici, au coeur  de la communauté musulmane bien implantée aux rives du triangle d'or... une histoire de trafic et de jalousie... et de l'impact que cela peut avoir sur l'image des musulmans de Chine, aujourd'hui...
Bref
L'interprète rigole
"Tu n'auras que la version officielle! c'est ce que tu veux?"
"Ben non, mais toi, tu peux me raconter? je peux t'enregistrer?"
"Ben non"
voilà.
sinon, le frère Wang nous a gavé de gâteaux à 10 millions de calories la bouchée, à l'image du sirop qu'il venait de nous servir
cherchez pas 
dans aucun "Instantanés"
y'a rien à écouter



mercredi 11 avril 2012

A boire et à manger

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Je n'avais pas posé ma deuxième question de l'interview à Mademoiselle Zhang que sa maman s'activait déjà autour de nous comme une abeille
A tant parler, il nous fallait boire!
A tant boire (du thé, je précise, on est en Chine, et chez des musulmans qui plus est...), il nous fallait manger!
Ben alors
Alors un banquet de grignoteries sucrées-salées prend place comme par magie sur des plateaux tout autour de nous
Avec une dame qui nous enjoint à manger, à goûter, à boire
ça fait des scruntch durant l'interview
et des clics de graines de tournesol que l'on casse, entre les mots
Bon
Mais que je débute l'interview avec Madame, elle panique
Forcément
Je lui demande quelles sont les spécialités typiquement musulmanes qui ont été conservées ici
Olala
elle répond, inquiète : "Vous avez faim? Vous voulez manger? Je peux tuer une poule!"
A écouter, dans "Instantanés du monde, au village du lotus de l'Est"

lundi 9 avril 2012

Porte ouverte

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C'est Mademoiselle Zhang qui nous a ouvert la porte
On cherchait son père
Le maître d'école
Elle, est institutrice
Son père s'étant absenté, c'est avec elle, que nous avons engagé conversation-interview-séance de photo et promesse de revenir la voir en son village, bientôt
Je m'étonne toujours du naturel avec lequel de parfaits inconnus peuvent m'ouvrir leur porte...
L'accueil est certes dans le sang des villageois de Donglianhua, une étape sur la route ancestrale du thé et des chevaux
mais quand même
Vous feriez pareil, vous?
Je ferais pareil, moi?
Mmm
Seul bémol, sa maman, qui lui reproche de n'avoir pas changé de chaussures, quand même, quand on parle avec des étrangers!
Non mais


vendredi 6 avril 2012

A la conquête des étoiles

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Je me demande ce qu'ont dû penser les maîtres et les moines taoïstes quand ils ont vu arriver Jingxiu - qui s'appelait encore Karine- chez eux, la première fois...
Aujourd'hui la Française est une star
Shiao se moque d'elle et l'appelle "TV Star"
Aujourd'hui, elle est invitée par les médias
reconnue par les religieux
A l'aise dans ses ballerines
elle côtoie les étoiles
rêve de s'en approcher définitivement
sur la montagne Weibaoshan
Peut-être, un jour, cette femme sera l'abbesse du temple de la Mère des étoiles
Elle vous raconte son magnifique parcours- je n'ose dire son ascension-  dans "Instantanés du monde à Qingxiagong"

mercredi 4 avril 2012

Des vertus thérapeutiques de la musique taoïste

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Ce ne sont pas des perdreaux de l'année, tous
tous ces musiciens qui officient pour les rituels de la consécration du temple de Qingxiagong
Non stop, du matin au soir, ils n'arrêtent pas
Ils mangent peu
végétarien
-comme tout le monde, ici, au temple-
et ils jouent
des airs qui paraissent tous semblables
sauf quand vous voulez faire du montage, là, vous entendez que ce ne sont pas DU TOUT les mêmes
des airs qui sont composés en référence au cinq éléments 
et qui ont une influence bénéfique sur nos cinq organes
l'air de rien
ces airs taoïstes, vous les entendez dans "Instantanés du monde à Qingxiagong"
Allez-y, sans modération
c'est bon pour ce que vous avez

lundi 2 avril 2012

Comme par hasard

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La première fois que j'ai vu Jingxiu, c'était dans la vidéo d'une grande expo parisienne sur le Tao
Bon sang qu'elle était sage
et puis, par hasard, j'ai travaillé avec Shiao en Chine, qui m'a parlé d'une Française, maître de rituel, moine taoïste
je me suis dit tient, et si par hasard, c'était la même?
Shiao me soutenait mordicus qu'il n'y en avait qu'une Française maître de Tao en Chine
Ah bon?
Alors quand j'ai croisé Jingxiu à Weishan pour la première fois je me suis dit, ah non, c'est pas elle
La vraie, là, devant moi, riait aux éclats, racontait des blagues et vous tapait dans le dos
Ah non, c'est pas la même
Ben si
la même, mais sans la caméra qui la capte grave et sage
Nous, on les a gardés, ses éclats de rires et sa spontanéité dans "Instantanés du monde à Qingxiagong"