vendredi 30 mars 2018

Cachez tout

Autrefois à Zanzibar
les donzelles arboraient
des kanga colorés
leur cachant corps et tête
et laissant dans leur sillage
des arc en ciel 
et des mots d'esprits
car en bas de chaque kanga
est écrite une maxime
de propagande politique
ou des mots d'amour
ou de bon sens
une injonction
ou un peu d'humour
bref
du sens.
Fini.
Aujourd'hui
la mode
c'est ça
le noir dessus
tout le reste
c'est caché.
Ne reste plus
que le parfum
qui flotte derrière
ces femmes
sans sourire.
Car enfin, sourire est une invite.
Ecoutez "Instantanés du monde à Mkunazini" (cliquez ici pour l'entendre)
pour savoir
ce qui se fait
ou pas
ici.
Photographie©Anne Bonneau


mercredi 28 mars 2018

Noir ou blanc?

Ici c'est clair
à Zanzibar
c'est blanc
et
noir.
Blanc le premier voile de leur dix ans
et noirs
à l'âge d'être coquette
c'est comme ça 
c'est la mode.
Ces petits voiles-là
les gamines jouent avec dans les rues
font les toupies
ça tourne bien autour de la tête.
Bon.
Une jupe à volants ça tourne aussi bien.
En tout cas
ce ne sont pas les scores de foot
inscrits blanc sur noir
dans la rue
qui font tourner la tête
de ces filles-là.
Ecoutez les femmes Zanzibarites
parler des usages et coutumes du voile
mais pas du foot
dans "Instantanés du monde à Mkunazini" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 26 mars 2018

Du bon usage de la ficelle

Deux ficelles
tendues
sur les murs
d'une ruelle de Zanzibar.
C'est la boutique en plein air d'Hassan.
Le banc maçonné longeant la façade sert d'étal
et c'est parti pour une journée de vente de kanga
ces cotons imprimés servent de voile
aux dames sérieuses de Zanzibar.
Ils servent bien aussi parfois
de paréo
aux occidentales partant à la plage
avec leur mini-bikini-ficelle.
Du bon usage de la ficelle donc,
ils en parlent
dans l'Instantané du monde de la semaine!
Du regard que l'on porte
sur elles
et elles
ça ne manque pas de piquant!
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Mkunazini" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 24 mars 2018

Le temps de vivre

Janine ne me parle que de son travail
de tout ce qu'on peut faire
ici
dès que l'on s’intéresse
de près
aux richesses de la nature.
De ce que l'on peut trouver
transformer
magnifier
ma parole
elle n'arrête jamais!
Janine éclate de rire.
"Mais si, il nous faut du temps pour se relaxer le corps quand même!"
Et prendre soin des autres
comme ces dames
qui ronronnaient de joie
et d'encouragements
en baignant leur cochon
dans le lagon.
La vie, quoi.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre les dames, le cochon et le lagon!)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 23 mars 2018

La couleur de ma terre

On le sait ici
que les teintures naturelles
vont beaucoup mieux au teint. 
On sait
comment teindre
la fibre
en jaune-gingembre
brun-filaos
mauve-bananier.
Toutes ces connaissances
des végétaux tinctoriaux
se transmettent
de génération en génération.
Bon
mais là
les nouvelles générations
boudent l'île
et ses couleurs.
Perdu le brun écorce de filaos?
Le mauve tronc de bananier?
Il reste encore des irréductibles teinturiers
je les ai rencontrés
écoutez-les dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 22 mars 2018

De l'or, de l'or!

ça, de l'or?
Ces coquillages minuscules et même pas impressionnants?
Voilà
qui en dit long
sur nos façons de voir
les choses
le monde
la vie.
Car ici
à Raivavae
le Pupu est de l'or.
Un or amassé grain à grain
trié dans le sable
où il s'enfouit
et lavé
percé
teinté
enfilé
en des dentelles de colliers
qui portent tout l'espoir du monde
de voir revenir l'être aimé
que l'on couronne ainsi.
De l'or.
Oui.
Ecoutez les Mama en parler, dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre l’émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 21 mars 2018

Accord terre-mer

Y'a deux façons de vivre ici.
Aller pêcher
ou cultiver.
En vérité en vérité
il n'y a pas de ou
mais un et.
Pêcher et cultiver.
Un petit accord terre-mer
comme disent les menus de restaurants chics.
Comme ici
dans le lagon de Raivavae.
Des bananes mises à mûrir dans le lagon.
Un truc genre agneau de prés salés? 
Que nenni
juste la solution
pour que les rats
ne bouffent pas les bananes. 
Ecoutez la vie de là-bas
dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entrer dans la vie des Raivavae)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 20 mars 2018

Mère-fille

Elle ne quitte pas sa maman d'une plante de pied
et rit à gorge déployée
quand il s'agit de donner un coup de main
pour laver les coquillages.
Secouer des bouteilles
telles des maracas
ça
c'est drôle.
( surtout quand il y a une Anne Bonneau qui se réjouit de cette petite musique impromptue...)
Janine est ravie
toute à sa conscience
de la transmission.
Un savoir
que les ancêtres leur ont transmis
et qu'elle tente
elle aussi
d'offrir comme panoplie
aux insulaires vivant ici.
"Tellement de choses se sont déjà envolées!"
Ecoutez-la se réjouir
écoutez-la en rire
dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 19 mars 2018

La fibre artistique

"On a tout ici!"
C'est ce que m'ont dit la plupart des insulaires
que j'ai croisés dans le Pacifique.
Tout sous la main
suffit de
suffit de
oui
suffit de
savoir voir, comprendre, faire.
Tenez par exemple
cette fibre-là
ne se trouve pas sous le pied d'un cheval
- cheval qui se fait rare à Raivavae...-
mais bien entre l'écorce et le tronc.
Suffit de suffit de suffit de
détacher l'écorce
la faire tremper des semaines dans la rivière
avant d'obtenir
ces rubans lisses
prêts à colorer.
Ah oui ça prend du temps.
Mais comme on vous dit 
"On a tout ici"
Tout
inclut aussi
le temps.
Ecoutez-le passer dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre le temps, et les gens...)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 18 mars 2018

Vue d'ici

Voilà, c'est ça
leur vue
à Janine et Calixte.
Leur vue du quotidien
du soir au matin.
Et pourtant
sur six enfants
quatre ont déjà filé
ailleurs
et rêvent
de gris.
Pourtant elle ne cesse de le dire
Janine
"La vie, elle est ici!"
On la croit.
Pas celle de ses enfants.
Vous trouvez ça triste?
Normal?
Ecoutez, une tranche de vie
ici
avec cette vue
et vous comprendrez pourquoi
la vie
peut aussi
ne pas être là
c'est selon.
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 16 mars 2018

Demain devine

Elle sait.
Elle sait tirer les baguettes
divinatoires
elle sait s'attirer
l'attention des divinités
celles qui parlent
qui disent
qui promettent
ou suggèrent.
Elle le fait pour les autres
ceux qui lui demandent
un chemin à prendre.
Bien sûr que je lui ai demandé.
La déesse a souri.
C'est pas mal
mais il faut persévérer!
Ecoutez Ah Yam Ti vous ouvrir aux arcanes
de l'art divinatoire
dans "Instantanés du monde à Port Louis"
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 15 mars 2018

Temps morts

Elle passe des temps fous
Ah Yam Ti
chez les morts
des temps de prière
des temps à les alimenter
en fruits et en encens
aux côtés de sœurs qui elles
sont payées pour ça
dans les pagodes.
Mais enfin ça lui plait
de se poser dans tous ces lieux
où la vie se retire
où le brouhaha disparaît
en plein cœur de la ville
à Port Louis.
Ecoutez Ah Yam Ti chuchoter entre les morts
dans "Instantanés du monde à port Louis"
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 14 mars 2018

Jeux de filles

Un tripot pour dames?
Une sorte de!!!!
En tout cas,
quand Ah Yam Ti m'a dit
"Je vais voir des copines, viens si tu veux"
les donzelles n'avaient pas l'air ravies de me voir débarquer
comme un reporter dans un jeu de mah-jong.
Oh eh
c'est sérieux hein.
Même ma dame avait l'air mal à l'aise
on n'est pas restées longtemps.
Je soupçonne
oh je plaisante
les billets d'être ressortis fissa derrière notre dos.
Ne vous fiez pas à une vieille dame permanentée.
"Instantanés du monde à Port Louis"
Photographie © Anne Bonneau

mardi 13 mars 2018

Du chinois

Sur les étiquettes de cette boutique
que du chinois.
Vous êtes à l'île Maurice
et vous ne vous attardez pas dans ce genre d'endroit
si vous ne savez
ce dont vous avez besoin.
La dame que j'ai suivie ici
sait exactement
ce qui sera nécessaire
à sa prochaine séance.
On ne sait pas encore de quoi il s'agit précisément
mais enfin on la suit.
Il est question de choses étranges
et de non moins étonnantes
conversations
avec
l'au-delà.
Vous nous suivez?
Elle vous dit tout
de ses liens extra-ordinaires
dans "Instantanés du monde à Port-Louis"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 12 mars 2018

Fan des réseaux

Cette petite madame
à l'île Maurice on l'appelle
une "dame parasol"
une de celles qui déambulent dans les rues de la capitale
sourire aux lèvres à demeure
main croisées dans le dos et démarche leste
glanant au fil des ruelles
des infos.
Une précurseuse en somme
de ce que nous nous vantons d'avoir inventé hier
les réseaux sociaux.
Sauf qu'elle
et ses commères de la même farine
sont des championnes du réseau
les yeux dans les yeux.
Ecoutez la vie d'Ah Yam Ti
dans "Instantanés du monde à Port Louis"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 9 mars 2018

Roule galette

Il arrive toujours des moments
lorsque je suis en observation
entre deux interviews
captations de sons
prise de note
juste le regard posé sur la vie alentour
il arrive souvent
que l'on me propose
de mettre la main à la pâte
puisque je veux rester là.
Evidemment en tant que donzelle
je n'ai pu échapper à ma condition de cuisinière
et donc j'ai dû faire mes preuves
de ma capacité à rouler un papad correctement.
J'ai essayé sans rechigner
au contraire.
Je n'ai fait que la preuve de ma maladresse
et de mon incompétence en la matière
et pourtant je jure que je me suis appliquée.
Déjà sans moi les rires fusaient chez Lijjat
mais là
voire une "gori" rouler un papad
en forme de carte de France
ça n'a fait que renforcer l'hilarité.
Ecoutez les femmes vives de Lijjat
dans "Instantanés du monde à Bandra Station"
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 8 mars 2018

La vie de base

Il ne faut pas grand chose
pour pouvoir vivre
de ses propres ailes.
C'est ce que s'est dit Lijjat
une organisation souhaitant aider les femmes
à prendre leur vie en main.
Fabriquer et vendre des papads
ça ne coûte rien
si on vous aide.
Il ne faut qu'un petit rouleau de bois
et un de ces magnifiques panier de bambou
pour faire sécher les papads au soleil.
De ces paniers tressé dans les banlieues de Bombay
par des familles entières
vivant aux bords des rues
et tressant le jour durant
sous le regard indifférent des usagers de la route.
Un panier comme ça ne vaut pas grand chose.
Un papad non plus.
Mais c'est de ces riens minuscules
qu'elles vivent
enfin
des jours pleins
de l'aurore au crépuscule.
Suivez leurs pas menus
dans "Instantanés du monde à Bandra Station"
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 7 mars 2018

On est aux pièces

Vous vous levez hyper tôt pour aller travailler?
Elle aussi.
Dans toutes les mégapoles du monde
on se ressemble
des trajets qui durent
qui participent à la vie du jour
et qui parfois ne comptent pas
et pèsent.
Parce qu'ici
c'est au nombre de galettes
de papad pour être précis
que vous êtes payées.
Venir tôt le matin
pour livrer sa fabrique du jour
et repartir plus riche
et les bras plein de pâte fraîche.
Lijjat est une organisation qui a compris
le mode de vie de tous ces urbains
étirés en banlieue lointaine
ou comprimés en bidonville au cœur des villes
souples.
On vous y emmène pour la journée
Photographie © Anne Bonneau

mardi 6 mars 2018

Bus stop

Il n'y a pas de bus
pour aller là où elles vivent
et pas facile de traverser
toutes les banlieues
avec un sac de 10 à 40 kilos sur la dos.
Même si la banlieue de leur employeur
la de-plus-en-plus-chic Bandra
est à un jet de pierre
de la-plus-en-plus-peuplée Dharavi
où elles travaillent.
Un jet de pierre et des autoroutes
des rails
des zones urbanisées bardées de portes et de clôtures
bref
un parcours du combattant.
Alors Lijjat a mis en place un minibus
qui se glisse jusqu'au cœur des bidonvilles ou presque
et qui fait le lien
entre les employées porteuses de galettes
et les cuisines de la société.
Un business décomplexé
c'est dans "Instantanés du monde à Bandra Station"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 5 mars 2018

Galette de survie

Elle n'a l'air de rien
bien modeste
elle fait à peine partie du jeu
un petit bonus à l'heure du déjeuner
le papad accompagnant le biryani.
Rien de bien précieux
farine de lentille
que l'on fait frire en deux secondes
et voilà
c'est prêt.
Minuscule et incontournable néanmoins
des repas indiens.
Evidemment si Instantanés du monde s'y intéresse aujourd'hui
c'est qu'elle fait vivre
des armées de minuscules.
Des femmes
des pauvres
des enfants
des à la rue.
Cette galette, ce papad est un miracle
découvrez-le dans "Instantanés du monde à Bandra Station"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 2 mars 2018

Une parenthèse

Des pétards, des cuivres, des tambours 
des flûtes qui jouent sans arrêt des mélodies de six secondes
six secondes, je suis sûre, j'ai chronométré
du matin au soir
des psalmodies lancinantes
auxquelles je ne comprends rien
et qui durent, des heures
des satins brodés, des couleurs, des jeux de manche, des bannières qui claquent
S'enfuir...
dans un temple adjacent, sur la montagne Weibaoshan
et se retrouver seule, ou presque, dans le silence d'oiseaux invisibles et des clochettes de toits immobiles, ou presque
Un homme est là, qui fume une cigarette
ses volutes semblent lui inspirer des pensées profondes
la gardienne du temple coud des semelles de coton
des points menus
pas de vent
pas de nuages
pas de parfums
pas d'action
pas de rêve
chut.
Photographie©Anne Bonneau