jeudi 31 mai 2018

Quant à soi

Il y a des maisons superbes à Goa
comme celle
de René Mendès
qui vous reçoit avec chaleur
pour causer patrimoine
et
tourisme.
Il y a des maisons superbes
pleines de pièces et de vérandas
dans lesquelles on aimerait se poser
alors bien-sûr on se renseigne
serait-il possible
de voir ces augustes demeures
transformées
ou au moins dévolues en partie
en chambres d'hôtes
guest house
et autre bed and breakfast?
René sourit
et avoue que les Goannais
adorent recevoir
et faire la fête
mais aussi que bon
entre l'heure de la sieste
et celle de l'apéro
pas sûr qu'ils trouveraient le temps
de s'occuper de leurs hôtes...
Le redac' chef du Goan Observer ajoute que rien n'est fait
par les autorités
pour développer les projets des particuliers
en revanche
les hôtels cinq étoiles qui doivent demander permis
sont des projets
nettement plus
rémunérateurs...
Prenez un cours de tourisme appliqué
dans "instantanés du monde à Goa, en technicolor" (cliquez ici pour écouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 30 mai 2018

Drogaria popular

Dans cette boutique aux allures surannées
vous trouverez tout
toutes les drogues permises
et prescrites.
Dehors c'est plutôt
drugs, sex and rock'n'roll
bien que
à y réfléchir
je crois qu'on est plutôt jazz
à Goa.
Bon
tout ça pour dire
et décrire
avec la veine journalistique animant le rédac' chef du Goan Observer
que sa cité
n'est plus que
le règne de toutes les mafias
charriant dans leurs sillages
ma foi
fort peu de rock'n'roll.
"Purs produits du système de corruption"
c'est ainsi
aussi
qu'il qualifie
les visiteurs les plus nombreux
de 
Goa.
Il en balance bien d'autres.
C'est instructif.
Et c'est dans "Instantanés du monde, à Goa, en technicolor" 
et vous comprendrez alors cette pointe d'ironie
dans le titre
de cet Instantané.
Ecoutez-le, ici
Photographie © Anne Bonneau

mardi 29 mai 2018

ça passe

Quand les pluies de mousson
s’abattent sur Goa
tout le monde dégaine le parapluie
et barbote jusqu'aux chevilles
dans l'eau tiède.
Et on poursuit sa route.
Les parapluies se croisent et se chevauchent
sans jamais
ne vous perforer un œil.
ça passe.
Un art de l'anticipation
qui se cultive depuis des siècles
sur cette terre de passage
de brassage
je n'ose dire
de métissage.
En tout cas un art de se côtoyer
sans
trop
se blesser.
Un art dont les Goannais ont bien besoin aujourd'hui
dans les grandes déferlantes
de touristes
qu'ils voient s’abattre
tel un orage de juin
sur leur tête.
On en parle
dans "Instantanés du monde à Goa, en technicolor" (cliquez ici pour écouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 28 mai 2018

S'y croire

On peut sans doute s'y croire
quand on se ballade dans le quartier de Fontainhas
on peut se croire
au Portugal.
Entre le bleu le blanc
les autels-chapelles-oratoires et autres nids
qui pour Jésus
qui pour Marie
et autres consorts
oui oui
on peut se croire
là-bas
à Goa.
D'ailleurs il y a toujours
un petit flux
de Portugais
qui viennent ici
en pèlerinage.
Bon 
loin derrière
les Brit' et les Russes
et loin aussi
derrière les Brésiliens
qui ont aussi
peut-être
des ancêtres Goannais
à retrouver
au moins
dans leur rêves.
Ecoutez la Babel
qu'est devenu Goa aujourd'hui
dans "Instantanés du monde à Goa, en technicolor" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

dimanche 27 mai 2018

Vous en rêviez?

Ils en ont rêvé
alors ils ont pris la route
eh oui à cette époque on pouvait encore.
Prendre la route
au lieu de prendre un charter
en fait, on disait "faire" la route
comme on dit aujourd'hui
"L'Inde? Je l'ai fait"
genre se prendre pour Dieu himself
juste parce qu'on y a passé huit jours.
Pour faire la route
fallait un peu plus de huit jours.
Mais quand on arrivait
à la fin des années 60
sur les essieux du combi Volkswagen
jusqu'aux premières plages du nord de Goa
ok
on les avait sans doute méritées!
Les plages sont toujours là
certains hippies aussi
mais le chaland moyen
arrivent plutôt en container
je veux dire
en charter.
Ecoutez les vieux de la vieille en parler
de l'histoire du tourisme à Goa
dans "Instantanés du monde à Goa, en technicolor" (cliquez ici pour entendre l'émission)
et puis
rêvez...
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 25 mai 2018

Le contraire du morne

Oui oui
c'est bien le Morne
emblématique
de l'île Maurice
mais sur sa face B.
Pas celle des hôtels de luxe
celle de l'Histoire.
Tristan Bréville vous la raconte
Amitav Gosh vous en raconte une autre
Troublant
comme les deux
se croisent
et comme on se sent 
impuissant
à sauver
ce qui existe
encore 
peut-être
les preuves
de cette Histoire
des écrits
des dessins
des objets
des refuges
qui sait...
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 23 mai 2018

Fraîcheur et décomposition

Elle ne fait pas un bruit
il monte des berges
des parfums d'algues nues
des trucs qui tournent mal
il y a une croix
piquée
dans les eaux
cristallines
il y a des histoires
de refuges
cachés
de cyclones
meurtriers
derrière
le bleu
et l'ombre fraîche
de trou Chenille.
Il se passe des choses ici
Ecoutez ces histoires
Photographie © Aristide Hiegel

lundi 21 mai 2018

Un homme qui parle

Lui c'est sûr
vous lui tendez votre micro
il a toujours
toujours
toujours
un truc
passionant
à vous raconter.
Tristan Bréville. 
Cet homme-là
il n’y a pas mieux 
pour converser 
dans un petit chemin cabossé 
au bord de l’eau 
d’un lagon à marée basse,
aux bleus insolents 
sur la côte sud-ouest de l’île Maurice. 
Parce que cet homme sait regarder
son île Maurice natale, 
avec autant d’amour 
que d’intransigeante sévérité. 
Ici, il a posé ses pas, 
il a posé son regard
depuis plus de cents fois…
Photographie © Aristide Hiegel

vendredi 18 mai 2018

Où mes pas me mènent

Pourquoi diable me suis-je arrêtée à Weishan?
Bah
c'était sur la route
le genre d'endroit où "il n'y a rien à voir".
Tout ce que j'aime
rien de spécial
ni grande muraille 
ni grands buildings
la petite ville
la petite vie, quoi.
Avec des ruelles tranquilles et des parfums de gâteaux qui cuisent
et la pollution infernale des faubourgs 
qui vous oblige à porter un mouchoir sur le nez pour ne pas suffoquer
et à crier pour se faire entendre
la vie quoi
dans une bourgade chinoise.
Un quotidien exotique pour mes deux comparses Chinoises très urbaines...
Ecoutez leurs réactions, dans "Instantanés du monde à Weishan"
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 16 mai 2018

Un battement de paupière

Des panneaux de bois qui grincent
ce n'est pas le début de la journée
c'est avant
l'heure où l'on sort les oiseaux dans leur cage
Pour qu'ils profitent des premiers rayons
l'heure où la peau aspire un peu de la tiédeur du soleil d'hiver
l'heure où l'on regarde les autres passer
avant, le début de la journée
une petite parenthèse, qu'à la rigueur, on justifie par une tasse de lait, 
d'eau chaude, 
ou tient, 
même, 
de thé
avant le jour
avant l'action
La vie de campagne en Chine, c'est dans "Instantanés du monde à Weishan"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 14 mai 2018

A toute vapeur

On a les doigts gelés, le petit matin à Weishan
surtout si l'on vient de récolter deux hottes de ciboulette dans les champs mouillés de rosée.
Alors c'est bien naturel de faire une pause petit déj'
dans la rue
les mains collées sur la tasse de lait de soja sucré et chaud
la soupe de pois
le bol de nouille
les gâteaux de farine de fève verte ou violette cuits fissa à la vapeur
on mange
et on reprend qui sa hotte de bambou, qui son faix et ses paniers
et l'on se replonge dans la vie
à petits pas
réchauffés.
D'autres moments 
dans une bourgade chinoise du Yunnan, 
d'autres saveurs, 
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 11 mai 2018

Rive droite, rive gauche

Il y a des clubs
ici
aussi
à Zanzibar.
Des clubs où l'on joue de la musique
des clubs où l'on choisit de venir
pour le talent des musiciens
l'ambiance
la voix de la chanteuse.
Autrefois
on choisissait son club
en fonction
de son parti politique
car enfin
quoi de mieux que les chansonniers
pour assaisonner le concurrent?
Comme le Taarab est fait pour ça
distiller
avec une belle harmonie
l'acidité
voire le venin
mais sur une mélopée sirupeuse
ça donne des trucs
dont on devient vite
accro...
Aujourd'hui
on est plus gentil
les Taarab se jouent
dans les mariages
où l'on ne peut
trop écornifler
celui qui régale.
Dommage.
Ecoutez le Taarab ravageur de la regrettée Bi Kidude
dans "Instantanés du monde à Vuga" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 9 mai 2018

Tout ce qui sonne n'est pas de bois

Lorsque j'approche mon micro de Farhan
je sens comme une réticence
un très léger recul
et le bémol d'un sourire
pour compenser.
Mais enfin
je sens bien
que c'est juste
pour compenser
cette petite
invasion.
Non que Farhan ne veuille que je l'enregistre
bien au contraire
non qu'il demande pour ce faire
une compensation
non que l'instrument demande lui
quelques soins
avant de prendre le micro.
Non.
C'est juste
comme me l'expliquera Farhan au fil des mots
qu'il se méfie des micros
et tout 
ce qui n'est pas
acoustique.
Mais surtout
son horreur
c'est qu'on n'écoute pas la musique
par exemple
qu'on DANSE dessus.
Evidemment
moi
plantée raide
avec mon micro
retenant mon souffle
pour capter le sien
j'étais sa cliente idéale...
Ecoutez-le parler du Taarab
Photographie©Anne Bonneau

lundi 7 mai 2018

Le sultan et moi

Zanzibar était comme ça
une île au milieu des eaux
oh
très vives
et très passantes.
Des courants d'Est ou d'Ouest,
des vents de mousson
qui n'en font qu'à leur tête
et apportèrent
du nord
un sultan
et son goût
pour les choses
raffinées.
Par exemple
la musique.
Pas celle de l'Ouest
ou de l'Est lointain.
Non
le Taarab
d'Oman.
Arrivé dans ses bagages
et tenu
bien secret
en ces murs
pour la joie
du Sultan.
Que croyez vous qu'il arrive ensuite?
Comme si le chant
et la joie qu'il procure
pouvait être circonscrit
aux seules royales oreilles!
Comment les fameux clubs où l'on chante
se sont disséminés dans tout Zanzibar
et ont volé un peu d'acidité
-bienvenue-
aux sirops des rues
vous le saurez
en écoutant
"Instantanés du monde à Vuga" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 2 mai 2018

L'essence du sacré

Elle veut absolument m'emmener le voir
Poe
le tiki
d'Upeke.
Même s'il faut braver la brousse
les bestioles
les rochers dissimulés
qui font trébucher.
En vérité
elle ne l'appelle pas "le tiki"
mais "le caillou"
juste
"le caillou".
Alors quoi
tout ça pour voir un caillou?
C'est plus le symbole
que le "caillou" lui-même
qui intéresse Poe.
le lieu en fait
qui la fait vibrer.
Car le sacré
n'est ni dans la pierre
ni même
dans le symbole.
Mais dans ce lieu
pris entre terre et vent
entre air et océan
dans les ombres des arbres à pain
le pied glissant sur la mousse
le jarret lacéré de feuilles
les éclats de soleil entre les lianes des banyans.
Le sacré de Poe
il est là
dans les gestes de la danse
qu'elle accomplit
en mémoire
de tant d'autres Poe
qui les ont tracés là
avant.
Un sacré
éphémère
et perpétuel.
Ecoutez cette danseuse
aux prises entre ses sacrés
dans "Instantanés du monde à Upeke" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau