mercredi 30 septembre 2015

Hors-cadre

Quand Laurence et Brendt ont créé leur école de cirque
il y a vingt ans
au Cap
c'était juste
par conviction.
Brendt était dans le cirque
depuis sa tendre jeunesse
Laurence y était entrée
comme on prend la robe
et la transmission
était donc
naturelle.
Ils créeraient une école de cirque
ouverte à tous
gratuite.
C'était un peu hors-cadre
dans le contexte.
Mais c'est passé
avec des hauts des bas
mais avec
une éthique
une discipline
une solidarité
une humanité
aussi précieuses
que les performances
des élèves...
Ecoutez Laurence l'évoquer
dans "Instantanés du monde au Cap" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 29 septembre 2015

Les filles du cirque

Un cirque ça bouge
ça va de villes en villes
de pays en pays
sauf que là
dans cette histoire
ce sont les filles qui bougent
pour en venir au cirque.
Laurence a cette histoire incroyable
de balancier
de nord au sud
de bas en haut
d'une maîtrise de gestion
elle devient trapéziste
d'une vie française
elle adopte l'Afrique du sud
elle ne tapote pas le monde du bout des doigts
elle le prend à bras le corps
Ecoutez-la dans 'Instantanés du monde au Cap" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 28 septembre 2015

Plus près de toi

ça c'est pour situer
ce genre de photo
pour vous montrer
que c'est là
que ça se passe
et d'ailleurs
tous ceux qui vivent là
doivent
reconnaître
tout de suite
non?
Ben
je suis pas sûre de reconnaître
mon coin
moi
si on me le montre
de haut.
Et si je ne connais pas
on ne peut pas dire
que ça me parle longtemps
ce genre de plan
de situation.
Regarder les gens d'en haut
non non non
ça ne me parle pas.
Je ne suis pas restée longtemps
au-dessus du Cap.
Descendez avec moi
histoire de voir
la vie
qui se passe
en bas
dans "Instantanés du monde au Cap" (cliquez ici pour entendre la vraie vie et pas juste la rumeur...)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 26 septembre 2015

Babel mon oeil

Je dois l'avouer
-au cas où vous ne vous en êtes pas aperçu-
j'ai l'enthousiasme facile.
Bon.
Alors
quand j'ai découvert
les petits Mahorais
tremper la plume dans l'encre
pour écrire en arabe
j'ai crié de joie :
une troisième langue
cadeau
finger in the nose pour eux!
Assimil en version gratuite
à l'école coranique du village!!!!
Mariama a vite calmé ma joie.
Ici on n'apprends pas l'arabe
d'ailleurs elle
toute fundi qu'elle est
elle en est bien incapable.
Ah.
C'est juste
être capable
d'écrire la prière.
Oh.
Leur latin à eux?
Ecoutez-la, dans "instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour entendre l'arabe, le mahorais, le français, pour de vrai!)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 25 septembre 2015

Le chant, les champs

En principe
on va à l'école coranique
pour ânonner chanter
des textes saints
pieusement.
Mais pas que.
Ici
il arrive aussi parfois
qu'il faille donner un coup de main
au fundi
dans ses champs.
Pratique pour lui
une volée
de petits marmots
ravis d'aller baguenauder
- ça change des chants-
prêts à récolter
à piocher
à biner.
Il y a sûrement des abus
dans ce "coup de main"
rendu à un maître
que l'on ne paie pas pour ses leçons.
Il y avait aussi
de bonnes parties de rigolade
dans les champs de Mariama
pour récolter citrouilles et cannes à sucre.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour suivre les enfants entre chants et champs)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 24 septembre 2015

L'extase

C'est un chant religieux
qui s'envole au-dessus
des gestes des donzelles
pratiquant le debbah.
Un texte que je ne comprends pas
moi l'ignorante
mais qui semble
les envoûter
guider leurs corps
en de voluptueux balancements.
Elles adorent ça
les filles
le debbah.
Toutes
en uniforme
à l'unisson
elles attirent bientôt
par la force de leur chant
une petite foule
qui se pose là
à les regarder
onduler
gracieusement
dans la rue.
Une autre image
de la pratique de l'islam.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour les entendre chanter-danser-prier-onduler)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 23 septembre 2015

Le premier jour

C'est un mercredi.
Un mercredi
c'est le bon jour
pour être
le premier jour.
C'est un mercredi donc
que l'on mène
pour la première fois
les enfants
à l'école coranique.
Alors
la fundi se fait porter de l'encre
en vérité en vérité
la suie
qu'une élève recueille
au fond de la marmite.
La fundi pose cette encre
sur la langue du nouveau venu
avec quelques bénédictions
en prime.
Ainsi
c'est connu
son intérêt pour le Coran
sera accru
et tout ce qu'il apprendra
restera
profondément gravé
dans sa tête.
Ecoutez la fundi
vous révéler
les fondamentaux
de sa religion
et tout le reste
dans "Instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour suivre le premier jour de la vie d'un élève chez son fundi)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 22 septembre 2015

Berceuse

Elle le dit volontiers
Mariama Soihili
l'école coranique
ici
fait un peu office
de garderie.
Elle récupère les gamins
après l'école laïque
et les installe dans sa cour
en rangs serrés.
Pas question de bouger.
Pas question non plus
de les frapper
s'ils font mine de broncher
"aujourd'hui, on n'a plus le droit!"
Les petits se tiennent à carreau
et poursuivent leurs mélopées
derrière une grande
celle qui sait
et les mène
jusqu'à la fin de journée.
ça berce bien
dans la chaleur de l'été
parfois
Mariama elle-même
pique du nez.
Ecoutez-les
dans "Instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 21 septembre 2015

Répète après moi

C'est comme ça
aussi
que l'on peut savoir
l'heure qu'il est.
A Mayotte.
Quand on entend
les mélopées
des enfants
sous la tôle
de l'école coranique
la plus proche.
ça résonne bien
et ça se répète sans fin.
Enfin si
il y a bien l'heure de la prière
qui interrompt
les leçons.
Répète après moi
c'est un peu le credo
la méthodologie
chez le fundi.
Et si pour une fois
vous vous glissiez à leurs côtés?
C'est par ici
que ça s'écoute
et qu'on comprend
ce qu'on apprend

dans "Instantanés du monde à Bandrélé" (cliquez ici pour suivre le cours de l'école coranique du village)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 19 septembre 2015

Sa p'tite madeleine

Je ne sais pas exactement
ce qui a tiré des larmes
à la si joviale Kalsang
dans la cour de son école d'enfance...
Les années passées?
Les retrouvailles avec sa "maman" d'internat?
Avec ses copains de classe qui sont profs aujourd'hui?
Ou bien
ou bien
le goût des chips
qu'elle a débusquées
dans la boutique au fond de la cour?
Les chips
c'est ça.
Un petit croc
qui fait remonter au cerveau
tous les fonds de poches raclés
en quête du sou qui manque
l'odeur de ceux qui les croquent
sous votre nez
ou qui les partagent
ou des confidences
qui s'envolent au-dessus du paquet
deux têtes qui se touchent
pour reluquer le fond du sachet
il y a sans doute un peu de ça
et d'autres choses encore
dans le sachet de chips
que Kalsang avale
en parcourant les sentiers
menant de l'internat
aux salles de cours
sur une montagne
de l'Himalaya.
Ecoutez-la dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici pour revenir en enfance)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 18 septembre 2015

Enfants du slam

Ce n'est pas du tout la récré
et pourtant
ça en a tout l'air
paroles et musiques
cris
et claquements de mains
et que je t'alpague
et que je te branche
et que je te mouche
de tirades
dont j'ai le secret.
Que nenni.
C'est un cours
encadré comme il se doit
d'une institutrice portant chupa.
L'art oratoire
la dialectique
s'enseigne ici
sous des préaux qui résonnent
de choses qui sonnent
comme des incantations
des poèmes en prose
du rythme
du coeur
du sang
des battements.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici et vous entendrez)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 17 septembre 2015

Sur la langue

Les cours ici
au village des enfants Tibétains
étaient autrefois donnés en anglais.
Aujourd'hui
c'est en tibétain
que l'on apprend les sciences
ou les mathématiques.
On apprend aussi le dranyen
et les contes du pays.
Une institutrice ne manque pas de souligner
que les ados préfèrent tout de même
Bollywood à Milarepa.
Que de bien commun.
En tout cas
ils n'y coupent pas
cours de méditation
obligatoire
chaque matin.
ça
ça se passe
de mots.
On vous en dit plus
sur l'éducation
des réfugiés
dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 16 septembre 2015

D'où viens-tu?

Ils sont venus
parfois de loin
pour arriver ici
au TCV
le Tibetan Children Village.
Une école fondée par la soeur du Dalai Lama
accueillant les Tibétains d'ici
et de là-bas
ceux qui sont nés ici en Inde
ceux qui viennent encore
de là-bas.

"La plupart des enfants viennent du Tibet. 
Mais après 2008, le nombre d’enfants a considérablement diminué. 
Parce que la frontière entre le Népal et le Tibet est de plus en plus infranchissable. 
Les gens ne prennent plus de risque non plus. 
Il fut un temps où il y avait beaucoup de passeurs – c’était un business, n’est ce pas – les gens emmenaient des enfants.  
Il y avait beaucoup de passeurs entre le Tibet et le Népal, ils prenaient le risque. 
Ils demandaient de l’argent aux parents et ils emmenaient leurs enfants en Inde. 
Mais maintenant il y a beaucoup moins de passeurs, c’est un boulot très risqué. "
Ecoutez Tensung Gyalpo
recenser ses troupes
dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 15 septembre 2015

Retour en enfance



Nous avons travaillé ensemble
Kalsang et moi
à Dharamsala.
Kalsang parle super bien français
et tibétain
et hindi
et anglais
et encore deux-trois langues que j'ai oubliées
vu qu'on en n'avait pas franchement besoin

à Dharamsala...
- Quoique, ce n'est pas l'Allemand, le Coréen, le Japonais, l'Espagnol, l'Italien qui manque ici, mais enfin, ça c'est une autre histoire-
pour l'heure
Kalsang me traduisait
le tibétain que je n'entends pas.
Et aussi
mangeait des momos
avec moi
buvait du thé
avec moi
rigolait bien
avec moi
fumait de temps en temps
sans moi.
Et mettait sa robe traditionnelle
pour les rendez-vous officiels.
Car enfin
elle est d'ici
même si elle vit à Delhi.
J'ai aimé travailler avec Kalsang
un pied ici
l'autre là-bas.
On est allé dans son école d'enfance
à TCV
et son sourire
s'est changé contre des larmes.
Un long voyage
un pied ici
un pied
là-bas.
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 14 septembre 2015

Avant-après

Si elle se retourne en route
cette petite
ce n'est pas pour voir
ce qui l'attend
après
dans la vie.
Non.
C'est juste qu'elle m'a vue
devant
en train de prendre une photo
et qu'elle se demande bien
ce que je prends.
D'où l'air ébahi
qu'elle prend
après
en me voyant
lui sourire
derrière mon objectif.
Et pourtant
si elle savait
elle aurait là
à deux pas derrière elle
ce qui l'attend
après.
Peut-être.
Pas sûr.
Mais enfin
ce matin
sur le chemin
de son école un peu spéciale
c'est ça
qu'on lui va lui apprendre
tout de suite
porter
la chupa
comme la vieille dame là
et tout ce qui s'ensuit.
Découvrez son monde d'après
dans "Instantanés du monde à TCV" (cliquez ici, écoutez l'émission et vous comprendrez où c'est, TCV)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 12 septembre 2015

Espèce de gourou


ça dure deux heures
chaque matin
la méditation
et le yoga
pour les 250 élèves de l'école.
Et ça rigole pas.
Il est comme ça
Dr Nambiar.
féru de discipline
bardé d'idées inoxydables.
Gourou?
Pas vraiment
pas religieux pour une roupie
adepte
-en témoignent les murs
couverts d'affiches
de maximes
et d'autres mots précieux-
du Mahatma Gandhi.
Méditation
yoga
prière avant les repas
Pas de la religion
juste
du bon sens
et du respect.
Ecoutez-le en parler
plus en finesse que moi!
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 11 septembre 2015

Dissoudre la timidité


Elles veulent toutes
me chanter quelque chose
mais bon
pas si simple
de se lancer
comme ça
au débotté
dans le micro
d'une étrangère.
Certaines y vont franco
d'autres forment des groupes
quelques-unes
fondent
de timidité.
Pas grave.
je serai encore là demain.
Au petit matin
loin de la foule
elle s'avance
avec un petit papier
à la main
chiffonné dans la paume
sa chanson.
Elle vous l'offre
d'une voix sûre
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 10 septembre 2015

Belles images


Il avoue
en murmurant
dans mon micro
que ce qu'il aime ici
c'est la couture.
Alors
bien-sûr
les copains
d'Aman
un garçon de douze ans
rigolent.
Bien-sûr.
Il ne posera pas
pour la photo.
Pas plus
que les donzelles
obligées de balayer la cour
elles s'envolent
en un bruissement de jupe
si je fait mine
de sortir
un appareil photo
Oh!
Faut pas trop en demander
quand même.
Alors.
Ecoutez les murmures d'Aman
les rires de ses amis
la pudeur des enfants
leurs espoirs
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 9 septembre 2015

Réfugiées


ça ressemble à un refuge de montagne
mais ce n'est pas un refuge de montagne.
Enfin
si
peut-être un peu
en fait.
L'internat des filles
de l'école
Pazhessi Raja.
Un refuge
dans les montagnes
du Kerala.
Spartiate.
Ici
les enfants des tribus des forêts
peuvent recevoir
une éducation
un châlit
une assiette pleine
une esquisse d'avenir.
Une pause
l'après-midi
pour jouer au karom.
J'adore ce son
frrrot-clac!
dans le dortoir désert.
Ecoutez-le
Photographie © Anne Bonneau

mardi 8 septembre 2015

En chasse!


Il arrive là
pour son cours
de l'après-midi.
Kerloo
c'est lui
le professeur.
Il apprend
aux enfants
de l'école  Pazhessi Raja
à tirer à l'arc
"Aux garçons seulement. Les filles, ça les intéresse pas!"
Ah bon?
Bon.
En tout cas
c'est pas pour le fun
pas pour chasser non plus
"On n'a pas le droit. Faut y aller en cachette"
c'est juste
pour transmettre les traditions
aux enfants des tribus
qui oublient doucement
leur art de vivre.
Peut-être aussi
on pourra
un jour
faire des champions
de ces génies de l'arc.
Un jour
peut-être
quand les filles s'y mettront?
Ecoutez Kerloo l'envisager, dans
Photographie © Anne Bonneau

lundi 7 septembre 2015

P'tit déj' de rentrée


Deux galettes
une louche de pois-chiche.
Bon appétit!
Enfin non,
prière obligatoire
Om Om Om
Shanti shanti shanti
et c'est parti.
ça se passe comme ça
à l'école Pazhessi Raja
là-bas
au fond des bois
dans le Kerala.
Les élèves font la cuisine
ça fait grincer les dents
des parents
quand ils en ont encore
des dents
ou des parents.
C'est selon.
Allez, pour changer
faites la rentrée des classes
de cette école pas comme les autres
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 4 septembre 2015

Des voix et des tambours


La photo du CD est signée Manu Magueresse
Elle a enregistré
des chants
pour ce CD
Julie Perrine.
Elle a aussi donné beaucoup de concerts
et encore des tournées
jusqu'en Europe.
Elle a beaucoup partagé
ses textes
et ses rythmes
avec le reste du monde.
Elle a fait beaucoup de petits aussi.
"Aujourd'hui il y a trop beaucoup de groupes!"
Mais elle trouve ça bien finalement
elle cède la place
aux plus jeunes
et elle
elle reste là-haut
la caz
tranquille.
Que le cyclone vienne
elle reste
que la rivière monte
elle reste
que les jeunes partent
elle reste
là.
Ecoutez la vie
dans les ravines rodriguaises
dans "Instantanés du monde à l'Anse Bois l'eau" (cliquez ici pour entendre l'émission)

mercredi 2 septembre 2015

Eh bien, dansez maintenant!

"Ayo Seigneur!"
ça c'est le cri du coeur
de Julie!
Quand elle achève de chanter
frappant son tambour
un air qui dure longtemps
et qu'elle vide
son petit verre de rhum
sans oublier
trois gouttes par terre
pour les ancêtres
elle s'écrie "Ayo Seigneur!"
et rit à pleine gorge.
Elle m'appelle "Mamzell"
et parle de son tambour
comme d'un enfant
décrivant les soins à lui donner
elle dit
"le baigner"
et "lui mettre son linge propre"
en parlant de la housse fleurie
qui le protège
depuis des années.
Ecoutez la vie rodriguaise
chez Julie
dans "Instantanés du monde à l'Anse Bois l'eau" (cliquez ici pour entendre l'émission)