jeudi 31 août 2017

Le temps de l'abondance

"Il y a tout ici"
C'est ce que m'ont dit
tous les villageois des vallées
des îlots
les plus isolés
des hameaux
les plus dépeuplés.
On a tout.
Du travail?
Tant qu'on en veut! Et plus encore!
Ici aussi
à Vitaria
Patia Vahiné me l'a dit
"Il y a tant à faire! Il y a des cocotiers, des vacoas, des pandanus, des bananiers..."
Tout ce qu'il faut
qui donne de la fibre
nécessaire au tressage.
Et dans ses doigts
dans son imagination
des dizaines de tresses différentes
de motifs
de dessins
pour créer 
tout ce qu'une dame
bien inspirée
et de bon goût
peut souhaiter
de beauté.
Ecoutez-les, louer leur abondance
dans "Instantanés du monde à Vitaria" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 30 août 2017

Causes toujours


Il y en a qui ne se séparent pas de leur téléphone portable
jamais
(si si, je vous assure, y'en a!!!)
ici, à Rurutu
on ne se sépare pas
de son ouvrage.
Sa tresse
son chapeau
on l'embarque
partout.
Maureen
qui vend des légumes au marché
l'emporte en attendant le chaland.
Si Patia Vahiné a une réunion
elle l'emporte
et écoute celui qui cause
en tressant.
Pas question de rester les mains immobiles.
Bon, ceci dit
Maureen passe de l'un à l'autre
son ouvrage
à son portable.
Qui va gagner, des deux?
à suivre,
dans les années à venir...
Ecoutez-les tresser, causer ( et même chanter!)
dans "Instantanés du monde, à Vitaria" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau


mardi 29 août 2017

Chapeau de paille, paillasson, somnambule

Elles font tout ça
les Mamas de Rurutu
des chapeaux de paille
de pailles devrais-je dire
et de la crème de la paille
comme celle du cocotier
tressée sur des formes de bois.
Et des paillassons
enfin non
des nattes
qu'on pose par terre
ou qu'on garde précieusement
pour les montrer
lors des traditionnelles "visites"
deux fois l'an.
Et somnambules, elles le sont aussi?
Oui, presque
quand il s'agit d'honorer les commandes
elles ne comptent pas les heures
elles ne voient pas les nuits
la télé reste allumée
à leurs côtés
mais pas question de la regarder.
Le chapeau de paille est la priorité.
Ecoutez-les en parler
dans "Instantanés du monde à Vitaria" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 28 août 2017

Fibre de terre

Je suis arrivée chez Patia Vahiné sans prévenir
comme toujours souvent.
Un chien jaune à la chaîne m'a arrétée dans ma course
et un monsieur au joli chapeau
haut, avec une tresse de corde
a pris le relais du chien
un maillon
me menant
vers Patia Vahiné.
C'est sa dame
et elle est aux champs.
Alors le petit monsieur m'a fait asseoir sous la véranda
loin du chien
en attendant
d'aller quérir sa belle.
Patia Vahiné est arrivée
en essuyant ses mains sableuses
qui plantaient des salades
et m'a accordé la plus grande des attentions
et les plus beaux éclats de son rire.
Passant des salades à l'atelier
des coqs à l'Anne
avec une grande légèreté
et
disponibilité.
Ecoutez-la
dans "Instantanés du monde à Vitaria" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 25 août 2017

Encore une île

Allez, encore une île
pour illuminer la fin de l'été
parce qu'on les rêve
parce que le regard se tend vers elles
les lointaines
les inconnues
les intouchables
les désertes
les idéales
forcément.
Parce qu'août est encore là
et que la lumière qui vient
après
est encore plus belle
si si
croyez-moi.
Si vous êtes passés
loin de ses rives
immergez-vous
encore un peu
dans cet îlot
regardant l'île Maurice
avec envie
ou
effroi
en tout cas
allez-y
cliquez,
c'est .
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 24 août 2017

D'en haut

Il y a bien un belvédère
sur l'île aux Aigrettes
mais franchement
je ne vois pas
grand chose
et surtout pas l'intérêt
d'observer cette canopée
loin des parfums d'humus
du craquement des feuilles sèches sous le pas des tortues
du chant des pigeons roses
-chant noyé par le ressac sur la barrière de corail-
je ne vois pas pourquoi
il faudrait regarder cet îlot de haut
quand il se passe tant de choses en bas.
Voir arriver des pirates?
Se sentir loin du pays?
Un conseil
replongez
c'est sur cet éclat de terre
que c'est palpitant.
Suivez-nous
dans "Instantanés du monde sur l'île aux Aigrettes"
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 23 août 2017

L'ordre des choses

Il fut un temps où dans les forêts primaires
de l'île Maurice
se baladait ce genre de bestioles.
L'attrait de la soupe à la tortue
et l'ère des caravelles sans frigo
ont fait de ces mets de choix
des candidats potentiels au WWF.
Dont acte.
Une fois que cabris, rats et flibustiers eurent terminé leur petit ménage
on a essayé
de réintégrer ces animaux
sur leurs terres originelles.
Pas mal non plus pour ravager la flore locale direz-vous?
C'est sans compter sur la malice de ladite flore
qui sait prendre des allures
de ne-me-touchez-pas-ça-pique
ou
 ne-me-touchez-pas-c'est-poison
juste le temps
de pousser plus haut
que bouche de tortue.
Pierre Baissac vous raconte mille anecdotes
pleines d'humour et de suspens
sur le génie des plantes
et des bêtes
dans "Instantanés du monde sur l'île aux Aigrettes"
Cliquez ici, vous l'entendrez!
Photographie © Anne Bonneau

mardi 22 août 2017

Prends ton temps

C'est ce que j'aime dans ce métier
pas question de faire vite
enfin si
parfois
quand il faut courir après
un sanglier
un cortège
des chevaux de course
là ok
je bouge.
Mais sinon
au creux des vallons
quand il faut capter
la brise sur les cimes des arbres
le pas du scarabée
ou les hésitations d'un grand timide
il faut accepter
de 
perdre
perdre vraiment?
Non évidemment
juste ralentir
le temps.
Ces captations de son
de longues minutes à l'arrêt 
en silence
il n'y a rien de mieux
pour découvrir 
les silhouettes des geckos
et autres vies minuscules
qui demandent
du temps.
Si vous avez vingt minutes devant vous
suivez ces vies ralenties
dans "Instantanés du monde sur l'île aux Aigrettes" (cliquez ici pour aborder l'île aux Aigrettes)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 21 août 2017

De la fragilité

Elle en a vu de toutes farines
l'île aux Aigrettes.
Bien longtemps du reste
que les Aigrettes ne l'ont pas fréquentée.
Mais les hommes oui.
Les premiers
qui trouvèrent fort plaisant
ce confetti bien abrité
dans la baie de Mahébourg
à un jet de pierre
de celle qui n'était pas encore l'île Maurice.
Alors il s'y perchèrent un temps
et en tirèrent tout leur nécessaire
la viande
le bois
et enfin
la délaissèrent
laissant rats et cabris
s'occuper des restes.
Un îlot minuscule
qui aujourd'hui
grâce au volubile Pierre Baissac
vous embarque dans l'histoire.
Suffit juste d'y poser le pied
de se fondre sous les frondaisons
aux ombres légères
et d'écouter
"Instantanés du monde sur l'île aux Aigrettes" (cliquez ici et vous y serez)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 18 août 2017

J'aime pas Gauguin

Moi si
j'aime Gauguin
mais André
pas vraiment.
Ah bon?
Pourtant  dans son atelier
André copie des Gauguin
pour le musée
d'Atuona.
Et quand il apprend
que je ne suis même pas allée
voir sa tombe
alors là
il m'embarque illico au cimetière
qu'il fasse à moitié nuit
ou pas.
En montant
il râle
sur tout ce qu'il n'aime pas
ici
et je me dis tient
il est bien Français
ce peintre Franco-Norvégien.
Mais sitôt sur la tombe
le voilà transfiguré
racontant le peintre
avec délice
et assaisonnant au passage
ceux
qui ne l'aimaient pas
ici
de son vivant.
Sur la tombe
il y a un petit galet
peint en blanc
avec un coeur rouge.
Tient 
quelqu'un
qui aime Gauguin?
Ecoutez-le, dans "Instantanés du monde sur les crêtes d'Atuona" (cliquez ici pour entendre l'histoire d'André, de Paul et autres artistes du cru) 
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 17 août 2017

Jacques, André, Paul et les autres

Ils viennent ici
sur la tombe de Jacques Brel
et laissent des mots doux
écrits sur des cailloux.
Certains rêvent de voir ça
mais c'est loin
les Marquises
alors...
Alors un jour
le facteur a posé
entre les galets
pleins de mercis
une lettre
adressée
à Jacques Brel
cimetière d'Atuona
Hiva Oa
Marquises.
Ecoutez-les parler de Jacques, mais aussi de Paul
dans "Instantanés du monde sur les crêtes d'Hiva Oa" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 16 août 2017

Ligne de crête


On m'avait dit
"facile
tu le trouveras
André
il habite la grande maison
sur la ligne de crête."
Tu suis la ligne de crête
au bout
il est là.
Ah.
Incroyable ce qu'on perd
comme notion de volume
quand on vit
dans le plat pays
ou dans son petit frère.
Vous pouvez me dire
"troisième à droite après la pharmacie
au quatrième rond-point
après le passage piéton
et avant le deuxième feu rouge"
je trouve
facile.
Suivre la ligne de crête
sur une route 
en arêtes de poissons
qui s'enfoncent en vallées
ou grimpe
vers d'autres monts
eh ben voilà
encore perdue.
J'ai fini par trouver
il faisait presque nuit
j'ai apprécié
la profondeur des bleus
sombres
comme sur les toiles
d'André.
Ecoutez-le, entouré des premiers grillons du soir
dans "Instantanés du monde, sur les crêtes (forcément!) d'Atuona" ( cliquez ici pour entendre cette rencontre vespérale)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 14 août 2017

Ils parlent de la mort comme tu parles d'un fruit

Ils ne pensent qu'à ça
sitôt débarqués sur les berges d'Hiva Oa
de la mort
qui habite cette île.
Oh, pas de celle des milliers de Marquisiens
passés de vie à trépas
avec leur arrivée
enfin
l'arrivée
d'autres Occidentaux
sur leurs bateaux
mais bien de celle
du Grand Jacques
à qui j'emprunte
le titre
de ce billet.
Enterré là
sur les crêtes 
d'Atuona
au vieux cimetière.
Alors bien-sûr
ils me demandent
les Marquisiens
"t'es allé le voir?"
Ben non.
Pas très causant
pour un "Instantané"
un gars dans sa tombe
aussi
génial
soit-il.
Eh ben si
finalement
j'y suis allée
parce qu'André m'y a traînée.
Entendre un artiste parler de la mort
ça vaut toujours la peine
finalement
Ecoutez-le, dans "Instantanés du monde, sur les crêtes d'Atuona" (cliquezici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 13 août 2017

Oublier la flamme


Pas de montre aux bras des hommes
de toute façon
elles fondraient fissa...
L'horaire
c'est le creuset
qui le donne
quand le cuivre et l'étain sont fondus
quand l'alliage est coulé
voilà
c'est terminé.
les hommes achèvent alors
leur journée.
Après?
Après ils s'arrêtent parfois
ou peut-être
souvent
à la boutique de todi
l'alcool local
pour tenter
d'oublier
la flamme
qui les consume
Ecoutez-les, dans "Instantanésdu monde à Mannar"
Photographie © Anne Bonneau

samedi 12 août 2017

La fin du feu

"Regarde ce travail : c'est un boulot très dur ! 
Et c'est dangereux aussi. 
Tu vois la chaleur qu'il fait ici, on  peut pas supporter ça. 
La nouvelle génération ne pourrait pas supporter ça. 
Les jeunes ne veulent plus ce genre de travail et ils cherchent d'autres boulots ailleurs. 
Et puis, ailleurs, ils gagnent beaucoup plus qu'ici. 
Il y en a beaucoup qui partent dans les pays du Golfe. 
Comme on ne trouvait plus personne,
on a embauché des ouvriers qui venaient du Bengale. 
Ils n'ont pas supporté eux-mêmes. 
Ils sont repartis chez eux vite fait ! 
Dans quelques années tout ça va disparaître on ne pourra plus fabriquer tout ça."
Praddibh, ouvriers des forges
A écoutez, dans "Instantanésdu monde à Mannar"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 11 août 2017

ça tourne

Dans cette fonderie de cloches
il y a ceux
qui sont au charbon
activant les feux
faisant ruisseler
les alliages en fusion
et ceux
qui tapotent
l'argile
qui façonnent
la cire
qui 
assis par terre
cassent au marteau
des menus morceaux de tuiles.
Qui se la coulent douce?
Mouais...
En fait
ça tourne
les tapoteurs
échangent
avec les brûleurs.
Eh.
La vie dans les forges du Kerala
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 10 août 2017

Hypnotisée, envoûtée, ensorcelée...

C'est l'effet que ça m'a fait.
Captivée.
Je crois même que c'est pour ça
de ce que l'on m'expliquait...
En fait
j'écoutais pas...
Tellement séduite
par l'esthétique
de cet endroit...
Au fil des heures
la lumière qui se faufile
sous les tôles
les fumées
les gerbes d'étincelles
l'éclat des lampes
les creusets en fusion
la poussière qui vole sous les pieds nus
hypnotisée
envoûtée
ensorcelée...
Ecoutez, ça s'entend!
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 9 août 2017

Un ange passe

Elle est apparue d'un coup
entre les fumées
et les scories
elle venait voir sa statue
son œuvre
ce Saint François d'Assise
fondu par la communauté Vishnoukarma.
A ses côté
sa famille d'artistes, comme elle
un mari peintre 
une fille danseuse
un fils acteur
et mordu de croquis
qui me réclame mon carnet
pour me brosser le portrait.
Et tout à coup
cette volées d’artistes en coton blanc
disparaît fissa.
Il reste cette photo
et le croquis
dans mon carnet.
Et les mots de Menni
Photographie © Anne Bonneau

mardi 8 août 2017

Je comprends rien

Rajapan est très enthousiaste.
On peut dire ça comme ça.
En vérité en vérité
Rajapan est survolté
quand il s'agit de parler
de son métier
On dirait pas comme ça, hein?
Croyez-moi...
Il bondit
veut tout nous montrer
passe de la coke à l'âme
l'âme de ses cloches
saute au-dessus des feux
me sème en route
cause toujours
n'arrête pas...
Moi
je comprends rien
du coup.
Johnson a du mal à traduire
vu que l'autre
ne l'attend pas
plus que moi...
Bon
Finalement
après quelques heures
on a trié
remis dans l'ordre
compris
Allez hop, à écouter, chaud bouillant, 
Photographie © Anne Bonneau

lundi 7 août 2017

De la braise

C'est le Dr Sujatha qui m'a amenée là
dans cette fabrique d'un autre âge
dans son village 
du Kerala.
Pensant
que cela pourrait m'intéresser
Elle est resté en arrière
bien sage dans son sari
et moi
je me suis jetée
dans ce maelström.
800 degrés
c'est la température
nécessaire pour faire fondre l'alliage
les ouvriers m'ont regardée
bouche bée
tendre mon micro vers les flammes
me couvrir au fil des heures
de la même poussière qu'eux
mâtinée de sueur.
Forcément
ça créé des liens...
écoutez crépitements et confidences
Photographie © Anne Bonneau

samedi 5 août 2017

Les sens multiples

Pas question de venir au marché
sans goûter.
Au marché aux thés en tout cas
cela va de soi
on entre
on goûte
et il y a toujours une donzelle
qui se charge de l'affaire.
Ici
en Chine
on rouvre même des écoles du thé
pour apprendre
à préparer
servir
apprécier
conseiller.
Car cet art
du thé
peu à peu
semble réhabilité.
Alors on y prend goût
on sent
on regarde
on goûte des papilles
et on en cause
comme autour d'une bonne bouteille.
Ecoutez dans "Instantanés du monde au marché de thés de Kunming"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 4 août 2017

Super mode, super cher?

Le thé Pu-Erh était un bel inconnu
jusqu'à ce qu'on lui découvre
des vertus
toutes plus sublimes
les unes que les autres.
Et que je te brûle les graisses
et que je te gomme les rides
et que je te digère les banquets les plus plantureux
et que même
tient
je te rends heureux.
Bon.
Vedette de la décennie en Chine.
Et les autres alors?
Ils profitent de cet appel d'air.
On ne boude pas pour autant
les braves gunpowder
les charmants oolong
les précieuses aiguilles d'argent.
Tout ça
remis au goût du jour
par la mode aussi
des maisons de thés
autrefois interdites.
On en parle dans "Instantanés du monde au marché de thés de Kunming"
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 3 août 2017

Il y a quelqu'un?

Pourquoi ce jour-là
le marché aux thés était particulièrement mort?
Aucune idée!
En tout cas, personne dans les boutiques
devant lesquelles
sont garées
voitures de luxe
européennes...
Au détour d'une allée de cette ville en minuscule
une femme lave son linge dans une bassine
un vieil homme vous fait la conversation.
Des lieux déserts
c'est pas terrible pour l’ambiance sonore
mais c'est très bon
pour prendre le temps
de parler
au fond.
Ecoutez
"Instantanés du monde au marché aux thés de Kunming"
Photographie © Anne Bonneau