vendredi 24 février 2012

Blanc comme l'oubli

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Les murs sont blancs et ornés de frises raffinées en entrelacs de grisaille
Pas un tag
On mange dans la rue des galettes à la confiture de rose
et l'on boit du vin de pêche et d'orchidée
Les femmes ont le droit d'avoir deux et même trois enfants, si elles commencent tôt
Les jeunes filles portent des coiffes évoquant le reflet de la lune sur le lac, les cimes enneigées et la fraîcheur du vent
le marché est opulent
Les hommes ont le sourire facile
Et on murmure des histoires cruelles et terribles
De ces choses vécues, derrière les murs si lisses et si blancs
Je vous les livre, dans "Instantanés du monde, à Xizhou"

jeudi 23 février 2012

Broderies et affabulations...

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Il y avait foule sur le marché de Xizhou et du beau monde
des vieilles dames à turban de paillettes, des drôlesses à coiffe frangée de satin voletant dans le vent
Il y avait des choses, des trucs, des machins, des fruits et des légumes inconnus
Il y avait
Un lit, couvert de piments rouges
Avant que mon interprète n'ait ouvert la bouche, je lui avais déjà expliqué, moi, pourquoi, il était là, ce lit de douleur :
"C'est une tradition d'un sous-groupe d'une minorité du sud-est du Yunnan, qui veut que le jeune marié se couche d'abord 10 nuits sur ce lit de piments secs avant de prendre femme
Une sorte de rite de passage, quoi."
Que je venais juste d'inventer, comme ça
L'interprète s'est tenue les côtes, de rire, avant de froncer les sourcils
"Mais, vous savez, je crois que les piments jouent vraiment un rôle dans le mariage d'un des sous-groupes de minorité du sud-est du Yunnan.... blablabla blablabla"
Ah!
Quand on cherche on trouve
ou plutôt
Qui trouve un petit fil rouge, brode en un tournemain une coutume oubliée
Foi d'Anne Bonneau

mardi 21 février 2012

Miam, slurp et autres Olala...

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Voilà, tout ça, miam, slurp, olala et autres exclamations de contentement gustatif, ça ne se dit pas, ici
Sur la place du village de Xizhou
Quand on vient de déguster une galette toute chaude farcie de sucre roux et de confiture de roses
Un truc dingue, avec une pâte très légèrement fermentée, très peu sucrée, moelleuse en diable, croustillante sur le dessus
et farcie de cette surprise délectable
qui me fait trépigner sur place
frissonner de bonheur
Il fait froid, faut dire
eh bien ça ne se fait pas
Tout le monde fronce imperceptiblement du sourcil, ou éteind un rire derrière sa main, en me regardant
Parce qu'afficher sa joie - ou sa peine- ne se fait pas
encore un relief de ce bon vieux pisse-vinaigre de Confucius...
A découvrir, dans "Instantanés du monde, à Xizhou"

vendredi 17 février 2012

Encore en vie?

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Encore en vie, on peut se poser la question au petit matin, dans la résidence Zhou
Non, je ne parle pas de moi, mais bel et bien de la maison
Abandonnée des siens depuis lurette
Le jour ne parvient pas à dissoudre le ciel gris
le parfum d'osmanthe des cours disparaît sous les odeurs de charbon de bois recouvrant la ville
Une bruine peine à faire briller les cours pavées
Une dame s'échine à ramasser à l'épuisette la moindre feuille d'érable flottant sur le bassin glauque
Pas de vent
Pas d'oiseau
Des plantes cloîtrées dans des pots
Et les maximes confucianistes peintes sur le moindre mur vous enjoignant à la rigueur et la modestie...
Et pourtant, il y a des filles, presque comme vous et moi, qui rêvent encore de vivre dans ce palais déserté par la vie
si si
écoutez, c'est dans "Instantanés du monde à Jianshui"

jeudi 16 février 2012

Courants d'air

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On peut dormir dans la résidence Zhou, il y a quelques chambres, gardées "dans leur jus" ou presque : il y a même des costumes de la dynastie Qing dans les armoires...
Je jubile : dormir sur place, c'est idéal pour enregistrer des ambiances sonores dès potron-minet... ah, le chant des oiseaux au petit matin... je me régale d'avance!
Mon interprète hésite
Ah bon?
"C'est que, la maison a été utilisée à d'autres fins, depuis que le Gouvernement l'a saisie en 1950... c'était un hôpital militaire pendant la guerre... beaucoup de soldats ont dû mourir ici..."
Allons bon!
Bizarre comme ces mots résonnent dans ma petite chambre, à la nuit tombée
Nous ne sommes que deux, dans cette résidence au 43 cours intérieures
Les portes de bois se sont fermées en grinçant comme dans les films d'horreur
Bof, finalement, les sons de grillons à la nuit tombée dans le jardin, c'est pas si exceptionnel
je préfère rester dans ma chambre
On verra demain...



mardi 14 février 2012

A la porte

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La cour des filles, dans la résidence des Zhou, à Jianshui, se trouve la plus proche possible de la grande porte d'entrée
Pour qu'elles puissent faire le mur plus facilement?
Mhm
Pour qu'elles sortent plus facilement, dans les règles de la tradition
c'est à dire en bon état
Pures
Mariées
Et les plus jeunes possible
"Une fille à la maison, si vous la gardez trop longtemps, elle se transforme en ennemie" Proverbe Chinois
A méditer, en écoutant "Instantanés du monde, à Jianshui"

dimanche 12 février 2012

Eglise et dépendances

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Ceci est une vraie église catholique.
Où l'on prie, où l'on donne des messes.
Un ou deux mariages par an
Une poignée de baptêmes.
Ceci est une église en Chine
Qui a fait de son couvent un hôtel
Bon, en même temps, il n'y en n'a pas tant que ça des religieuses, hein
De temps en temps, les offices sont couverts par une sonnerie stridente
Non, ce n'est pas pour empêcher les fidèles d'entendre le sermon
ce sont des bureaux gouvernementaux qui se sont installés, là, dans une dépendance de l'église
Et les sonneries rythment les journées de travail, évidemment, faudrait voir à rester dans les temps
Sinon, c'est une vraie église
A fréquenter, dans "Instantanés du monde, à Dali"

jeudi 9 février 2012

Cent ans de bravitude...

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Je l'ai croisé à chaque fois que je sortais dans les rues de Dali, en Chine
Au début, je ne savais même pas s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme
Une canne, un pantalon et une veste matelassés, et un visage de pomme blette
Une silhouette étonnante qui cavalait dans les pentes de cette vieille ville du Yunnan
En trois jours, elle m'était familière, je la saluais en passant, elle me rendait la pareille
Et puis j'ai fait cette interview du curé de la ville
Qui m'a parlé de cette religieuse âgée, qui vendait des légumes pour permettre de gagner quelques sous pour que l'église tienne debout, durant les années de la révolution culturelle
Nous parlions, dans les cours et arrières cours de la paroisse
Elle était encore là
Il me l'a présentée
la religieuse qui avait sauvé l'église de Dali
Elle a cent quatre ans
garde les clés des dizaines de portes de la congrégation
et ne mange pas de piment
elle est sourde
impossible de parler avec elle
Je lui ai juste souri
son visage s'est plissé un peu plus
Une rencontre, dans "Instantanés du monde, à Dali"

mardi 7 février 2012

Payez et mariez vous tous


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2000 yuans-c'est à dire environ 250 €- c'est ce qu'il vous faudra débourser pour vous marier dans cette église du Yunnan
Peu importe que vous soyiez chrétien ou non
On n'est pas là pour ça
Pour cette somme-là vous aurez:
- Les pigeons blancs qui s'envolent à votre sortie de l'église ( je soupçonne la jeune musulmane voilée qui tient l'ancien presbytère transformé en colombier - colombier qui abrite aussi des toilettes pour dames- de les avoir dressés à la baguette...)
- Une chorale en costume qui entonne des chants sacrés
- Des fleurs aux bancs
- Et même, un vrai prêtre certifié par l'église patriotique, qui vous souhaitera bonheur
( le champagne est en option)
Sur les publicités alléchantes avec photos quadri brillantes sur papier 320 grammes, je me demande même si on ne vous parle pas de "bénédiction"...
Retour en grâce du catholicisme en Chine?
Que nenni, c'est juste, la mode du mariage en blanc, dans un cadre ad'hoc
D'autres révélations croustillantes sur la façon dont les Chinois voient cette religion, dans "Instantanés du monde, à Dali"



dimanche 5 février 2012

D'eau et de plumes...

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"Un cormoran c'est pas une poule! On  le rentre pas le soir à la maison!"
ça l'énerve, Yang Ying, de voir se dodeliner ses cormorans, de l'embarcadère à leurs nids : seulement dix mètres de ponton que les volatiles franchissent en traînassant en dix minutes au bas mot
Alors il les attrapent derrière le crane et les porte
ils se balancent au bout de ses bras, tranquilles
Du coup, toute la famille Zhu vit sur l'eau, la plupart du temps, comme leur famille de cormorans
Une petite barque équipée pour la journée
Un bateau plus gros à quai, pour la nuit
Un oeil sur l'eau
Un autre sur les plumes
Une vie à chalouper

vendredi 3 février 2012

A cormorans et à cris

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Moi je me disais comme ça, chouette, une virée avec les cormorans sur le lac Erhai, c'est de la petite ballade bucolique aux sons doux
Du flacotement d'eau sur les rames ( je sais, ça existe pas flacotement, mais ça veut bien dire ce qu'on entend, non?)
Des bruits d'ailes sous le vent ( je sais, on m'a bercé trop près de Montand quand j'étais petite...)
Le chant des pêcheurs au retour de la pêche
Bon, je me trompais sur tout, sauf sur le chant des pêcheurs
Au départ de la pêche
Parce qu'il faut bien amuser les touristes
des Chinois en brochette sur des barques armées, je dis bien armées, de filles en mégaphone enjoignant les béats armés, je dis bien armés, d'appareils photos de tous crins, hurlant pour encourager les cormorans à plonger
Je me suis demandée si ça ne dérangeait pas un brin les volatiles, ces huées
Leur propriétaire m'a soutenu mordicus qu'ils étaient bien plus peinards maintenant qu'ils jouaient pour les touristes...
Après ça, je me demande si j'aimerais tant voir Syracuse...

jeudi 2 février 2012

Vivre d'eau fraîche, et d'eau fraîche

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Ils sont six familles à vivre encore de la pêche aux cormorans, au bord du lac Erhai
Ont-ils le choix?
Les enfants, deux fils - ces pêcheurs Chinois, membres de la "minorité ethnique Baï" ne sont pas tenus à l'injonction de l'enfant unique- travaillent dans des boutiques de souvenirs pour les touristes à Shangri-la
Leur mère précise qu'ils ont pu avoir un terrain, pour construire une maison au village, mais ils n'ont pas le droit de cultiver leurs légumes
Ils sont pêcheurs
Pas agriculteurs
Non mais

Une vie avec une famille de cormorans chinois, c'est dans "Instantanés du monde, sur le lac Erhai"