jeudi 20 décembre 2012

Coco et moi


Ça fait quinze jours que je suis accro
Coco et moi, on ne se quitte pas
Elle est blanche
Elle est fine
On ne sent qu’elle
Je l’adore
Elle est partout
Depuis les omelettes et puthu du p’tit déj
jusqu’aux parothas frottés d’huile du soir
Et dans les nattes des femmes
Et dans les lampes des temples
Et sur la peau des enfants lisses
Coco
Je l’ai dans le nez
Je l’ai dans le sang
Dans l’estomac aussi
Du matin au soir.
Johnson, mon interprète, m'en vole des pincées 
quand elle est laissée sans surveillance
dans les cours des maisons
au soleil
mutant
doucement
en coprah...
Et dans les cocoteraies ici
sont plantés
aussi
des drapeaux
rouges
avec une faucille
et un marteau
Coco et moi
on ne se quitte pas
Photographie © Anne Bonneau

lundi 17 décembre 2012

Noël sous les hévéas


Ici aussi
il y a comme
un parfum de fête.
Rien d’entêtant
rien d’écœurant
rien de trop.
Juste
un air de fête
qui se balance
dans les courants
que déplacent
les pèlerins
en route vers le temple
de Sabarimala.
C’est
La saison
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 7 décembre 2012

On the road again...

Reprendre la route
qui ne ressemblera en rien à celle-ci...
Quoique...
De l'horizon flou
des regards qui accrochent
des heures de voiture
et d'autres
heures
à écouter.
Y aura-t-il du vent fou
comme dans le Kutch?
Du froid mordant les doigts
comme au Yunnan?
De la poussière rouge
comme au Chettinad?
Follow me! comme on dit ici...
A bientôt...
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 6 décembre 2012

Une autre route du thé


"La route sur laquelle nous étions était une ligne droite, infinie. 
De chaque côté, le paysage était brun et aride, à part les buissons chétifs appelés Gando Bavadio. Négligée et indésirable, cette végétation robuste prolifère comme une folle, d’où ce mot « Gando », stupide.
Nous sommes arrivés à Bhirandiyara. 
Notre voiture s’est traînée jusqu’à l’échoppe de thé au bord de la route. 
Les gens ici semblaient différents, habillés différemment, avec des chemises et des tuniques de même couleur que leurs foulards. 
Nous nous rapprochions de plus en plus, pas seulement du désert de sel, mais aussi de la frontière entre l’Inde et le Pakistan. 
La dernière fois que nous étions passés à cet endroit, il y a peut-être un an de cela, je me souviens avoir bu mon thé dans une tasse en terre crue. 
Maintenant, je me trouve en train de tenir une tasse en plastique très délicate, qui menace de se gondoler et de s’affaisser sous le frémissement et la pression de mes doigts…" Ajit Patel, photographe
A regarder, ici
A écouter, là : Instantanés du monde dans le Kutch
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 5 décembre 2012

Perdu!

J'avais souri
en lisant le carnet de voyage d'Ajit Patel
ce photographe amoureux du désert du Kutch
j'avais souri
quand il racontait comment il s'était bêtement perdu
dans le désert
avec un guide, et tout
parce que des chemins comme celui-là
il y en a des tas
même si Imranbhai nous assurait
qu'il prenait toujours le chemin de gauche
comme ça on ne pourrait pas se perdre
Comme ça?
Comme ça, on était bel et bien perdus
sans doute pas loin de l'endroit
où s'était perdu Ajit
Brouillé des cartes
eh
à la frontière ou presque avec le Pakistan
Bêtement perdus
C'est ce qu'il aime, ce photographe atypique
des endroits où se perdre
vraiment
écoutez-le, dans Instantanés du monde dans le Kutch
Photographie © Anne Bonneau

mardi 4 décembre 2012

Titre et vertu

"Aujourd'hui, avec ce qui se passe dans le monde, certaines communautés sont cataloguées"
dit le photographe Ajit Patel
dans Instantanés du monde dans le Kutch
Ce n'est pas nouveau
En Inde
on naît
avec le prénom que l'on vous murmure à l'oreille
dans une communauté qui vous colle aux basques.
dans le Kutch
c'est différent.
La notion de communauté ne semble pas aussi lourde
qu'ailleurs
car nécessaire.
Dans le Kutch
cette région reculée
où chaque communauté
joue son rôle
précis
précieux
pour le reste
des communautés.
c'est différent
c'était, différent?
à suivre...
Photographie © Anne Bonneau

lundi 3 décembre 2012

Désert, pas disert

Ajit, c'est plutôt le genre désert
pas disert.
Il est photographe
et il prétend qu'il a mal à la gorge
pour éviter les interviews
Ajit, il est génial
Ses photos du Kutch
que vous pouvez voir ici
sont aussi désertes qu'habitées
et elles disent beaucoup, elles...
Ajit Patel n'est pas du genre à mitrailler comme un " Happy Japanese" dit-il
Il prend le temps
qui est toujours trop court
pour lui
dans le désert
Ajit parle peu
Mais bien
écoutez-le, dans Instantanés du monde dans le Kutch

samedi 1 décembre 2012

Du rêve à l'horizon

Elle rêvait de voir le Pakistan 
alors on est allé
à la frontière
enfin
la frontière
elle est loin
aussi inaccessible
que le désert de sel
qui y mène
mais il est là, n'est ce pas?
le Pakistan
à quelques pas
dans ce marécage gigantesque
où la lumière se tait
contre le blanc de la terre
où l'on se perd
forcément
où le temps s'arrête
car enfin, qui dit qu'il passe, ici?
où ne file
que le vent.
Elle est restée longtemps
à goûter le sel
à laisser voler son dupatta
dans le vent
qui vient du Pakistan
Ecoutez-le, dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 30 novembre 2012

Torchis et ripolin

Il y a encore des bhungas de terre à Dhordo
des habitations mates
rondes
aux murs riches
de couleurs
de traces des mains
de débris de paille
aux ouvertures minuscules
barrées de quelques bois lavés et tordus
de la beauté
à chaque coin de rue
de l'harmonie
avec le désert alentour.
Il y a aussi
maintenant
des constructions-cubes de béton
et une mosquée
fraîchement ripolinée
Pas étonnant
dans ce pays de tornades, de tempêtes et de tremblements de terre
que l'on soit
au mieux
couverts
L'architecture traditionnelle des villages du Kutch, c'est dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 29 novembre 2012

Donne ta voix

Il y en a qui disent leur nom
il y en a qui disent bonjour
il y en a qui chantent des chansons
il y en a un qui crie " qu'est ce que je sais, moi?"
dans mon micro
Tous
ont ces voix
éraillées
du désert de l'Ouest
Ecoutez-les, dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 28 novembre 2012

L'industrie, un mirage?

Elle semble flotter
sur le désert de sel
cette usine chimique
c'est la seule chose
que l'on peut voir
sur cette plaine salée et marécageuse
un mirage?
pas pour les habitants de Dhordo
qui travaillent là-bas
et qui gagnent bien leur vie
"Qu'est-ce qu'ils faisaient, avant? du beurre avec du lait! Ils ont bien évolué..."
me dit Alam Mutwa.
Kiran Vaghela, architecte de la fondation Hunnarshala,  amoureux de sa région,
n'est pas forcément
du même avis...
évolution ou détérioration de la vie?
c'est selon
c'est dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

mardi 27 novembre 2012

Une tasse de thé pour s'apprivoiser

J'étais piquée à côté de la mosquée
attendant l'appel
Alam Mutwa m'a assuré
que c'était pour bientôt
et il est entré
pour la prière.
En sortant
il m'a vu encore là, avec mon micro, le nez au vent
est ressorti de chez lui
avec une tasse de thé
pour le vendeur de glaces
arrêté sur la place.
il m'a proposé du thé
et une conversation
Il était le premier
à m'adresser la parole
dans ce village.
Après
J'ai eu droit au sourire des femmes
et aux confidences
Ecoutez-les, dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

lundi 26 novembre 2012

Des ombres et du vent

Pas un chat dans ce village
Juste
quelques dromadaires
et une pincée
de cabris.
Des hommes?
des ombres.
Des femmes?
des esquisses.
Des enfants?
des météorites
qui disparaissent sitôt apparus
le visage fermé
sans un regard
quand au sourire
n'en parlons pas.
C'est plutôt rare
en ces contrées...
Il nous aura fallu du temps
pour parvenir à discuter
avec les villageois de Dhordo
Ecoutez-les, dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau

samedi 24 novembre 2012

"Bling Bling" versus "Normal"


Quand elle a vu
que j'avais un appareil photo
et que je n'étais pas là
juste pour la radio
Viraben
est partie se rhabiller.
Là, sur la photo
c'est sa tenue normale.
Oui oui.
Pour la photo
officielle
elle a ajouté
quelques colliers d'argent
-quelques kilos
supplémentaires-
et des bracelets
entre ceux du haut du poignet
et ceux du bas du biceps.
Partout ailleurs, c'était déjà complet.
Une tenue normale
pour une femme du désert.
Il y a des moments où
en jean
et tunique
on se sent vraiment nue...
Ecoutez les cliquetis de bracelets de Viraben, quand elle parle, dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 23 novembre 2012

Eh bien, chantez maintenant!

Ils adorent ça les enfants
me voir rappliquer avec mon micro
le nez au vent.
Ni une ni deux
ils se piquent devant.
Au mieux
ils se mettent à chanter
au pire
à me hurler des insultes
hyper fort
que ça m'éclate les tympans
sous le casque.
En vérité, en vérité
j'adore
leurs rires en gros plan
même si ça sature un peu
beaucoup
trop?
Ok.
Mais au cas où
les gamins ne chantent plus
j'ai trouvé une maison de disques
que je vous recommande
ça s'appelle
De Kulture Music
c'est
et c'est magique.
Imaginez leur moteur de recherche
imaginez que vous cherchiez
de la musique Jat
au Morchang
Pour la saison des récoltes.
Oui, bon, ben, vous imaginez.
Ils l'ont! Vous le trouvez!
Ok, vous pouvez aussi, juste, écouter leurs musiques magnifiques et rares, dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 22 novembre 2012

Couleurs de terre

Des ocres
des bruns
des sables
et au-dessus
du gris roulant en nuages bas
c'est tout.
Tout ce que le désert du Kutch
vous offre en couleurs.
Alors les hommes se vengent.
En fait, surtout les femmes
qui brodent du matin au soir
pour se couvrir de toutes les couleurs
que leur terre
ne leur donne pas.
Elles brodent tant
et tant
qu'elles en ont à revendre.
Que vous baguenaudiez dans un de leurs villages
et les fillettes vous alpaguent
envoyées par leur mère
pour vous inviter
à entrer
à regarder
et bien-sûr
à acheter.
Dehors, des ocres
des bruns

des sables.
Dedans
des cavernes d'Ali Baba
écoutez, Viraben en parle, dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 21 novembre 2012

Ton voile, ton identité

Elle me regarde avec des yeux ronds
Viraben
quand je lui demande
comment
on sait
si untel est Rabari
si unetelle est Ahir.
Ben
ça se voit!
Ah.
Mais oui, à son voile, par exemple!
Ah oui, bien sûr.
Et moi qui pensais encore que les couleurs
sont affaire de goût
de mode
d'humeur...
Naïve.
Et c'est important?
de porter le bon voile?
Le voile qui dit que vous êtes Meghwal, Sodha, Jat ou Mutwa?
Elle me crois folle, Viraben, de poser pareilles questions
Elle
elle dit avec fierté
qu'elle est Harijan
en remettant son voile correctement.
Harijan
le nom donné par Gandhi aux intouchables
Ecoutez Viraben, dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

mardi 20 novembre 2012

La fille de la maison

Les femmes se lèvent à cinq heures
pour traire les vaches
les filles de la maison
vont chercher de l'eau
avec des pots métalliques
qu'elles ont le chic
pour empiler
sur tête et hanche.
Après
elles enfilent les aiguilles
pour celles qui n'ont plus assez de vue
les brodeuses de la famille
et s'essaient aussi à l'ouvrage
dès qu'elles ont six sept ans
ce sont elles aussi
qui font la vaisselle
et veillent sur les jeunes enfants
"La vie n'est pas difficile ici. On est libre! ", avoue Viraben dans un éclat de rire
Ecoutez-là, dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

lundi 19 novembre 2012

Au spa

Au milieu du désert brûlant
ils ont trouvé un spa
un bain de boue
dans lequel ils se délectent
tandis que d'autres buffles
attendent
dehors.
Eh, c'est the place to be

loin de tout
sur la route qui mène à Ludiya
un village où l'on accède après la pré-frontière
un village de terre
que les buffles rejoignent
au crépuscule
croûtés
dans des camaïeux de gris
au fur et à mesure
de leur dessiccation
graduelle
au fil d'un vent
incessant...
Des couleurs de la terre,
et du vent
c'est un architecte qui vous en parle dans Instantanés du monde à Ludiya
Photographie © Anne Bonneau

samedi 17 novembre 2012

Elles sont jolies?

Elles sont jolies?
c'est la question que m'a posée
Olivier
le technicien qui a travaillé sur les Instantanés du monde à Dhaneti
Elles sont jolies, les brodeuses de Dhaneti?
j'ai réfléchi
et j'ai dit oui
oui, oui, moi je les ai trouvé vraiment jolies
je me souviens des cils de Meera
de leur démarche à toutes
du bruit de leur jupe quand elles passent en silence à côté de vous
des couleurs qu'elles assemblent sur leur vêtements
la jupe
le voile
le corsage
et je me souviens qu'elles étaient vraiment jolies
Non?
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 16 novembre 2012

Aiguilles and co

Elles piquent à petits points
dans la soie
et dans soit.
Broder, ça va.
Mais se tatouer
alors là
"ça fait mal! ça fait très mal"
A l'aiguille et au noir de fumée
sur les mains, les bras, le cou
"ça fait mal! ça fait très mal"
répète Megiben
tout comme lorsqu'on doit mettre ou enlever ce bracelet, qu'elle porte
en vérité en vérité
on ne le retire pas souvent
ce bracelet d'ivoire
On le met quand on se marie
on le retire quand son mari meurt
"ça fait mal! ça fait très mal"
et là, on ne sait plus vraiment de quoi elle parle, Megiben...
écoutez-la,  dans Instantanés du monde à Dhaneti
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 15 novembre 2012

La valeur d'une fille

Neeta aime bien aller à l'école
mais on refuse, dit sa mère, à gauche
en fait, elle ne peut pas
il FAUT qu'elle brode 6 heures par jour
pas pour gagner sa vie
non
juste
pour apprendre
parce que c'est la tradition
alors évidemment, comment voulez-vous
qu'elle aille à l'école
si elle DOIT
passer six heures ici!
C'est bizarre pourtant
il y a des traditions qui savent changer
aussi
Par exemple aujourd'hui
les filles n'ont plus du tout besoin de payer
pour être épousée
par payer, j'entends, apporter une dot
vu que des filles
il n'y en a plus guère
par ici
pas assez
en tout cas
les gars, doivent payer
cher
ça les fait rire, les filles
écoutez, dans  Instantanés du monde à Dhaneti
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 14 novembre 2012

Cascades de rires sur flots de soie

Sérieuse, elle?
vous plaisantez!
elle est la première
à vous alpaguer d'un sourire
en vous voyant passer dans la rue
depuis la cour fermée où elle brode
si elle perd son sourire
c'est juste
pour la photo
qu'elle réclame.
Après...
Après, quand il s'agit de causer
avec ses comparses
alors là
c'est rigolade et facéties
Elle, elle avait trouvé drôle
de choper le fil de mon micro
entre ses orteils!
et de ne plus le lâcher!
écoutez leurs rires contagieux, dans Instantanés du monde à Dhaneti
Photographie © Anne Bonneau

mardi 13 novembre 2012

Temps de cuisson

Elle n'avait sans doute pas que ça à faire, Lakhmi
répondre à mes questions
vu qu'elle attendait des invitées
il y avait à faire, en cuisine
mais enfin
entre l'oignon qui rissole
et les ordres donnés aux filles
on a bien pu prendre le temps
de discuter
un peu.
Et après
on est allé manger
notre gamelle
sur la véranda d'une maison
qui semblait close-je veux dire, fermée-
avec vue sur les tôles
barrant le désert
avec le vent
à 45°C
alors évidemment
elles nous on repérées
et conviées
à partager leur repas
à l'intérieur
on a refusé
trois fois
et accepté
et on s'est régalé
la matinée avait glissée dans les parfums de la cuisine minuscule ouvrant sur la pièce où l'on brode
aussi savoureux que leurs conversations
écoutez-les dans : Instantanés du monde à Dhaneti
Photographie © Anne Bonneau

lundi 12 novembre 2012

C'est nouveau

C'est nouveau, ce village
une dizaine de lignes de baraques
séparées de routes poudrées
c'est le nouveau village
reconstruit après le grand tremblement de terre de 2001
dans le Kutch.
C'est nouveau, aussi
ce que portent les donzelles
ce petit corsage dos-nu.
En fait, ce qui est nouveau
c'est la matière
lycra-polyester
autrefois on faisait les mêmes en coton
tout aussi nu
du dos
c'est nouveau
et c'est pareil
et pour une fois
aucune censure
n'a mis le holà
pas mal non?
en vérité en vérité
je doute que l'on puisse mettre quelque holà que ce soit
chez ces femmes-là...
Des femmes de tête, qui n'ont pas la langue dans leur poche
ça m'a plu...!
écoutez-les, dans : Instantanés du monde à Dhaneti
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 9 novembre 2012

à écouter, à voir


et à écouter, sur Instantanés du monde à Nirona

Le renard et le ricin

On a mille questions à poser à Abdulgafoor Khatri
tandis que les filles
à côté
travaillent à leur ouvrage de rogan.
Pour ne rien vous cacher
je n'en avais jamais entendu parler avant
du rogan
cette technique d'impression textile
à base d'huile de ricin
alors évidemment
j'avais 10 000 questions à lui poser
à l'expert.
Alors quand il a commencé à évoquer
le "fox style"
je me suis dit, mince
qu'est ce qu'un renard vient faire là-dedans?
et ma cervelle de mouliner
huile de ricin
huile de castor
huile de renard?
en jetant un  œil à Viral, l'interprète
aussi éberluée que moi
j'ai bien compris
qu'on y était pas.
évidemment
il ne s'agissait pas
d'un style de renard
mais d'un style traditionnel
du folk style
...
moi je dis rien, hein, parce qu'avec mon accent, je peux faire pire...
Ecoutez-le sien, dans : Instantanés du monde à Nirona
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 7 novembre 2012

ça se mange?

L'aligot .
J'ai tout de suite pensé à ça
à l'aligot
vous savez, cette purée de pomme de terre à la tomme fraîche
que l'on mange, dans le Cantal
ben voilà.
D'accord j'avais souvent un peu faim dans le Kutch
mais en regardant la technique du rogan
franchement
c'était comme l'aligot!
malaxer une purée de pomme de terre  une pâte molle
sur sa paume
pour la réchauffer
et attendre le moment
le bon moment
l'exact moment
où, elle file
on dit ça aussi
pour l'aligot
faut que ça file
et là, toc, c'est bon
quand elle a la juste consistance
on l'applique en volutes ou en arabesques
sur le tissu
fissa
sans baver
comme l'aligot, non?
ça ne fait pas un bruit, un comble, pour un Instantané!
Mais comme quand on mange- de l'aligot, par exemple- on cause, dans :
Instantanés du monde à Nirona
Photographie © Anne Bonneau

lundi 5 novembre 2012

Sans eau ni vent

Pour une fois
je n'ai embêté personne
enfin
pas trop
exaspéré.
Le seul endroit
ici
à Nirona
où les artisans
travaillent
sans ventilateur
par 45°C de moyenne
et pour une fois
ce n'est pas moi
qui arrive
avec le bec enfariné
en demandant
sur la pointe des pieds
si c'est possible
sans trop déranger
de l'éteindre
le ventilo
rapport à mon micro
qui n'aime pas du tout
mais alors pas du tout
les FRRRROU FRRROU FRRRROU
et autres hachis d'air.
Non, là, pas de ventilo
impossible
cela ferait sécher la pâte de rogan
que l'on applique en dessins sur les tissus.
J'adore cet endroit.
Nirona.
Les gens ont chaud
mais qu'est ce qu'ils sont sonorement agréables...
En savoir plus sur le rogan?
dans Instantanés du monde à Nirona
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 2 novembre 2012

Un thé à l'atelier

Cinq heures
on ne badine pas avec le thé
à Bhuj
hop, un gamin vous livre deux trois verres fumants
et quelques samousas
on pousse l'établi au milieu de l'atelier
on arrête les interview
on glisse l'argenterie sous le marbre
et on déguste
Alors.
On ne plaisante pas avec l'heure du thé.
Et Viral et moi
comme on a toujours faim
on ne dit jamais non
quand on nous propose
enfin si
on dit non trois fois
comme il se doit
et après on accepte
c'est comme ça qu'il faut faire
là-bas
Viral m'a appris
On n'en parle pas, de ça, dans Instantanés du monde  à Bhuj
On se concentre sur les bijoux
les nomades qui les portent
et l'art d'être orfèvre
là-bas
des histoires un peu plus captivantes quoi
Bah, c'est juste une pause
thé.
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 31 octobre 2012

D'argent et d'acier

Qu'est ce qui le fait rester là?
aux côtés de son père
dans cet atelier minuscule
à travailler treize heures par jour
dans l'acide et la flamme
l'argent et le zinc
le sens du devoir?
- on est orfèvre depuis des générations chez les Pomal...-
l'amour du travail?
- il faut le voir, souder minutieusement de minuscules bouclettes d'argent qui deviendront grelots-
La beauté des femmes essayant les bijoux?
- Mais ce n'est pas lui qui passe les lourds colliers aux cous des femmes-
Elles le font elles-mêmes
Non mais.
Mais on peut quand même les regarder, hein
C'est peut-être tout ça, qui tient Jay, ici, collé à son établi
Mais aussi
l'immense avantage d'un métier manuel
rien de tel pour des pec' d'acier
treize heure de marteau par jour
Body Building, mon cher!
Ecoutez-le, il avoue!
dans: Instantanés du monde à BHUJ
Photographie © Anne Bonneau

lundi 29 octobre 2012

Si j'avais un chalumeau

Un chalumeau
une pince
deux trois marteaux
et c'est marre.
Rien qu'avec ça
les orfèvres du Kutch
vous font des bijoux
rares
et précieux
des choses lourdes
que les nomades portent sur eux
leur seule fortune
avec les troupeaux qu'ils mènent
des choses pratiques
comme les cure-dents et cure-oreilles en argent
qui peuvent servir
aussi
en s'enlever une épine du pied
si si
ils vous le disent, ces orfèvres géniaux
dans : Instantanés du monde à BHUJ
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 26 octobre 2012

Bye bye Chettinad

Cela fait vingt ans
que j'ai entendu parler
pour la première fois
du Chettinad
vingt ans
exactement
et bien-sûr, je me suis dit
Il FAUT  que j'aille voir!
Alors vingt ans après
quand j'ai songé à nouveau
ou quand cela m'est remonté aux couches supérieures du cerveau
j'ai douté...
bon sang
vingt ans
tout doit avoir changé!
Ben non
pas vraiment
encore une fois
on dirait
que le monde m'a attendu
en tout cas qu'il est resté
comme je l'avais rêvé...
Que puis-je dire de plus?
Allez!
Celle-ci, c'est la dernière émission des "Instantanés" dans le Chettinad
Mais on a aussi causé d'architecture, de culture, de belles toiles, de belles terres, de dieux féroces, de prêtres sages, de l'eau du ciel, de musique et de vent..., bref, de la vie qu'on vit là-bas...
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 25 octobre 2012

Le plastique, c'est chic

Elles tressent, toute la journée
des lamelles de feuilles de palmier teintées
pour en faire des petits paniers
qu'on utilisait autrefois
pour stocker le riz
les grains
le tamarin
pour rapporter du temple
les offrandes
de fleurs
et de fruits
et puis aussi
pour aller au marché.
Aujourd'hui?
Terminé!
elles tressent
pour le marché local
des paniers
en plastique
c'est beaucoup plus chic
"et beaucoup plus solide" dit l'un d'elle
Alors quoi, ces paniers qui leur sortent des doigts, c'est pour qui?
pour l'étranger
"je ne sais pas ce qu'il en font, de ces paniers, à l'étranger!"
Ecoutez-les, dans Instantanés du monde à Athangudi
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 24 octobre 2012

Chou blanc


Je voulais les rencontrer 
ces artisans qui fabriquent
ces paniers si particuliers
carrés
fermés d'un couvercle
en feuilles de palmiers.
Facile
je vais au marché
je vois les vendeurs
qui sont aussi, les fabricants
et hop, Johnson prend leurs coordonnées
c'est à dire
le nom de leur village
ou du village le plus proche de leur hameau
et ensuite, une vague indication
pour arriver jusque chez eux
et surtout leur numéro de portable.
Et un jour
convenu avec eux
on y a va.
Et on trouve
à force de se perdre
Ah ben oui mais là
il y a une fête
religieuse
forcément
qu'ils avaient oubliée
forcément
et tout le monde est parti
donner un coup de main
dans le village voisin
ne reste ici
qu'une poignée de gamins
qui s'égayent et s'envolent comme des moineaux
à nous voir
nous
et nos têtes d'avoir fait chou blanc.
Au fait, on en a trouvé
plus tard
de ces vanniers
écoutez-les dans: Instantanés du monde à Athangudi
Photographie © Anne Bonneau

mardi 23 octobre 2012

L'art des apparences

L'atelier de sculpture regorge d'artisans.
Une affaire qui marche.
Posez la question au patron
et il vous répondra qu'ils font
des portes
des portes
et
des portes.
Comme leurs ancêtres faisaient celles des palais Chettiar
trrrrrrrrès ornementées
trop?
Affaire de goût.
Quoiqu'il en soit aujourd'hui
on ne construit plus guère de palais
mais on sculpte toujours des portes
pour les augustes demeures
les modestes chaumières
ou les sweet home de bric et de broc
Parce qu'attention, s'agirait pas de mégoter sur la porte
signe extérieur de richesse
Michel Adment parle plus joliment de " valeur symbolique", dans
Instantanés du monde à Athangudi
Photographie © Anne Bonneau

lundi 22 octobre 2012

Nés par hasard



Ce n'est pas grâce aux richesses du sol
Ni grâce au ciel
Ni grâce au climat
Ni même à la situation géographique
que l'on fabrique ici
depuis des générations
ces carreaux de ciment.
Non, c'est juste qu'un jour
un marchand Chettiar
a dû en voir
quelque part
dans ses pérégrinations
et a aimé cela.
En Europe?
En Inde, importés dans les malles des British de passage?
et a eu envie, d'en daller son palais d'Athangudi
c'est maintenant une tradition ici
ces carreaux de ciment
comme chez ma grand-mère
chez la vôtre aussi, il y en avait?
Ils sont presque pareils, dans le Tamil Nadu
presque
avec un secret de fabrication
révélé, dans : Instantanés du monde à Athangudi
Photographie © Anne Bonneau

samedi 20 octobre 2012

Qui frappe?

Il est très discret
cet artisan laconique
frappant doucement
les motifs de bois sculpté
empesé de pâte colorée
roulant tranquillement le chariot de bois
faisant des aller-retour ralenti
d'un bout à l'autre de la table.
C'est calme
il n'y a pas de vent
pas de mauvaises odeurs
comme on pourrait le penser
quand on parle de teinture
un métronome
cet artisan laconique
écoutez-le dans Instantanés du monde à Ajrakh Pur
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 19 octobre 2012

Racines de rhubarbe et pelure d'oignons

 ce sont les choses avec lesquelles les teinturiers du Kutch travaillent
et aussi le curcuma
et l'indigo
que l'on trouvait autrefois dans le désert
après les pluies
quand il y avait des pluies
et que l'on travaillait en pâte
dans les rivières
quand il y avait des rivières
Aujourd'hui de méga usines textiles moulinent
à une encablure de là
imprimant à tire-larigot
du polyester
que les villageois préfèrent
au coton teint
d'indigo
de curcuma
de pelure d'oignon
et de racine de rhubarbe
écoutez-les dans Instantanés du monde à Ajrakh Pur
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 18 octobre 2012

Le vent

Il est partout
il n'arrête pas
jamais
pas même le soir
ni au petit matin
il fait tout voler
des jupes aux nuages
et quand il s'enroule dans mon micro
Denis, le technicien qui a fabriqué cet "Instantané" avec moi
n'aime pas
mais pas du tout.
Non pas qu'il n'aime pas le vent
Mais pas le vent dans le micro
le vent dans les branches, il adore
moi aussi hein
mais y'avait pas de branches...
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 17 octobre 2012

Ton nom, ton métier

Khatri.
Il se présente comme ça
Son prénom, son nom, sa communauté
qui signifie aussi
son métier
dans ces villages insulaires
du désert du Kutch
autarcie obligée
et à chacun son rôle
son métier
la fierté de son nom
de son savoir-faire
être Khatri, ici
ça signifie
être un maître
être un roi
dans l'art de l'impression textile
dont tout le monde a besoin
ou avait besoin
avant que les îles ne trouvent des ponts vers l'ailleurs
vers l'industrie
Khatri
Combien de générations pourront encore prononcer ce mot
avec fierté?
Ismaël Khatri vous donne la réponse
Instantanés du monde à Ajrakh Pur
Photographie © Anne Bonneau

mardi 16 octobre 2012

Langage des blocs

Une fleur?
Une étoile?
Une mangue?
Une feuille de je-ne-sais-quoi?
Allons donc!
Ces blocs de bois sculptés
accessoires indispensables de l'impression textile
ont beaucoup plus de choses à dire
que cet inventaire
botanique
tronqué
si ce n'est
décapité par mon ignorance...
derrière ces charmantes volutes
se dessine
votre statut social.
Pas moins.
Si vous faites partie de telle communauté
Jat, Maldari, Rabari, que sais-je encore
vous ne porterez pas les mêmes fleurettes sur vos jupettes
que vos voisines
de la communauté Aahir, Mochi, Sodha, que sais-je encore
eh
et même plus
si vous êtes mariées, vous n'aurez pas droit
aux fleurettes des jeunes filles
et au motif ( lequel?) des veuves.
Feuille de truc
fleur de machin
volutes
spirale
étoile
Allons donc!
On vous les décortique, dans
Instantanés du monde à Ajrakh Pur
Photographie © Anne Bonneau

lundi 15 octobre 2012

De rives en lisières

Il vit dans un village du Kutch
à la frontière du Sind
qui fait partie maintenant du Pakistan.
Ses ancêtres sont arrivés là
depuis longtemps
il ne sait pas trop, au juste
mais estime que cela devait être après un de ces grands tremblements de terre
qui secouent, ici, tous les deux siècles
emportant les hommes
obligeant les monarques
à repeupler leurs royaumes
avec du sang neuf
et si possible
avec ce qu'il y a de mieux
comme sang
dans tous les domaines.
Les meilleurs des hommes s'établissent ici
et se coulent dans le paysage
Ismaël Khatri s'est donc glissé avec sa famille aux bords des rivières
jusqu'à ce que les rivières s'assèchent
plus possible alors de continuer à vivre de son art
la teinture des tissus
A moins que...
écoutez les solutions et les interrogations de ce maestro de la teinture et de l'impression dans
Instantanés du monde à Ajrakh Pur
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 12 octobre 2012

Crincrins et autres guimbardes

Je sais qu'il me soupçonne
de le faire exprès
quand je travaille avec lui
exprès de choisir des sujets
avec des sons pas très...
comment dirais-je?
pas très...
harmonieux?
Il n'en est rien
vous pensez bien
Mais c'est vrai que c'est pas de chance
pour Pierre
c'est toujours lui qui tombe sur les sujets
genre
école de musique dans l'Himalaya
oooooh les flûtes et harpes en cacophonie...
élèves apprentis en nadaswaram dans le Tamil Nadu
aïïïïe les grincements nasillards et autres canards
Eh, c'est pas un métier facile, hein
et encore
je fais un tri sélectif
pour éviter d’abîmer les oreilles sensibles
des techniciens qui travaillent sur Instantanés...
Pierre ne vous en a gardé que des échantillons nécessaires-et-suffisants
de ces volutes déchirantes...
écoutez, si si, vous pouvez, dans:
Instantanés du monde à Koviloor
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 11 octobre 2012

Recrute, désespérément

Des jobs à prendre
il y en a presque autant
que de divinités
en Inde.
dans les temples, tenez
comme ici
à Koviloor
on en cherche, des employés
et attention, hein,
pas du menu fretin
des artistes
qualifiés
des musiciens
pour ne rien vous cacher
qu'est-ce qu'on gagne?
Deux ou trois fois le salaire moyen
plus qu'un diplômé
mais que voulez-vous
ces métiers-là n'ont plus la côte
Plus de musique vivante dans les temples
des enregistrements
des sonos
de l'électrique
du synthétique
du mantra, made in polyester
écoutez, c'est Swami Meyyappan qui le dit, dans :
Instantanés du monde à Koviloor
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 10 octobre 2012

La mémoire à vau-l'eau

Il murmure
il cherche
ses lèvres bougent
pas ses yeux
les trois élèves patientent
devant lui
devant ce vieux professeur de tavil
aveugle
qui cherche
murmure
se remémore
les phrases musicales
les rythmes propres à son Dieu
les garçons attendent
sans broncher
que les Ta Da Da Di Da
franchissent ses lèvres
qu'il leur livre
la vraie rythmique
juste
ils s'en saisissent alors
la notant presto dans leur cahier
la répétant
en les entendant
la voix du vieux professeur devient plus assurée
il répète
ils répètent
il répète encore
asséchant ses lèvres
des rythmes oubliés
écoutez-le, dans :
Instantanés du monde à Koviloor
Photographie © Anne Bonneau

mardi 9 octobre 2012

Mélopées, mais loupées...


Monsieur Ganesha aime son nadaswaram.  
Faut dire 
qu'il est tombé dedans quand il était petit.
Est-il alors 
totalement objectif?
quand il parle de lui...
quand il dit, sans rire,
qu'il suffit d'entendre jouer cet instrument 
à la nuit tombée 
au loin 
pour être aussitôt envahi 
par la quiétude
voire, la béatitude.
Sans rire. 
Ça doit être culturel
l'appréhension des sons 
que l'on puisse savourer une sonorité pareille
mâtiné du chant des grillons 
m'interpelle...
peut-être si on le joue, au lointain, au très lointain...
écoutez-le, dans :
et donnez-moi votre sentiment sur la question, de ce son...!
Photographie © Anne Bonneau

lundi 8 octobre 2012

A la recherche de la fraîcheur perdue


Dehors, il doit faire près de 40°C 
est-ce pour cette raison qu'ils sont là?
assis sur les carreaux 
à écouter l'assistant de Monsieur Ganesha marteler
hacher
disséquer
asséner
les notes
les motifs musicaux 
la moindre ligne 
que joue le professeur sur son nadaswaram
tandis que l'élève doit répéter.
Tout en broyant l'air de son éventail de palme.
Est-ce pour cette raison qu'ils sont là?
La fraîcheur du sol 
au fond de l'ashram de Koviloor
à l'ombre
des heures 
loin du monde 
le cerveau grillé par les stridulations de l'instrument
pour cette raison, peut-être
et pour tant d'autres...
à découvrir, dans: 
Instantanés du monde à Koviloor
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 5 octobre 2012

Vive comme le vent

Naina est un feu follet
sans-doute une des plus jeunes
de ce groupe de huit femmes
couvreuses
habilleuses de toits
dans le Kutch.
Naina est vive
rapide
drôle
et futée
elle m'appelle, dès que Souman se met en cuisine : "sound! sound!"
ravie de me faire tout entendre
durant les interviews, quand tout le monde parle à la fois
elle donne des numéros
et demande aux filles de dire leur nom
avant de prendre la parole
et tout ça
avec ce sourire merveilleux
qui ne la quitte pas.
Au bout d'une journée
tout le monde l'appelle "l’assistante d'Anne"
alors, elle sourit
Ecoutez-là, dans :
Instantanés du monde à Pareshwar Mankua Vali
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 4 octobre 2012

Chapeau d'paille

C'est son métier à Maddhu Bahan
faire des chapeaux de paille
pour les maisons
une solution traditionnelle
dans une contrée où la terre tremble
où les vents s'amusent à s'enrouler en tornades
où la pluie boude
durant des mois
voire, des années...
Bref, le chapeau idéal
l'activité rêvée
pour ces femmes
actives
ces femmes
fortes
ces femmes
indépendantes
un métier simple
et efficace.
Et dangereux aussi
Naina parle de la peur de tomber
de la peur des incendies
de la peur des serpents
qui aiment la paille
Maddhu ajoute, la peur des hommes
qui boivent, le soir
qui vivent là aussi
loin du monde
se rapprochant des chantiers de ces femmes
actives
fortes
et néanmoins fragiles
écoutez-les, dans:
Instantanés du monde à Pareshwar Mankua Vali
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 3 octobre 2012

Eh bien, chantez maintenant!

ça commence comme ça
en décortiquant les dattes
il y en a une qui lance un air
que les autres reprennent illico
et ça se poursuit
crescendo
on enchaîne
une chanson
une autre
Babi Bahan et Maddhu Bahan sont les stars
les plus jeunes en redemandent
en dansant.
Oubliés les cals
les gerçures
les disputes
la fatigue
et quand les chants cessent
les rires crépitent en écho
car enfin,
entendre sa voix
pour la première fois
ne laisse jamais indifférent...
écoutez-les, dans
Instantanés du monde à Pareshwar Mankua Vali
Photographie © Anne Bonneau