lundi 30 septembre 2019

Comme vous dites


C'est dans une zone de Bombay
où l'on se rend
seulement
si le besoin
nous prend.
Pas le genre d'endroit
que l'on traverse
comme ça
en passant.
Un peu excentrée
un peu oubliée
les usines textiles désaffectées
là-bas
sont encore oubliées
pas encore reconverties
en centre commercial
ou en hôtel de luxe.
Des fougères s'accrochent en frémissant sur les murs
les rues sont vides
enfin, vides
comme à Bombay quoi.
On demande notre route
le nom de l'Institut
bien écrit
au creux de la main
on s'arrête mille fois
personne ne connait
quand soudain
quelqu'un percute
" Ah, vous voulez aller chez les enfants fous?!"
... comme vous dites...
Ouille
le regard qu'on porte
ici
sur le handicap
n'est pas
des plus tendres...
On y va
dans "Instantanés du monde à Sewri Road" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 27 septembre 2019

Attendez dehors


On connait du Gujarat
l'actuel premier ministre bien-sûr
et aussi
les émeutes raciales
qui ont mis
à feu
et
à sang
l'Etat Indien.
Des musulmans
au Gujarat
il y en a
qui souvent
vont voir ailleurs
un peu plus loin
histoire d'enrichir
des Etats
plus cordiaux
si si
y'en a.
Il y a aussi des universités religieuses réputées
dans lesquelles nous aurions bien aimé entrer
pour ce sujet
sur les musulmans du Gujarat.
Oh on a été très bien reçues
dans une pièce bien fermée
avec du thé
et des discours
aussi doux
qu'insipides.
Pas question
en revanche
d'aller causer 
avec l'étudiant.
ça
c'est pas permis.
Bon 
ben on attendra la sortie des cours...
Aïe
les gars sont internes.
On est allé voir ailleurs
écouter la vie
dans d'autres écoles religieuses
où l'on a bien voulu nous causer
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 25 septembre 2019

Paroles et musique


J'en suspecte certains
de ne faire que la musique
sans les paroles
dans cette petite medersa de village.
Se balancer en rythme
ça oui
ça roule
bouger les lèvres
approximativement
y'en a plein
qui y arrivent bien.
Bien-sûr il y a quelques fayots meneurs
qui psalmodient
haut et fort
avec tout en ordre
la musique
et les paroles.
Alors dès que je discute avec le maître
parlant le français de Madagascar
vu qu'il a vécu
aussi
là-bas
tout le monde s'en donne à coeur joie
de perdre les pédales du texte.
ça tombe bien
ça fait un fond sonore un peu plus flou
durant l'interview.
Ecoutez la vie dans les écoles coraniques de l'Inde
dans "Instantanés du monde à Kathor" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau


lundi 23 septembre 2019

Un avant-goût


C'est le muezzin qui me réveille
chaque matin
au village.
Suivi de près
par le chant
des perroquets.
Je descends
avant que la maisonnée ne me retienne
à grand renfort de thés brûlants
parfumés
et irrésistibles.
Je sors
pour enregistrer
ce calme d'entre la pénombre
et les premiers rayons.
Il est là
tous les jours
et m'offre tous les jours
ce qu'il vient vendre ici
des dhoklas bien frais
bien chauds
bien pimentés
bien gras.
Tout ce que j'aime.
Que n'aime pas trop mon micro
mmmh les doigts pleins d'huile et de graines de moutarde...
Mais bon
je ne peux pas refuser!
Chaque matin
un papier journal mouillé d'huile
et ce petit pain vapeur de farine de riz fermentée.
Délice.
Après ça
si si
je me mets au travail.
C'est juste pour vous donner un avant-goût
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 20 septembre 2019

Brûler les planches


C'est du théâtre
et même
ce que l'on fait
de plus ancien
comme théâtre.
C'est du Kutiyattam
et c'est pas parce qu'on le pratique
depuis lurette
que l'on prend des liberté
avec lui.
Non mais.
Pas question de monter sur scène
sans rendre hommage
d'abord
aux divinités tutélaires.
Allumer la lampe
ça
c'est le premier pas
après
viennent 
les pas des hommes
qui prennent parfois
des envolées divines
vous laissant 
pantois
collé au sol
bêtement
humain
tout poissé
d'émotions
Ecoutez comment ça se passe
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 18 septembre 2019

Pas de deux


Elle bouge sans arrêt
la grande Meghna
et entre ces deux maestros
icônes respectives
du Mohiniyattam
et du Kutiyattam
elle semble vouloir s'effacer
la belle Meghna
floutée
empêtrée
dans son salwar kameez
hyper trad
hyper incongru
pour cette fille de la ville.
La grande Meghna?
l'élève de Venu G.
Une apprentie actrice
qui rêve de sa troupe
et d'un savant mélange
entre théâtre occidental
et traditions du Kerala.
Un truc que son maître désapprouve
totalement.
Mais Meghna ne renonce pas
Cette fille à la même hargne
que son maître
qui lui
avait été 
le premier
initié
à cette forme d'art
qui ne se transmettait pas
à l'époque
à ceux
des communautés
étrangères...
Quand deux générations
deux mordus de théâtre 
se côtoient
ça donne
ça
Photographie©Anne Bonneau

lundi 16 septembre 2019

Faire de l'or du charbon


Il trouve tout de même
Gopal Venu
une mini étincelle
à mettre dans ses yeux
pour la photo.
Sinon
Sinon
j'ai trouvé
un homme
désabusé
las
cynique.
Un maître
sans élève
ou presque
plongé dans les recherches
dans les choses du passé
un metteur en scène
ayant tourné la page
des projets
des créations
des pièces magistrales.
Et pourtant
il a tant à dire
et tant à écrire
encore
et comme moi
vous en serez
persuadés... 
Photographie©Anne Bonneau