vendredi 30 septembre 2016

à la porte

Pour gagner quelques sous
les filles du foyer
font frire des beignets
et les vendent.
Soit elles se les vendent entre elles
soit elles vont à la porte
pas plus loin.
Des clients viennent jusqu'ici
pour leur acheter
elles
ne sortent pas
de peur
d'être
à nouveau
enlevées
ou moquées
par les gens de la ville
qui savent bien
d'où elles viennent.
Elles sont celles
qui ont osé
dire
NON.
A croire que ce mot
n'est pas non plus
en odeur de sainteté
en ces contrées!
Assez universel, non?
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Kaya"(cliquez ici pour les entendre)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 28 septembre 2016

Au boulot!

Quand les filles mariées de force
décident de se sauver
une des premières choses qu'on leur apprend
ici
au foyer Maria Goretti
c'est à être indépendante
financièrement j'entends
alors
au boulot!
Mais évidemment
c'est pas parce qu'on a le cran
de rompre avec le ban
qu'on l'a aussi
pour bosser comme une forcenée
pour assurer.
Y'a pas de secret ici
tu bosses
tu gagnes des sous
et donc
tu peux t'offrir
le même vernis que ta copine.
Ecoutez la vie (presque) normale
de ces ados, au Burkina Faso
dans "Instantanés du monde à Kaya" (cliquez ici pour les écouter)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 26 septembre 2016

Comme on peut

Elles sont une pincée
de sœurs
avec Sœur Adeline
pour veiller sur la flopée de donzelles
recueillies ici.
Elles les reçoivent en petits morceaux
et font comme elles peuvent
avec tout leur amour
et leur manque de savoir
ça c'est Sœur Adeline qui le dit
"On n'est pas psychologue!"
alors que faire
quand on manque de moyen
les accueillir au moins
et arrêter de dire
soit c'est parfait,
soit on ne fait rien.
Et puis bien-sûr
"On prie pour elles!"
Ecouter Sœur Adeline
du diocèse de Kaya
parler sans langue de bois
dans "Instantanés du monde à Kaya" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 23 septembre 2016

Sort commun

Elles sont une quarantaine de filles
au foyer Maria Goretti
beaucoup moins qu'autrefois
même si chaque mois
apporte son lot de rescapées
du mariage précoce.
Elles arrivent ici
bouleversifiées
et prennent leur tour
dans les tâches minuscules
de la vie
quotidienne.
Tourner le frichti
même si la fumée pique les yeux
ça va.
Et quand la fumée pique les yeux
on voit moins les larmes couler
alors
ça va.
Partagez le quotidien
des filles
recueillies ici
dans "Instantanés du monde à Kaya (cliquez ici pour les entendre rire et chanter, aussi)
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 22 septembre 2016

Fuir

Elle est arrivée à pieds
en marchant
en courant
toute la nuit
s'est cachée
pour fuir
sa famille
qui n'avait pas eu de meilleure idée
que de la donner
en mariage
à l'aube de ses quinze ans.
Ben oui
ici aussi
au Burkina
c'est interdit
mais bon
ça se fait.
ça le fait pas
pour Jacqueline, Sandrine, Pauline ou Delphine
oui
sitôt arrivées
elles changent leur nom
aussi
et reprennent leur souffle
dans ce foyer.
Écoutez-les parler
de leur épopée
au seuil de leur vie d'adulte
dans "Instantanés du monde à Kaya" (cliquez ici pour écouter l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 19 septembre 2016

Richesse du noyau

Ce tas de noyaux
dans le coin de la cour
n'allez pas croire
qu'il s'agit de rebuts
de trucs qui traînent
en attendant la poubelle.
C'est vrai qu'on ne les mange pas
les noyaux de karité
une fois que l'on s'est délecté du fruit
crémeux comme avocat
parfumé comme abricot
on les fait sécher ici
en attendant de les faire fumer
pour le beurre.
De karité.
Pour le beurre aussi.
L’argent
des femmes
il vient de là.
De ce tas de noyaux.
Il y a même une reine
qui veille dessus
si si
écoutez-la dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 16 septembre 2016

Foin de confusion

Quand le conseiller de Koumi nous dit
qu'on doit rencontrer le chef des terres
parce que tout de même
on ne peut pas "sillonner dans sa zone"
sans lui dire bonjour
ben non
bien-sûr
on opine
et on y va.
Mais après il faudra
rencontrer le chef du village
le chef forgeron
et la reine.
Et accessoirement
la femme du chef
qui n'est pas la reine.
Avec le temps
on cause
on boit
on rit
et on comprend
comment chacun est arrivé
à de telles responsabilités.
C'est passionnant
on reste longtemps
Accompagnez-nous vingt minutes au village
avec "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici et entrez saluer)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 14 septembre 2016

Over dressed?

Elle est toujours super chic Clémence
même au fin fond du village
à crapahuter pour grimper sur les toits en terrasses
avec l'unique moyen d'un tronc de rônier
vertical
creusé de marches sommaires
elle ne lâche
ni ses sandales
ni son sac à main.
Pourtant elle savait que c'était comme ça
même pas mon excuse habituelle
"mince, j'avais pas imaginé..."
quand je dois
faire du cheval
du bateau
courir derrière des défilés
entrer dans la mine
l'atelier de fonderie
ou
la rizière.
De quoi faire rigoler mes interlocuteurs.

ça les laissait plutôt admiratifs
les interlocuteurs de Clémence.
Elle arrive même à faire du shopping maquillage
au creux d'une ruelle du village!
Ecoutez la dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 12 septembre 2016

Un sacerdoce

Attention, billet pour les filles!
Qui n'a JAMAIS rêvé d'être une princesse?
Oui, quand on a au-dessous de 10 ans ça compte aussi.
C'est marrant on rêve plutôt d'être princesse que d'être reine, non?
Logique
à l'âge d'être reine on a compris
que c'était plus fun d'être chevalier
genre qui court partout
que d'être cloîtrée dans un château
genre
à peaufiner sa manucure.
Bref.
Tout ça pour vous dire
que cette belle dame ci-dessus en photo
est reine
elle.
Et en plus n'a jamais été princesse avant.
Eh oui, ça marche comme ça à Koumi.
Et ce n'est pas une partie de plaisir d'être désignée reine
aucun avantage
personne pour vous faire la manucure
et vos travaux à votre place.
Oui mais elle a le droit de causer des affaires courantes
avec le chef
et de donner ses conseils
sa voix
son poids.
Ecoutez sa lassitude pour le job
dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre la reine de Koumi)
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 9 septembre 2016

Afters

On entre comme des manants
que l'on est
en baissant la tête
pour passer la porte
en la gardant baissée
quand on regarde ne regarde pas
le chef du village.
Mais comme on est des manants comme il faut
on ne vient pas seul
saluer les chefs
mais
avec un tonneau
de dolo.
Et là tout de suite
enfin
après force lampées
de la boisson favorite
des Burkinabés
on peut
échanger nos calebasses
même
avec la reine
le chef forgeron
et
le chef coutumier
qu'on peut même regarder dans les yeux.
Ecoutez l'ambiance avant-après
dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre la vie à Koumi)
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 7 septembre 2016

Du pouvoir de la féminité

Il est le seul homme
dans le village
à porter une telle boucle d'oreille.
C'est ainsi qu'on le reconnait.
Il est
le
chef.
Il porte aussi une canne de femme
et un bracelet
et aussi
sous sa tunique
une ceinture de rein
qu'il ne montre pas.
Et quand on lui demande pourquoi
il porte ces attributs féminins
il botte en touche
met ça sur le compte qu'il est "né trouvé"
entendez
c'était comme ça depuis lurettes
puis rigole
avant de nous dire
eh oh hein
qu'il n'est pas une femme
oh eh hein.
Avant d'avouer
le pourquoi
le vrai
l'essence.
écoutez le chef de Koumi vous révéler ces secrets
dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 5 septembre 2016

La sagesse du haricot

Ceci est un mets de choix.
Un truc à base de farine de haricot
cuit dans une feuille
et assaisonné d'huuuuuuuuuuuuuuile et de piment.
Délicieux
un régal
vraiment.
C'est ce qu'on nous sert dans la belle-famille de Clémence
dans ce petit village du Burkina Faso.
C'est un mets rare
car
Clémence
est elle aussi
rare.
Rare pour un homme
d'aller épouser une étrangère
une telle union
ici
apporte
le respect
sur l'homme
autant
que sur sa chérie.
Ainsi l'étrangère
est choyée
respectée
admirée.
Ecoutez Clémence parler de son accueil
d'étrangère (Clémence est Burkinabé, mais d'une autre ethnie)
écoutez le regard
que l'on porte
sur les étrangers
ici
dans "Instantanés du monde à Koumi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau