jeudi 30 avril 2015

Parfums éphémères

Ils ne font que passer
passer les mains sur les girofles à sécher
passer un peu de temps
dans ce que l'on appelle ici "les camps".
Des camps de travailleurs
qui ne durent qu'une saison
à Pemba.
Ils viennent là
pour la cueillette
cueillent
tressent
et font sécher
et le parfum des girofles
annoncent de très loin
ces camps de fortune
au milieu des brousses
aux pieds d'arbres
plus ou moins sauvages
pas comme à Zanzibar la voisine
où tout est beaucoup plus... urbain!
Où les touristes visitent les "plantations"
qui  n'ont rien des camps de Pemba
où les guides savent traduire
girofle ou cardamome
en italien anglais français.
Ecoutez les travailleurs
des camps aux parfums éphémères
dans "Instantanés du monde à Bagamoyo" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 29 avril 2015

Eventé?


Plantations d’épices
deux termes qui s’accordent à merveille 
pour faire palpiter l’imagination 
de richesse et d’opulence.
Aujourd’hui, à Zanzibar, 
seuls les parfums savent encore être abondants et splendides. 
Monopole d’Etat
prix réglementés
c’est la réalité zanzibarite. 
Néanmoins
au Nord
l’île de Pemba la verte
est toujours nappée du lourd velours des girofles séchant au soleil. 
Sur l’île de Zanzibar
moins facile
de pouvoir s’enivrer
à l’œil
de ces moissons parfumées…
Sous plastique
les épices cueillies ici
-ou venues de plus loin?-
plus pratique
à emporter 
dans les bagages des visiteurs.
Les Zanzibarites
les vrais
se débrouillent
pour avoir
tout de même
un coin de jardin
où croît le gingembre
la citronnelle
ou le piment.
Ecoutez-les parler de la nécessité
de leurs épices
dans "Instantanés du monde à Bagamoyo" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 28 avril 2015

20 ans, le temps long

Khamis a une vingtaine d’années
et une vingtaine d’amis 
qui patientent sous un auvent de palme 
au milieu de la plantation de girofliers.
Des bois de girofliers qui ont fait les beaux jours
jadis
de cet empire qu’était  Zanzibar
l’île des Sultans… 
Détrôné, par l’Indonésie, loin devant
qui consomme le clou de girofle par boisseaux 
pour ses cigarettes parfumées… 
Alors ici les guides
pour l’heure
attendent le chaland
sans fumer – beaucoup trop onéreux.... 
Allongés sur les bancs de bois
sous leur auvent de palme. 
L’un en profite pour faire une petite lessive. 
Tuyau émergeant de la terre rouge et damée. 
L’autre tresse des paniers en feuilles de coco
menus présents qu’il offre aux touristes en visite
l’emplissant des milles parfums des épices fraîches. 
Ils sont là
Khamis et ses acolytes
un rasta branché qui parle couramment l’italien
quelques uns, plus timides, bavardant à voix basse en swahili. 
Tous
à l’ombre de ces girofliers 
qui tentent de nourrir leur quotidien.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Bagamoyo" (cliquez ici pour entrer dans la plantation)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 27 avril 2015

L'odeur de ma terre



J'adore l'odeur de ma terre
les odeur de ma terre
du soir
au matin
mais ici
à Bagamoyo 
ma terre est un parfum. 
L’odeur de Pemba
l’essence de cette île appartenant à l’archipel de Zanzibar
à l’Est des côtes Tanzaniennes
est un parfum puissant
vibrant dans un soleil souverain en ces contrées.
Montant en nappes liquoreuses 
des dizaines de nattes 
étalées sur le sol du village
au bord des routes
devant la moindre maison de torchis
tapis en camaïeux de bruns 
que les hommes balaient de la paume de la main. 
La quintessence de ce parfum poignant, 
elle est là
en bordure de village
au seuil de la forêt
se mélangeant à l'odeur de la poussière
ou des eucalyptus.
Ecoutez les hommes parler de leur terre
de son parfum
dans "Instantanés du monde à Bagamoyo" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 24 avril 2015

Exode rural

Ils ont quitté le village
au XIXème
au XXème siècle
et les enfants de ceux qui restent
poursuivent la route
entre le Gujarat
et l'Afrique du Sud
le Canada
la Grande-Bretagne.
Ils se sont exilés par faim
ou par appétit de l'ailleurs
de la vie
et d'autres sont restés ici
veiller
les terres
et les parents.
Oh bien-sûr, des maisons de villages tombent en ruine
d'autres sont rasées
et rebâties à neuf
mais il en reste
qui viennent abriter les familles de la diaspora
en quête de racines
le temps de quelques semaines d'hiver.
Ayoob les accueille bien volontiers
ces frères, cousins
qui peuvent s'étonner
de voir son 4X4 garé
à l'ombre d'une rue pavoisée pour la fête.
De là à revenir vivre au village...
Ayoob sourit...
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde sur les rives de la Tapi" (cliquez ici pour retourner au village)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 23 avril 2015

Leur dada

Que croyez vous que l'on fasse
dans les villages indiens
entre le travail au champs
et la prière?
On s'amuse!
- Oui on regarde aussi la télé...-
Mais
on joue
aussi
et on rit
et on s’enthousiasme
comme des enfants!
Avec des cerfs-volants
ou
des chevaux.
ça c'est une passion
les entraîner
au bord du fleuve
ou sur les routes
désertes
avant le crépuscule.
Les courses de chevaux
s'organisent
une fois l'an
avec les grandes foires
et le reste de l'année
on rit
on rit
on rit encore
de les voir galoper
dans la beauté du soir.
Ecoutez Ayoob en parler
dans "Instantanés du monde sur les rives de la Tapi" (cliquez ici pour vous glisser entres rires et sabots)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 22 avril 2015

0% coton

Sa chemise est pur coton
mais dans ses champs
rien
fini le coton.
Si les ancêtres d'Ayoob s'enrichissaient - ou pas assez-
des cultures du coton ou de l'arachide
fini ce temps-là
Ayoob a décidé
de porter le coton
et planter
la mangue
la banane
ou la sapotille.
Plus gourmands en eau certes
mais plus rémunérateurs.
Les ancêtres d'Ayoob
ne connaissaient pas le goutte à goutte
Ayoob oui.
Les bananes poussent
et lui
a de belles chemises.
Ecoutez la vie d'un paysan Indien
qui ne s'habille pas d'un longi
et n'a pas la corde au cou
ça existe
aussi
oui oui
dans "Instantanés du monde sur les rives de la Tapi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 20 avril 2015

Eaux profanes

Il n'a rien de sacré
ce fleuve-là
Ni Gange ni Narmada
ni même Sabarmati
juste
Tapi.
Un fleuve tranquille
- qui a bien des petites sautes d'humeur en période de mousson-
quelques débordements subits
mais enfin
ici
au village
au bord de la Tapi
on apprend à les aimer
ces sauts brutaux du lit.
Car la manne qu'ils cèdent alors
vaut son pesant d'or.
Des barges de limon
qui font les terres fertiles
sur les rives
et même un peu plus loin...
Ecoutez les paysans Indiens parler
de ces eaux profanes
qui sont sacrées
pour eux
dans "Instantanés du monde sur les rives de la Tapi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 15 avril 2015

Comme on fait son lit...

Il en a plein dans son champ
Jimmy
des lits.
Ces lits de fer à boules de cuivre
qu'ici on boude
plus à la mode.
On les abandonne sur le bord des chemins
Jimmy passe
et récupère.
Rien de tel
pour ne pas se flinguer les reins.
Pas besoin de se baisser!
C'est dans ces lits de fortune
que cet agriculteur des îles
fait des matelas de terre
où il plante ses brèdes
ses choux
ses giraumons.
Culture hors sol.
Oui mais bio
super bio même!
Sans engrais
- Jimmy vous apprend à reconnaître au son, AU SON OUI VRAI DE VRAI
une salade qui a poussé sans engrais-
et en plus
grandi dans du recyclé
qui dit plus
écologiquement correct?
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à La Passe " (cliquez ici pour entendre l'émission et le craquement de la salade élevée sans engrais!!!)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 13 avril 2015

Chick' too chic

Aaaaah les plages des Seychelles...
Désertes
eau pure cristalline
chaude
sable fin
what else?
Ben faudrait pas nous les gâcher
tout de même
avec des bêtes
des petites bêtes
bien embêtantes
pour le touriste
arrivé là
à grand frais.
Alors?
Foin de dingue-palu et autre chikungunya en ces contrées.
On traite.
Tout.
Toutes les bêtes.
Oui.
Les maraîchers rencontrés ici pleurent
leurs plans de tomates poussent
fleurissent
et c'est tout.
Pas de fruit.
Plus rien ne pollinise
normal
y'a plus rien.
Plus rien à manger non plus
sur ces terres de cocagne.
Pas chic.
L'histoire des abeilles qui disparaîtraient
et emmèneraient avec elles
le tiers de notre nourriture
c'est pas une fable
là-bas
c'est pour de vrai.
Ecoutez un agriculteur de la Digue parler de son quotidien stérile
avec un rire qui cache la misère
dans "Instantanés du monde à la Passe" (cliquez ici pour ne pas entendre d'abeilles bourdonner)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 3 avril 2015

C'est pas pour les gens fragiles

sculpter la pierre
c'est pas pour les gens fragiles
pas une raison
pour en faire
un attribut masculin.
Jocelyne a dit à sa fille
"Tu n'iras pas à Tahiti"
- entendez, passer un CAP ou un BEP-
"T'es douée en dessin, tu vas faire sculpture!
Et commence par apprendre la sculpture de ton pays!"
La petite a donc mis main à la pierre
durant des années
et se sont ensuivies des études
artistiques
à Tahiti
et en France.
Aujourd'hui elle est heureuse
la petite
mais qu'est ce qu'elle a pleuré
pour en arriver là.
Jocelyne est pensive
"Il faut essayer de freiner ce désir des jeunes pour Tahiti"...
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde à Houmi" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 2 avril 2015

Dans la peau

La culture de son pays
Fara
il l'a
dans la peau.
Et je ne parle pas seulement
du visible
des tatouages
qu'il complète
mois après mois
-ceux-là sont tous jeunes, encore en relief à faire les malins-
mais aussi
l'amour de la terre
de la pierre
et du bois
qu'il façonne
en pahu
tiki
et autres pilons.
Il n'y a que le ciel
qui ne l'inspire pas.
Pas question
de sculpter
en plein soleil.
Sous la tôle
il déplace
ses mastodontes de pierres
et là
le regard
sur la baie
il sculpte
à son rythme
celui de sa terre
et de ses marées...
Ecoutez Fara dans "Instantanés du monde, à Houmi" (cliquez ici pour entendre le sculpteur)
Photographie©Anne Bonneau