mercredi 31 janvier 2018

Dessus de lit

"Nous avons fondé la réserve naturelle Fort Victoria au Zimbabwe
au début des années 60. 
Mon père et mon grand-père s’occupaient ensemble de cette réserve 
et évidemment nous sommes nés à cet endroit 
et les animaux étaient dans le jardin.
Ma grand-mère n'aimait pas trop.
Mon premier souvenir 
c’est d’être dans mon berceau
avec deux petits lionceaux sur mes pieds 
qui les gardaient au chaud !"
Entrez dans la vie extraordinaire de Graeme
dans "Instantanés du monde à Yémen"
(Non, c'est pas très doux un gros lion
j'ai touché
c'est ma main en bas à droite)

lundi 29 janvier 2018

Quoiqu'il arrive, ne courez pas

"Ce que je vais vous dire peut vous paraître un peu effrayant. 
Cela ne l’est pas 
mais je dois vous le dire.
D’abord je vais vous donner à chacun un bâton.
C’est pour vous.
Ce bâton vous devez toujours le garder entre vous et le lion. 
D’accord ? 
Premièrement vous devez toujours regarder les lions dans les yeux. 
Je vais devoir vous demander de retirer vos lunettes de soleil. 
Parce que lorsque vous regardez le lion dans les yeux, 
il sait que vous le voyez 
et il ne peut pas vous surprendre. 
Bon, je suis vu
donc
je perds mon temps,
Il sait que je suis là, 
et il me fait face."
Prêt à suivre Jano?
C'est par ici:
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 25 janvier 2018

ça roule!

Il n'y a pas de hasard
celui qui le premier
a diffusé la bicyclette
sur l'île de la Digue
aux Seychelles
s'appelle
Michelin.
Lui qui a fait entrer les premiers gros vélos bien lourds
de solides mécaniques
mais sujets aux démangeaisons
dues aux embruns.
Lui qui a eu l'idée
de fixer
un-panier-qui-sert-à-tout
genre celui du vélib
mais plus costaud
et dans lequel
on peut se permettre toutes les fantaisies
naissant dans l'euphorie
boostée par l'afflux massif
d'air pur
dans les descentes en roue libre.
Atout majeur sur le vélib
celui-ci vous le laissez où vous voulez
pas besoin de cadenas
sous un pied de bois
au bord de la crique où vous vous jetez soudainement
(les effets de l'afflux d'air pur euphorisant sans doute...)
sans se mettre la rate au court bouillon.
Une île quoi.
Ecoutez les Diguois parler de leurs vélos
dans "instantanés du monde à La Passe" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

lundi 22 janvier 2018

à la vitesse du son

C'est ainsi que l'on navigue
sur la petite île de La Digue
à la vitesse du son.
Entendez
du temps qu'il faut
pour que le "Bonjour Madame"
et plus généreux
"Bon après-midi Madame"
ait le temps
de vous parvenir
jusque dans les oreilles.
Ajoutez à cela l'accent nonchalant
et vous comprendrez
que les déplacements
ne peuvent
alors
se faire
qu'à pied
char à bœuf
ou bicyclette.
Embarquez sur mon porte-bagage
-oui je vais souffler comme un bœuf
dans la montée menant à l'Anse source d'argent-
pour aller à la découverte
de ceux qui vivent ici
de la bicyclette
dans "Instantanés du monde à La Passe" (cliquez ici pour écoutez l'émission)
Photographie © Anne Bonneau

samedi 20 janvier 2018

L'Histoire effacée

L'Inde voudrait effacer les traces
les plus somptueuses
des édificateurs
de sa minorité religieuse?
Entendez, les empereurs musulmans.
Par exemple
le Taj Mahal
retiré des guides touristiques de l'Etat où il est édifié.
On peut craindre le pire alors
pour tous les moins connus
et néanmoins fondamentaux.
Telle la tombe d'Aurangzeb
le dernier des Moghols
qu'Instantanés du monde vous invite à visiter
dans "Instantanés du monde dans les Ghats occidentaux".
Allez y vite
on ne sait jamais...
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 19 janvier 2018

Les leçons de la pierre

Profondeurs obscures et bruissantes de chauves-souris dedans
falaise éblouissante dehors
Ellora. 
Un escalier a été façonné sur le flanc de la roche. 
Marche menue menant à des grottes minuscules
refuges d’ascètes
une plate forme à peine couverte
au bord du précipice. 
Un filet d’eau 
– cascade de mousson – 
égrène ses gouttes jusqu’à un petit bassin, en contrebas de la falaise. 
Le regard descend sur la pièce d’eau régulièrement troublée. 
Un arbre se réfléchit sur la surface. 
Le temps passe. 
Plus loin commencent les grottes-temples et monastères
Là, au flanc de collines s’égarent parfois quelques amoureux
quelques férus d’histoire
quelques maniaques des visites intégrales
qui veulent tout voir
là, commence le règne de la méditation contre la roche nue. 
Loin du parking des bus. 
On vous y emmène
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 18 janvier 2018

Ne rien faire

Où l'on s'épuisait autrefois en mondanités
on peut maintenant
mourir d'ennui
ou
ne rien faire
et s'en délecter.
Que sont devenues les stations d'altitude indiennes?
Des repaires à touristes
grignotant des trucs à la journée longue
si c'est accessible en voiture
ailleurs...
Ailleurs..
il y a encore
des nids de nonchalance
des incitateurs d'indolence
du temps suspendu.
Je vous y emmène!
ça vous étonne?
C'est dans "Instantanés du monde dans les Ghats occidentaux"
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 17 janvier 2018

D'autres altitudes

Oubliez les stations de ski
il s'agit bien ici
des stations d'altitude
chères aux Brit' en goguette en Inde.
Une nouvelle catégorie de visiteurs se presse aujourd’hui là haut.
Urbains lassés de la pollution des plaines
"amoureux" en voyage de noce
anciens nostalgiques qui se font promener dans les pousse pousse tirés par les villageois. 
Vaquant de point de vue en point de vue, au fil du jour
le point de vue de l’écho
le point de vue du porc-épic
à chaque étape
de petites boutiques proposent qui du jus de canne
qui des beignets
des fruits
des pistaches
et le fameux chikki, le nougat de Matheran.
Des singes attendent les aumônes
où se montrent menaçants. 
Entre ces haltes aux points stratégiques
les sentiers de Mathéran sont souvent déserts. 
Les longur – les singes noirs – s’y promènent en colonies. 
A la fin du jour
après l’inévitable étape au point de vue du coucher du soleil
les hommes du village rentrent sur les chevaux qu’ils ont loués aux visiteurs toute la journée
s’offrant un ultime galop
après quelques cinquante kilomètres de marche
en tenant la bride des cavaliers novices
au petit trot aux côtés de leurs montures…
Photographie © Anne Bonneau

mardi 16 janvier 2018

Rouge!

Rouge la terre
rouge la poussière
volant sous le sabot
teintant les robes blanches
poussant les feuillages en automne
coulant en torrents mous
en cataractes folles
rouge le feu
des feuilles brûlées
au seuil du jour
les lèvres des mâcheurs de paan
crachant allegro
sur une terre
qui s'en moque
rouges les braises
où crépitent les épis de maïs
poudrés de piment
rouge.
Besoin de vous réchauffer?
Venez à Matheran
dans "Instantanés du monde dans les Ghats occidentaux"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 15 janvier 2018

Revenir...

Revenir à Matheran.
Matheran
un nom qui peut signifier la forêt mère. 
Coiffant tout le plateau du village. 
Dans ces bois denses se cachent des bungalows de l’époque du Raj britannique.
Avant la «  découverte » de Matheran par Sir Mallet
les habitants de Matheran vivaient de la forêt. 
Las, les occidentaux eurent tôt fait de remarquer 
les indéniables avantages de ce lieu 
à l’abri du monde
sa situation était idéale
à une centaine de kilomètres seulement de Bombay
à 800 mètres d’altitude
un paradis en période de fortes chaleurs. 
Le couvert végétal
les points de vue  sur les plaines alentours
tout était réuni pour de fameuses saisons de ballade à cheval sur les sentiers rouges 
et de longs tea time sous les vérandas de monumentales maisons. 
Ajouter à cela une fraîcheur ravissant les rosiers des jardins
Matheran fut de longues années la station d’altitude en vogue.
Photographie © Anne Bonneau

dimanche 14 janvier 2018

En voiture!

Directions les Ghats Occidentaux
en train!
Quelques minutes d’arrêt
passagers et leurs monceaux de bagages se croisent
se casent
et s’invectivent 
porteurs en tête. 
A l’intérieur
quand chacun a trouvé sa place
on ne semble pas très intéressés par le paysage 
l’heure est au ravitaillement. 
Les employés de l’Indian Railway sillonnent les wagons pour prendre les commandes. 
Ils proposent des déjeuners chauds
deux menus, comme il se doit, un végétarien, l’autre non. 
Croquettes de légumes ou omelette. 
Puis passeront sans relâche des vendeurs d’eau
de thé
de café
de snacks
de chips en tous genres…
C’est la vie en voyage.
Entre les barreaux de fer sécurisant les ouvertures
à chaque arrêt 
passent des mains tendant quelques roupies contre des fruits
des verres de thé
des fritures et autres beignets pliés dans des feuilles de journaux.
Venez!
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 12 janvier 2018

C'est pas pour les gens fragiles

Sculpter la pierre
c'est pas pour les gens fragiles
pas une raison
pour en faire
un attribut masculin.
Jocelyne a dit à sa fille
"Tu n'iras pas à Tahiti
- entendez, passer un CAP ou un BEP-
"T'es douée en dessin, tu vas faire sculpture!
Et commence par apprendre la sculpture de ton pays!"
La petite a donc mis main à la pierre
durant des années
et se sont ensuivies des études 
artistiques
à Tahiti
et en France.
Aujourd'hui elle est heureuse
la petite
mais qu'est ce qu'elle a pleuré
pour en arriver là.
Jocelyne est pensive
"Il faut essayer de freiner ce désir des jeunes pour Tahiti"...
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde à Houmi" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 11 janvier 2018

Dans la peau

La culture de son pays
Fara
il l'a 
dans la peau.
Et je ne parle pas seulement
du visible
des tatouages
qu'il complète
mois après mois
-ceux-là sont tous jeunes, encore en relief à faire les malins-
mais aussi
l'amour de la terre
de la pierre
et du bois
qu'il façonne
en pahu
tiki
et autres pilons.
Il n'y a que le ciel
qui ne l'inspire pas.
Pas question
de sculpter
en plein soleil.
Sous la tôle
il déplace
ses mastodontes de pierres
et là
le regard
sur la baie
il sculpte
à son rythme
celui de sa terre
et de ses marées...
Ecoutez Fara dans "Instantanés du monde, à Houmi" (cliquez ici pour entendre le sculpteur)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 9 janvier 2018

Le caillou

Ce jour-là
on inaugurait
"le caillou"
comme l'appelle sans ostentation Fara.
Une sculpture
posée sur le front de mer de Taiohae.
Henri, que vous voyez-là
a pu en parler 
durant presque une marée
sur la symbolique
de l'âme marquisienne
de l'oeuf
et de l'oiseau.
Fara, l'auteur de cette oeuvre, m'a simplement dit
"Tu vois, ça c'est un tiki qui boit le kava"
et enchaîné sur les bénéfices du kava.
Et vous 
comment regarderez-vous "le caillou"
quand vous passerez
à Taiohae?!
Jocelyne 
elle 
porte dessus
un regard très particulier...
Ecoutez-la, dans "Instantanés du monde à Houmi" (cliquez ici pour les entendre, tous)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 8 janvier 2018

La baie et la bête

En allant voir Yvonne
je me suis arrêtée à Houmi.
Là.
Et en écoutant les vagues 
faire des chatouilles
aux pieds des badamiers
en entendant rire
deux enfants blonds de sel
échappés de l'unique voilier
je me suis dit
mince
la vie
peut 
vraiment
être 
douce.
Et là
les débroussailleuses ont commencé à pétarader derrière moi.
Et je me suis enfuie
chez Yvonne.
Qui m'a rappelé
l'anniversaire
du tsunami de 46
- c'est le 1er avril-
tsunami qui avait gentiment
tout emporté
les maisons
les maraes
l'église
sans distinction.
La pierre
et l'eau
surprenante alchimie
on en parle
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 5 janvier 2018

Pour le savon

Ce n'est pas par amour de la belle ouvrage
que les gars suent sur ces bateaux de bois.
Ce n'est pas qu'ils rêvent de voyage
eux
ils ne partent pas
restent là.
C'est souvent pour ça
pour pouvoir rester là
vivre là
dignement
au village
avec les proches.
Pour ça
pour ça
il faut bien des années
ou un père charpentier
avec qui 
tout petit
on a appris le métier.
Pour les autres
il faut s'y mettre
il faut apprendre
il faut s'y tenir
des journées de labeur
pas payé
enfin
si
juste
un peu d'argent
pour le savon.
Ecoutez la vie de ceux qui restent
à terre
entre le sable
et les troncs de palétuviers
dans "Instantanés du monde à Nungwi" (cliquez ici pour entendre leurs vies)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 4 janvier 2018

Pain quotidien

C'est souvent le parfum du café
qui vous alpague 
dans les ruelles de Zanzibar
et aussi
celle
des marchands de poissons
postés aux endroits stratégiques
sur le passage des cuisinières.
Le vendeur est là
ou pas
jamais très loin
au pire
au stand de café du coin
ou
de l'autre coin.
Le poisson ici
c'est le pain quotidien
des centaines de porteurs se pressent 
chaque matin
dans le sable gras du port
panier de bambou sur le porte bagage du vélo
et les mélopées des ventes aux enchères
prennent le relais
de la prière.
Alors la manne s'envole
très vite
dans les ruelles
au gré
de vos pas
vous les rencontrerez.
Ecoutez la vie
des porteurs du quotidien
dans "Instantanés du monde à Nungwi" (cliquez ici pour entendre leurs cris)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 3 janvier 2018

Question de corporation

Généralement je pose beaucoup de questions
et quand on a passé quelques temps/heures/jours
ensemble
il arrive
que les questions me soient retournées.
Bon.
Généralement on est à une pour dix
j'ai dix questions
on m'en pose une.
Ou deux.
Généralement
"Vous êtes mariée?"
"Combien avez-vous d'enfants?"
Bon.
J'arrête avec mes généralités
parce que là
sur ce chantier naval
du nord de l'île de Zanzibar
les charpentiers de marine
avaient mille questions.
Et pas du tout du genre perso
mais plus
sur notre façon de travailler
à nous
les gens du nord.
Du rôle des chefs
des syndicats
des apprentis
des horaires de travail
des assurances maladie
accident du travail
tout ça.
Oh, ça ne les empêchait pas de travailler
me faire réciter ma législation
non non
leurs mains on l'habitude
de manier la gouge ou la perceuse
cela fait des siècles qu'ils ont ça dans le sang.
En revanche
l'organisation du travail
ça leur semble plus important
que d'avoir du courant 
et des perceuses électriques.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Nungwi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 2 janvier 2018

Marée basse

Ce n'est pas si courant
dans la région
l'océan Indien
de se retrouver
soudain
face
à des plages atlantiques.
Pas pour la chaleur de l'eau
non non non
pas pour la douceur et l'éclat du sable
non non non non
mais vraiment
pour l'amour de l'horizon
qu'ont les eaux ici bas.
Des marées basses sur des kilomètres
qui permettent la culture des algues
pour les travailleuses
et aussi
les chasses au trésor
pour les visiteurs.
Écailles de tortues
plumes
et coques
bois flottés
et qui sait
éclats de porcelaines de Chine
de perles d'orient
et lambeaux de soie?
Il y a tout ça
sur les marées basses de Zanzibar
et les hommes que l'on croise
à l'ombre des boutres
connaissent des histoires
de navigation
à multiplier les rêves
par cent.
Ecoutez-les
dans "Instantanés du monde à Nungwi" (cliquez ici pour entendre l'émotion )
Photographie©Anne Bonneau

lundi 1 janvier 2018

Que le vent vienne

C'est l'histoire d'une île dans le vent
alors forcément
au fait 
des nouvelles
et des courants.
Courants maritimes
courants commerciaux
courants de pensée
un beau metlting pot en vérité.
C'est tout ça Zanzibar
une île minuscule et riche
qui a largué ses amarres un jour d'orage
et s'est rattachée au continent
finis les vents de mousson
qui apportent et reprennent
et font voyager entre ici et là-bas
trésors et abominations.
Enfin, 
il y a bien encore
des vents qui parviennent à faire avancer les boutres
entre des points
qui sont maintenant connus
courus
et ne réservent
plus guère de surprises.
Restent ces boutres
à bout de regard
qui inspirent encore le respect
avec leur silhouette de dessin d'enfant
bravant les éléments.
Ecoutez les amoureux de ces antiques navires de bois en parler
dans "Instantanés du monde à Nungwi" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau