vendredi 30 octobre 2020

Pas vu, pas prié

Impossible d'y aller

même pour les besoins

de la cause

de l'Instantané du monde...

Impossible

pour moi

de monter chez Ayapa.

Interdit aux femmes.

Ah.

Ou alors permis

si elles sont très jeunes.

Trop tard pour moi.

Ou très vieilles.

Génial

pour une fois

qu'il y a un truc

qu'on pourra faire plus tard…

Promis

pour fêter mes 90 ans

je me ferai une petite marche

dans les forêts

de Sabarimala.

Cap'!

En attendant

regarder les hommes passer

et les écouter

dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

 

jeudi 29 octobre 2020

Transports communs

Qu'importe le klaxon

pourvu qu'on ait la vitesse

c'est un peu le mantra

que l'on se récite

sur les routes

du Kerala.

Qu'importe la monture

pourvu que la route

vous mène

à Sabarimala.

Qu'importe la religion

pourvu que la divinité

vous accorde

tout

ce que vous désirez.

Alors là,

sur ce rickshaw en pèlerinage

on est paré :

Figure de Jésus 

et d'Ayapa

Y'a plus qu'à...

Qu'est ce qui fait courir hindous, chrétiens et musulmans chez Ayapa?

Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

 

mercredi 28 octobre 2020

Mixité, parité et autres calembredaines

C'est un passage obligé

pour les pèlerins hindous

cette mosquée.

Honorer le saint musulman

avant d'aller voir

la divinité.

Obligé.

Ils y vont

tous

apportent des offrandes

cassent des cocos sur le parvis

font le tour du tombeau

et ça se passe bien

du moment

que ce sont 

des hommes

et des hommes

seulement.

Pas question

pour les femmes

de s'immiscer

dans cette belle

harmonie

de religions

brassées...

Pourquoi?

Ecoutez leur réponse,

dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

 

mardi 27 octobre 2020

Marche à pied

52 kilomètres à pied

c'est le chemin

pour arriver

chez Ayapa

dans le temple

où cette divinité médite

tranquille.

Tranquille

sauf durant deux mois de l'année

où les dévots viennent le visiter

apporter sur leur tête

offrandes sucrées et parfumées

attirant dans leurs relents

les animaux sauvages

vivant 

là-haut

tranquilles.

Tranquilles

dix mois par an

Instantanés du monde a suivi les pas

de ces pèlerins-qui-n'ont-peur-de-rien

enfin

presque tous...

Ecoutez-les

dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

 

lundi 26 octobre 2020

Petit pèlerinage entre amis

Impossible de les rater. 

Ils sont nombreux

et colorés

ils sont 

quelques dizaines de millions

30?

50?

ça dépend des années.

Mais il y a cinquante ans

ils n'étaient qu'une pincée

à se rendre

à Sabarimala.

Des dévots

motorisés

venant

de l'Inde entière

"et même des étrangers"

vous disent-ils.

C'est maintenant

ou jamais.

Enfin si

l'année prochaine, quoi

Assistez à l'un des plus grands pèlerinages du monde

dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau


samedi 24 octobre 2020

Elles sont jolies?

Elles sont jolies?

C'est la question que m'a posée

Olivier

le technicien qui a travaillé sur les Instantanés du monde à Dhaneti

elles sont jolies, les brodeuses de Dhaneti?

J'ai réfléchi

et j'ai dit oui

oui, oui, moi je les ai trouvées vraiment jolies

je me souviens des cils de Meera

de leur démarche à toutes

du bruit de leur jupe quand elles passent en silence à côté de vous

des couleurs qu'elles assemblent sur leur vêtements

la jupe

le voile

le corsage

et je me souviens qu'elles étaient vraiment jolies

non?

Photographie © Anne Bonneau

 

vendredi 23 octobre 2020

Aiguilles and co

Elles piquent à petits points

dans la soie

et dans soit.

Broder, ça va. 

Mais se tatouer

alors là

"ça fait mal! ça fait très mal"

A l'aiguille et au noir de fumée

sur les mains, les bras, le cou

"ça fait mal! ça fait très mal"

répète Megiben

tout comme lorsqu'on doit mettre ou enlever ce bracelet, qu'elle porte

en vérité en vérité

on ne le retire pas souvent

ce bracelet d'ivoire.

On le met quand on se marie

on le retire quand son mari meurt

"ça fait mal! ça fait très mal"

et là, on ne sait plus vraiment de quoi elle parle, Megiben...

écoutez-la,  dans Instantanés du monde à Dhaneti

Photographie © Anne Bonneau

 

jeudi 22 octobre 2020

La valeur d'une fille


Neeta aime bien aller à l'école

mais on refuse, dit sa mère, à gauche

en fait, elle ne peut pas

il FAUT qu'elle brode 6 heures par jour

pas pour gagner sa vie

non

juste

pour apprendre

parce que c'est la tradition

alors évidemment, comment voulez-vous

qu'elle aille à l'école

si elle DOIT

passer six heures ici!

C'est bizarre pourtant

il y a des traditions qui savent changer

aussi

Par exemple aujourd'hui

les filles n'ont plus du tout besoin de payer

pour être épousée

par payer, j'entends, apporter une dot

vu que des filles

il n'y en a plus guère

par ici

pas assez

en tout cas

les gars, doivent payer

cher

ça les fait rire, les filles

écoutez, dans  Instantanés du monde à Dhaneti

Photographie © Anne Bonneau

mercredi 21 octobre 2020

Cascades de rires sur flots de soie

Sérieuse, elle?

Vous plaisantez!

Elle est la première

à vous alpaguer d'un sourire

en vous voyant passer dans la rue

depuis la cour fermée où elle brode

si elle perd son sourire

c'est juste

pour la photo

qu'elle réclame.

Après...

Après, quand il s'agit de causer

avec ses comparses

alors là

c'est rigolade et facéties.

Elle, elle avait trouvé drôle

de choper le fil de mon micro

entre ses orteils!

Et de ne plus le lâcher!

écoutez leurs rires contagieux, dans Instantanés du monde à Dhaneti

Photographie © Anne Bonneau
 

mardi 20 octobre 2020

Temps de cuisson

Elle n'avait sans doute pas que ça à faire, Lakhmi 

répondre à mes questions 

vu qu'elle attendait des invitées 

il y avait à faire, en cuisine 

mais enfin 

entre l'oignon qui rissole

et les ordres donnés aux filles 

on a bien pu prendre le temps 

de discuter 

un peu.

Et après

on est allé manger 

notre gamelle

sur la véranda d'une maison 

qui semblait close-je veux dire, fermée-

avec vue sur les tôles

barrant le désert

avec le vent

à 45°C

alors évidemment

elles nous on repérées

et conviées

à partager leur repas

à l'intérieur

on a refusé

trois fois

et accepté

et on s'est régalé

la matinée avait glissée dans les parfums de la cuisine minuscule ouvrant sur la pièce où l'on brode

aussi savoureux que leurs conversations

écoutez-les dans : Instantanés du monde à Dhaneti

Photographie © Anne Bonneau

 

lundi 19 octobre 2020

C'est nouveau

C'est nouveau, ce village 

une dizaine de lignes de baraques 

séparées de routes poudrées 

c'est le nouveau village 

reconstruit après le grand tremblement de terre de 2001

dans le Kutch.

C'est nouveau, aussi

ce que portent les donzelles 

ce petit corsage dos-nu. 

En fait, ce qui est nouveau 

c'est la matière

lycra-polyester 

autrefois on faisait les mêmes en coton

tout aussi nu 

du dos

c'est nouveau 

et c'est pareil 

et pour une fois 

aucune censure 

n'a mis le holà 

pas mal non?

En vérité en vérité

je doute que l'on puisse mettre quelque holà que ce soit

chez ces femmes-là...

Des femmes de tête, qui n'ont pas la langue dans leur poche

ça m'a plu...!

écoutez-les, dans : Instantanés du monde à Dhaneti

Photographie © Anne Bonneau

 

vendredi 16 octobre 2020

Poisse, guigne et autre scoumoune

Qu'est ce que vous dites, vous, quand vous voyez ces brassées de saris?

Olala!

Trop beau!

Magnifique!

J'adore!

Je les veux tous!

Autre chose?

Bon.

Ben faut pas!

Pas plus que lorsque vous demandez à la jeune vendeuse combien ses dernières clientes lui en ont acheté, et qu'elle répond, en baissant les yeux, une dizaine

vous ne vous écriez pas

olala!

Pas mal!

Belle vente!

Bravo!

Faut pas!!

Quand je réagis comme ça, Johnson, mon interprète, me fait les gros yeux

même des coups de coude, il me donne

ou de pied, s'il y a une table pour cacher

et des remarques genre "Maintenant, fais ta photo et tais-toi" qu'il me dit!

Pfff

Faut pas!!!

Non mais ça va pas la tête, pourquoi vous ne diriez pas, tant que vous y êtes, à une maman que son bébé est mignon, ou que sa cuisine est bonne, ou que son sari est joli???

Vous voulez attirer sur elle la poisse, la guigne ou autre scoumoune!!!

ça va, ça va, j'ai compris

Pffff

Olala, j'espère que je n'en n'ai pas trop dit, dans "Instantanés du monde, à Kanadukathan"!

Photographie © Anne Bonneau

 

jeudi 15 octobre 2020

Démêler les ficelles


 Elles étaient une dizaine 

tissant des saris de coton

regroupées sous l'égide d'une fondation

qui leur permet une meilleure rémunération de leur travail

voilà, ça, c'est la présentation officielle.

Mais

au coeur de notre rencontre improvisée

la réunion a tourné au vinaigre.

Aussi douces étaient les couleurs en camaïeux de leurs saris

aussi acides leur propos à l'encontre de leur employeur

en gros

il était question de comptes

filant à vau-l'eau

la responsable piquait du nez

je n'aurais pas dû être là

avec un interprète

à leur prendre leur temps

à les regarder laver leur linge sale...

Filons!

Avant qu'elles ne s'étripent!

Filons voir celles qui tissent

Dans "Instantanés du monde, à Kanadukathan"

Photographie © Anne Bonneau

mercredi 14 octobre 2020

Le fil des jours

C'est pas compliqué à trouver, ce quartier

suffit d'écouter

édétchic, édétchac, édétchic, édétchac

ça fait comme ça

pas très loin du marché de Karaikkudi.

Un quartier où les maisons ont des vérandas sur toute la largeur

qui descendent bas sur la rue

des vérandas toutes meublées, d'un métier à tisser

les fils de coton fragiles, tendus au travers de la porte d'entrée

et les femmes qui s'y installent, entre cuisine et lessive

un œil sur les enfants

l'autre sur la voisine

qui tisse aussi

des saris de coton

Garantes de cette tradition

édétchic, édétchac, édétchic, édétchac

écoutez, dans "Instantanés du monde à Kanadukathan"

Photographie © Anne Bonneau
 

mardi 13 octobre 2020

Des airs de Bhapu

Il n'y a pas beaucoup de bruits, dans cet atelier de tisserands de Kanadukathan

pas vraiment de la production intensive...

Le claquement des métiers

parfois, un corbeau, dehors

le ronronnement des bobines que l'on emplit de fils colorés

un coq, dans le jardin broussailleux 

les 8462 fils de chaîne que l'on compte un à un à la main s'affichent silencieusement sur les lèvres d'un artisan

bon, évidemment quand le portable sonne

et que ce tisserand aux faux airs de Baphu recolorisé décroche

en le sortant de la ceinture de son longui

on se dit qu'on est bien en Inde

et que c'est ça, qu'on aime, là-bas

ce catapultage des époques

le rouet, le portable, l'araire et l'éolienne

ça pourrait être le titre d'une fable, non?

"Instantanés du monde à Kanadukathan" à écouter ici!

Photographie © Anne Bonneau