D’abord, il n’était pas prévu que je reste.
Alors j’étais
venue comme ça
en parasite-minute
débarquant
– et néanmoins accueillie-
par
ceux qui passent leur vie
- ou du moins une bonne tranche de leur jeunesse –
loin du monde.
Et qui ont quitté leur terre
leur famille
leur quotidien
voire
leurs amoureux
peut-être par passion pour la faune ici unique
et
peut-être aussi
juste
pour être
un peu
loin du monde.
Pas de quoi se
réjouir de voir débarquer une personne de mon acabit.
Qui ne connaît rien de ce
milieu
– fort peu documenté, à ma décharge- .
Qui casse les terriers des
oiseaux
(oui, les oiseaux vivent dans des terriers là-bas…)
en un ou deux
faux-pas.
Et qui pose mille questions
sans doute idiotes
au moins naïves.
Alors évidemment
la moindre des choses
pour moi
c’est aussi
de donner un coup
de main
une fois mon travail terminé
(est-il parfois terminé, j’en doute…)
Bref.
Le bateau allait arriver pour me rapatrier sur la terre des hommes
des
bidons de déchets attendaient de traverser l’île jusqu’au promontoire de
débarquement
et les bras étaient rares.
Alors je me suis proposée.
Les bidons
étaient très lourds.
Les gars avaient autre chose que moi, dans les bras.
Ils
courraient vite.
En un instant, j’ai été distancée.
En fait, vous ne le croirez
pas, mais encore une fois, si si, c’est possible
perdue
dans une de ces
gorges magnifiques.
Et alors, vous faites quoi, là ?
Sortir un téléphone
portable
c’est possible
pour dire quoi ?
Je suis où, là ?
J’ai
crié
plus fort que les oiseaux
en
voyant passer quelqu’un au loin
un truc genre « Je suis sur le bon chemin, là ?».
Les gars ont rigolé
« on croyait qu’on t’avait perdue ! ».
venez vous perdre, dans "Instantanés du monde sur l'île ronde"
Photographie ©
Anne Bonneau